Cueillettes dans la jardin.
Petit bilan dans le jardin. Le mois de septembre a été particulièrement chaud et sur sa fin nous a offert un début d'été indien pour le plus grand plaisir de tous. Baignades, balades, randos et excursions improvisées ont rythmé les week-ends. Ce temps a été bénéfique aux fruits et légumes, les framboises ont été nombreuses, sucrées et leur poids a parfois fait plier les branches des framboisiers.
Notre maison de famille est ancienne (plus de 200 ans). Elle est faite de pisé, une technique propre au Dauphiné. Elle est entourée d'un vieux verger. Mon aïeul était passionné de greffes et nous a laissé beaucoup d'arbres fruitiers atypiques. Si certains ne sont plus, il en reste assez pour remplir nos paniers. Au printemps cerises et griottes font notre bonheur mais en cette période, ce sont les noix, les noisettes, les mûres, les poires et les pommes qui trônent sur notre table. Tartes, gâteaux, confitures... la liste est longue !
Néanmoins le temps ne nous trompe pas, plus ou du moins peu de fleurs dans le jardin. Les feuilles jaunissent et quelques grosses pluies, parfois accompagnées de grêle, ont détrempées le sol.
Quelques insectes se sont invités pendant les récoltes.
1 et 2: Le gomphe gentil (Gomphus pulchellus) est une grande libellule vert vif striée de noir. D'ordinaire on la rencontre à proximité des courts d'eau, des zones humides et des étangs mais celle-ci semblerait s'être perdue et même, l'avoir échappe et belle aux vues des restes de toile emmêlés dans ses pattes.
3 et 4: La lampyr ou ver luisant () est un insecte atypique. Le mâle ne brille pas et est muni d'ailles. La femelle quand à elle dégage avec son abdomen par procédé chimique une vive lumière pour attirer un partenaire. La larve est plus discrète (voir photos), elle est l'allier du jardinier en dévorant les escargots et les limaces qui ont le malheur de se trouver sur sa route.
La châtaigne est un des fruits emblématique de l'Isère qui a sauvé bien des dauphinois pendant les grands hivers. En farine, marinée, confite, séchée, grillée sur le feu ou cuite à l'eau, son usage est multiple. Comme le dit Pasquale Paoli en 1758, "Tant que nous aurons des châtaignes, nous aurons du pain".
Un pommier (Malus) c'est installé depuis quelques années dans le haut de la côte. C'est la première fois que nous avons l'occasion d'en récolter les pommes. Celles-ci sont acides et granuleuses en bouche mais parfaites en tartes ou en compotes, signe qu'il doit s'agire ici d'une espèce ancienne.
La grande limace rouge (Arion rufus) est une terrible gourmande. On la trouve surtout en forêt et dans les zones humides (comme c'est le cas dans notre vieux champs) et plus rarement dans les jardins car concurrencée par l'invasive limace espagnole (Arion vulgaris). Mangeuse de champignons, elle aime aussi pour notre plus grand désespoir les légumes du potager.
La noisette, fruit/amande du noisetier (Corylus avellana) et parfois appelée aveline. C'est l'un des aliments les plus riches en oméga-9 (bon contre le cholestérol), en vitamine E (lutte contre le vieillissement) qui contient également des fibres (on la prescrit dans ce cas contre le cancer du colon), en cuivre (soulage les rhumatismes et aide l'organisme à lutter contre les maladies infectieuses), en fer, en magnésium, en phosphore et en vitamine B. La France est le neuvième pays producteur de noisettes au monde.
On compte 27 espèces de boutons-d'or en France. Ici il s'agit ici du renoncule rampante (Ranunculus repens). Toxique fraîche et délaissée par le bétail, elle s'est implantée un peu partout dans le monde où elle s'est montrée relativement invasive. On peut le voir fleurir de juin à octobre dans les champs et les prairies.
On continue dans les récoltes automnales avec les poires (1 et 2), issues du poirier: Pyru et qui cette année ont échappé à l'appétit des vaches et à leur cou agile qui leur permet souvent d'attrapper les frutis sucrés des branches basses. La ronce des haies (3 et 4: Rubus fruticosus) donnent après la fécondation de ses fleurs des frutis sucrées prisés des oiseaux et des renards.
Le polypore à pied couleur de poix (Polyporus badius) n'est pas comestible. On le trouve de mai à juillet sur les arbres mort, souvent à proximité de l'eau. Ici on le rencontre tous les ans sur les vieux troncs des noyers morts et tombés au sol, à quelques pas du petit ruisseau qui se forme dans le champs quand les pluies se font fortes.
Dans le jardin, de nombreux champignons restent compliqués à identifier. Il faut garder à l'esprit que la récolte ne doit concerner que des champignons que l'on connaît bien et qui sont parfaitement identifiés. Il faut également les cueillir avant leur maturité pour que leur chair reste saine mais pas trop jeunes non plus car les plus petits spécimens peuvent être confondus avec d'autres espèces qui parfois peuvent être mortels..
Il ne faut pas gratter ou creuser le sol autour du champignon ramassé pour préserver le mycélium et se donner la possibilité, dans les années à venir, de faire une belle récolte au même endroit. On évitera de soulever la mousse et les feuilles mortes avec trop de précipitation et sans délicatesse. Autre précaution, celle d'éviter de mélanger dans le panier les espèces à chair ferme avec celles à chair délicate.
Dans le jardin 4 ou 5 caisses à vin agrémentes les plats-de-bandes où quelques rosiers fleurissent encore. Nougat, le matous de la maison profite des rayons du soleil. Les chats sont des animaux formidables qui dorment 14 à 18 heures par jours... de vrais lions. En bref, septembre fût un mois bien calme.