Sortie en forêt 50.
Les joies de la fin de l'automne. L'air se fait frais, la lumière est incroyable, les promeneurs se font rares et les jours deviennent beaucoup plus court, l'hiver arrive à grand pas. Les animaux prennent des forcesavant d'affronter le froid et la neige qui heureusement se font actuellement rares.
Il ne gèle pas encore mais les rosées sont importantes. Elles jouent un rôle important dans l'équilibre naturelle. Elle apparaît le matin, quand la nuit a été froide et que les rayons du soleil pointent le bout de leur nez; alors une fine pellicule d'eau se condense sur la végétation. La croyance populaire lui prête de nombreuses vertus.
Les lézards prennent encore un peu le soleil avant de se mettre en hibernation, ce qui ne tardera pas (souvent fin octobre). Ils ne réapparaîtrons qu'à la belle saison, c'est à dire en Avril quand le temps se fait meilleur.
On rencontre quelques belles fleurs, soit sur le déclin, soit en devenir. Hormis la dernière, qui est toxique, toutes sont connues pour leurs propriétés médicinales. Citons ainsi la primevère acaule (Primula vulgaris) 1, la vipèrine commune (Echium vulgare L.) 2, le géranium des prés (Geranium pratense) 3 ainsi que l'hellébore fétide (Helleborus foetidus) 4.
Les châtaignes sont de saison. Appelées marrons quand elles sont proposées dans la rue, elles peuvent être bouillies, grillées ou même glacées. En farine elles servent à préparer l'emblêmatique gâteau de châtaigne.
Il y a encore quelques champignons, parmi ceux-ci ont peut citer, au milieu de sympathique mais non comestibles hébélomes (?) le strophaire vert-de-gris (Stropharia aeruginosa). Assez courant il se trouve dans les pâturages, sous les feuillus et/ou sous les conifères.
Les feuilles de ce pommier sont presque toutes tombées et pourtant il semble vert. Son secret ? De nombreux pieds de guis (European mistletoe). Toxique à haute dose, il est connu depuis l'antiquité pour ses vertus purgatives et diurétiques. Il serait un formidable anti-cancéreux.
Autre plante que j'affectionne, le fusain d'Europe (Euonymus europaeus). Le charbon de ce bois a été longtemps utilisé pour réaliser de jolies esquisses. Hautement toxique, on employait ses baies et cosses en décoction pour teindre les cheveux en blond.
Une grosse russule, peut être vert-de-girs (Russula aeruginea) gît tristement au sol. Bien que toxique pour les humains, elle fait le bonheur des limaces, des larves de mouches et des sangliers.
La forêt est jeune et pour cause, d'important glissements de terrain survenus pendant les inondations de 2002 qui ont touchées la région ont emporté les plus gros arbres. Laissant place aux plus petits, ils sont précieux pour la biodiversités : mousses, champignons, insectes et rongeurs y trouvent refuge.
Les aulnes perdent leurs feuilles. Larges, elles changent la composition du sol ce qui convient à très peu de champignons comestibles. Exit donc les cèpes, chanterelles, girolles et trompettes, place aux pleurotes et aux pholiotes du peuplier.
Au milieu des russules (2) et des non identifiés (4) on peut croiser le dangereux cortinaire couleur de roucou (Cortinarius orellanus) 1 et 3. Assez rare, il pousse dans tout type de milieu, d'août à décembre. Mortel, la mort peut survenir entre 24 heures et trois semaines et il est parfois difficile de l'identifier comme cause du décès.
Dans ce coin ici, la forêt se compose de noisetiers, de frênes, d'aulnes et de châtaigniers. Ee est bien peu semblable à celles dans les quelles se trouvent mes coins à champignons.
L'hypholome en touffe (Hypholoma fasciculare) est l'un des champignons le plus courant d'Europe. Il se nourrit sur le bois mort et produit de vastes colonies. Toxique, il partage ses toxines avec l'amanite phalloïde.
Les éboulis et glissements de terrain créent de larges ouvertures dans la forêt. On peut aisément observer et photographier la cime des arbres mais attention, un pas de trop et c'estla chute dans le cour d'eau glacé 50 mètres plus bas.
Larussule dorée (Russula aurata) est un excellente russule que l'on peut facilement confondre avec la russule hémétique qui cause de sévéres troubles de l'appareil digestif. Mieuxvaut la laisser aux expérts.
Il est bien triste mon panier qui, avec son lit de fougère, attend une récolte qui ne viendra pas. Nous ne sommes hélas pas en Corrèze où la poussé des cèpes est extraordinaire !
Il faut se consoler avec la beauté du torrent de montagne qui n'est accessible qu'apèrs une petit demie heure de marche. Les eaux froides et turbulentes ont, au fils des années, transformé cette forêt de feuillus à tendance mixte en une sorte de forêt luxuriante où fougères et autres mousses évoquent les tropiques.
Le grand tilleul dispense toujours sa large ombre qui n'est plus nécessaire. Bientôt, il sera aussi nu qu'un ver et le lichen coloré de son ecroce donnera un contraste saisissant avec la neige immaculée.
La succise des prés (Succisa pratensis) est sur la fin de sa floraison. Il fait un superbe sujet de photographie. Appartenant à la famille de la campanule, on la nome aussi mors du Diable. On peut la croiser jusqu'à 2400 m d'altittude.
Elle est l'hôte de la chenilledu Damier de la succise, un très beau papillon qui temps à disparaître et qui fait l'objet de statu de protection (l'espèce est classée comme vulnérable). La destruction de son habitat serait en cause.
Ce milieu est idéal pour rencontrer des chevreuils ce qui arrive fort souvent. Des bois denses et ombragés pour évoluer en toute discrétion, des pâturages à l'herbe grasse, la présence de sources nombreuses, des taillis épais pour mettre bas et dormir... que demander de plus ? Voilà de quoi faire une belel sortie même si le fond de l'air devient de plus en plus frais.