N'est-il pas beau, ce sommet enneigé du mont Ventoux ? Été comme hiver il est d'une blancheur immaculée. Quand les rayons du soleil se feront abondants et chauds, la neige laissera rapidement place à de la caillasse tout aussi blanche. On y trouve une flore rare et de nombreuses espèces uniques en France.
Le Cynips de la galle ronde du chêne (Andricus kollari).
Ce cynips est un tout petit insecte de la famille des Cynipidae. Il est un lointains cousin des guêpes, des fourmis et des abeilles. Les femelles pondent leurs oeufs sur les rameaux du chêne pédonculé (Quercus robur). L'arbre va produire pour se protéger des tissus qui vont entourer le corps étranger et vont former une "noix de galle". Les larves vont s'en nourrir jusqu'à s'en extirper en perforant la paroi. Ces galles ne sont pas dangereuses pour l'arbre.
La campanule fausse raiponce (Campanula rapunculoides).
Cette grande campanule est très présente dans toute la partie Est de la France. On la rencontre dans les friches, les champs, les jardins, les forêts, les bords de route etc. Elle a été pendant un temps utilisée comme légume dans les potagers car ses tubercules et ses jeunes feuilles cuites à l'eau sont comestibles sans pour autant être très bons. C'est désormais dans les jardins qu'elle est cultivée pour sa beauté et ses dimensions.
Le pavot cornu (Glaucium flavum).
Ses feuilles sont très reconnaissables mais c'est surtout grâce aux longues cosses de ses fruits que l'on peut avec certitude le reconnaître. Ici sur la commune de Sault elle pousse un peu près à la hauteur maximale qu'on lui connaît : 800m. Elle est très présente dans le midi et le long des côtes françaises. Sa floraison se fait normalement entre février et juillet mais cette année elle est en avance comme pour de nombreuses plantes.
La famille des trèfles (Trifolium).
Les trèfles appartiennent aux fabacées. Ils vivent en symbiose avec des bactéries qui fixent l'azote au niveau de leurs racines. On rencontre de nombreuses espèces de trèfles comme le trèfle des prés (Trifolium pratense) présent sur les deux premières photographies ou le trèfle blanc/rampant (Trifolium repens) visible en dessous. Ils sont cultivés pour redynamiser les sols et comme fourrages pour de nombreuses espèces animales.
La scabieuse à trois étamines (Scabiosa triandra).
En voilà une autre à la floraison détraquée. D'ordinaire cette scabieuse fleurie de juillet à octobre. Celle-ci début décembre était encore bien ouverte. On la rencontre surtout dans le Sud-Est de la France dans les zones très ensoleillées et plutôt exposées à des températures chaudes, même sur un court laps de temps.
Le silène enflé (Silene vulgaris).
Il porte ce nom en raison des calices des fleurs bombés et nervurés. Les enfants les utilisent comme claques doigts en fermant l'extrémité ouverte d'une main et en écrassant de l'autre le ballon ainsi formé. Les jeunes pousses sont parfois récoltées pour être cuisinées crues ou cuites à l'eau pour leur goût de petit pois.
La centaurée jacée (Centaurea jacea).
Elle porte aussi le drôle nom de "tête de moineau". On la rencontre un peu partout en France dans les champs, les près et dans les milieux plus ou moins frais. Elle s'étant du Sud de l'Europe au Nord de la Sibérie. Elle est récoltée pour les structures pharmaceutiques pour les propriétés médicinales qu'on lui prête.
Le Gaillet gratteron (Galium aparine).
Pour le reconnaître il faut se fier à ses tiges carrées, aux petits fleurs blanches à quatre pétales, aux graines qui s'accrochent aux poils et aux feuilles se terminant par un léger crochet. On l'utilisait enfant comme "balle adhésive" en formant avec les tiges une boule qui s'accroche aux vêtements et aux cheveux. Les pousses sont parfois consommées en salade ou en soupe et parfois, comme traitement pour la peau en médecine populaire.
L'absinthe (Artemisia absinthium).
Nommée aussi armoise ou herbe sainte, elle est intimement liée à l'histoire des hommes. C'est une plante médicinale utilisée autrefois pour les maux d'estomac, les règles, les fatigues etc. Elle est surtout connue pour son utilisation dans la célèbre absinthe, alcool du même nom qui en France était très apprécié à l'époque des romantiques. Dans l'emploie médicamenteux comme dans l'alcool, elle s'avère toxique et dangereuse. Certains auteurs comme Charles Baudelaire s'en enivrait et la nommait "la fée verte", lui prêtant les traits d'une muse.
Les églantiers sauvages (Rosa sp).
On confond trop souvent l'églantier (Rosa canina) avec les autres espèces de rosiers qui pousse de manière naturelle en France. Bien qu'il soit très courant, il se différencie des autres espèces par la forme de ses feuilles, la couleur des pétales ou la taile des fruits. Néanmoins la distinction est rarement simple à faire.
Le pin à crochet (Pinus uncinata).
Très abondant au mont Ventoux, il résiste très bien au froid, à la neige mais aussi aux vents violents et aux fortes chaleurs. Pour certains botanistes il est une espèce à part entière mais pour d'autre il s'agît d'une sous-espèce du pin de montagne (Pinus mugo), ce qui entraîne parfois de vifs débats. On l'emploi pour reboiser les zones déforestées ou pour les industries gourmandes en bois, en particulier dans la construction de charpentes.
L'étude des lichens : la lichénologie.
Les lichens sont l'heureux mariage entre un champignon et une micro algue (pour simplifier les choses). La naissance d'un individu viable et fécond se nomme une lichénisation. La lichénologie se penche sur les phénomènes liés à l'apparition des lichens, des espèces découvertes et à découvrir, à leur symbiose, de la manière dont elles s'adaptent à travers le monde et à l'identification des champignons et algues les composants.
Pelouses sèches de la vallée du Ventoux.
C'est un milieu bien particulier où l'on rencontre des espèces rares. On parle de pelouse sèche quand on fait face à une zone composée d'herbes rases composées de graminées et de petites herbacées. Ce type de végétation se rencontre de manière ponctuelle au Ventoux en raison des forts vents dépassants parfois les 250km/h, du sol qui est très drainant, pauvre en substrat et en éléments, des pluies faibles et aux fortes variations de chaleurs.
Les fruits de montagnes.
En montange on rencontre de nombreusesbaies qui peuvent aussi bien nourrir les oiseaux que les hommes. Les fruits d'aubépine (Crataegus sp.) étaient employés dans la confection de farine. Les pines de pin à crochet (Pinus uncinata) peuvent se consommer comme des pignons et les baies du genivrier commun (Juniperus communis) fait le plaisir des amateurs de choucroute. Par contre les frutis du lierre (Hedera helix) nous son toxiques.
Le village de Sault.
C'est une commune du Vaucluse qui culmine à 765 m d'altitude. Elle est entouré du haut de son piton rocheux de champs de lavande et de pâtures à moutons qui composent une partie de la vallée du Ventoux. Le climat y est rude : l'été y est sec et chaud, il n'est pas rare de voir des abondantes chutes de neiges l'hiver et le vent qui y souffle décorne un boeuf sans mal. Malgré cela, Sault reste un très beau village où il fait bon s'y promener.
Cycle d'une plante annuelle.
Comme leur nom l'indique, il s'agît de plantes qui ne vivent pas plus d'une année. Parmi celles-ci on trouve par exemple le basilic, la bourrache, la marjolaine, le datura ou encore le pourprier. De leur germination à leur mort, pas plus d'un an ne s'est écoulé. Pour favoriser la survie de l'espèce, elles ont une floraison rapide, prolongée et importante pour augmenter leur reproductivité et une production de graines souvent très abondante.
L'oothèque de la mante religieuse (Mantis religiosa).
C'est dans l'oothèque que la femelle de la mante religieuse dépose sa ponte, soit entre 200 et 300 oeufs. Elle la produit grâce à ses valves génitales qui donnent une soie résistante durcissant à l'air libre. C'est par la bande blanche que les petites mantes sortent à l'arrivée des beaux jours, c'est à dire vers le mois de mai.
Le sous-bois des chêneraies.
Le Ventoux est une terre de vins mais surtout de truffes noires (Tuber melanosporum). De ce fait on croise de nombreuses chênaies plus ou moins anciennes dont certaines abritent le précieux champignon. Sur le sol de celles-ci on trouve une variété de plantes importantes et atypiques car le chêne est un arbre qui laisse filtrer facilement la lumière. Ainsi des plantes peu commnes d'ordinaire dans les bois s'y épanouissent plutôt bien.
Le mot de la fin.
Un très bon séjour en perspective où la gastronomie a été à la fête. En effet, au Ventoux il y a de quoi boire et manger bien et bon .... mais les mollets ne sont pas restés inactifs pour autant ! Il a fallu d'autant plus affronter de terribles rafales de vent pour admirer le paysage. Heureusement qu'au centre du village se trouve une boutique de nougat pour motiver et redonner un peu de courage aux marcheurs au nez rougit par ce vilain temps.