Après la fête médiévale de Saint Geoire en Valdaine, voici celle de Crémieu (weekend du 13 et 14 septembre 2014). L'occasion est toute trouvée pour parler un peu de cette cité médiévale mais aussi des pratiques et du mode de vie qui étaient de rigueurs au Moyen Âge.
Pour découvrir les vidéos et photos de l'événement, n'hésitez pas à faire un tour chez Grimwen qui avec l'éternelle Poppy furent mes compagnes de route par cette belle journée. Merci à vous les filles !
Crémieu est un village médiévale Isèrois qui se situe au nord du département. Il fût longtemps un carrefour commercial important mais aussi un centre militaire de par sa proximité avec la Savoie. Il est surplombé par un prieuré bénédictin fortifié qui domine depuis les falaises de Saint-Hippolyte. Suite au déclin économique au XVIIIé siècle, de nombreux ordres s'y installent: les Capucins, les Pénitents Blanc, les Visitandines et les Ursulines.
On attribue souvent au lys la paternité du blason des rois de France mais en réalité ce dernier serait inspiré des fleurs des iris des marais (Iris pseudacorus). A l'origine et dans l'Antiquité, Iris est la messagère des Dieux qui, en récompense de ses services, est transformée en arc-en-ciel.
Du Moyen Âge jusqu'à notre époque contemporaine, les épices sont utilisées de bien des manières. Aussi précieuses que l'or autrefois, elles étaient employées en cuisine mais aussi en médecine. Ce sont d'abords le poivre, la cannelle, le gingembre, le galanga et le clou de girofle qui sont importés puis le cubèbe (baie proche du poivre), la noix de muscade et la graine de Paradis. Le sucre est également considéré comme épice. Connu a la fin du 12e siècle, il est utilisé dans la pharmacopée.
A l'époque médiévale les femmes devaient se couvrir la tête (une chevelure libérée étant signe de disponibilité sexuelle et donc de prostitution) mais, le chapeau reste un vêtement d'homme. En fonction des époques, les dames portent donc un long voile qui couvre le cou, les oreilles et une partie des cheveux mais aussi la crépine, le couvre-chef, la guimpe, la coiffe, le gorget, la barbette et/ou le chapel. Exception, pendant le Haut-Moyen Âge les jeunes femmes non mariées n'avaient pas l'obligation d'aller et venir tête couverte.
Le folklore médiéval regorge de créatures et de personnages fantastiques qui sont intimement liés à la religion. Les plus populaires sont des succubes et les incubes, des démons qui se mêlent au genre humain pour donner naissance à des monstres. On peut également citer les ogres et les géants hérités des légendes antiques, les licornes, les monstres marins, les lions monstrueux (qui se sont éteints dans le Sud de la France 200 av J.C.), les hommes chiens ou encore les loups-garous.
La bourse ne doit pas être confondue avec l'aumônière. La première est un petit sac de cuir attaché à la taille qui contient l'argent personnel. Elle est portée par les badauds. La seconde sert à recueillir l'argent des quêtes mais peut aussi être portée sous les vêtements ou offerte comme gage d'amour. Elle est fabriquée dans des tissus luxueux et est souvent brodée de fils soie. Elle est l'apanache des nobles.
Si la médecine médiévale est très archaïque, la chirurgie l'est bien plus encore. Contrairement à l'Orient où elle est des plus élaborées, en Europe elle est proche du charlatanisme du fait de la méconnaissance du corps humain (l'Église interdit en 1163 l'autopsie des corps). Alors que la médecine est pratiquée par le clergé, c'est l'ordre des barbiers en France qui s'occupe de la chirurgie qui bien souvent consiste à effectuer des amputations.
L'enfance à l'époque médiévale n'est pas du tout perçu comme elle l'est aujourd'hui. C'est à trois ans, selon les textes, que l'enfant commence à cheminer vers l'âge adulte, quand il débute l'apprentissage de la parole. A 5 ans, il est dans l'âge de pré-raison et à 7 entre dans celui de raison: il doit être éduqué à devenir adulte, se rendre à la messe et apprendre les prières majeures. A 12 ans les jeunes filles deviennent des femmes et à 15 ans, ce sont les garçons qui sont considérés comme des hommes.
Au Moyen Âge les ménageries sont déjà présentes à la cour des rois. Les animaux proviennent des terres connues (exit donc l'Australie et les Amériques par exemple). Charlemagne en était friand et possédait trois ménageries: une à Aix-la-Chapelle, une à Nimègue et une à Ingelheim où étaient conservés des éléphants, des lions, des ours, des singes, des faucons et des oiseaux exotiques comme les perroquets.
Le métier de forgeron est l'un des plus vieux au monde, il coïncide avec la découverte du métal soit il y a un peu plus de 7000 ans. C'est au Moyen Âge qu'apparaît le travail sur enclume par le marteau. Les pièces en étain, en argent ou en acier sont fondues puis coulées dans un moule avant d'être travaillées puis refroidies dans l'eau pour prendre leur forme définitive.
L'époque médiévale (qui couvrent environs une période longue de 800 ans) n'est pas un âge aussi sombre qu'on le prétend et la musique y a toute sa place. On peut dire d'elle qu'elle "se caractérise par l'apparition de formes vocales et instrumentales dont la polyphonie, la musique de cour, la messe, le chant courtois".C'est l'avénement des chants grégoriens tels que nous les connaissons.
Les rongeurs et en particulier les rats ont une symbolique très forte dans notre culture, en particulier au Moyen Âge où il est associé comme le serpent, la chauve-souris et la crapaud au domaine du maléfique mais aussi à la maladie, étant le principale véhiculeur de la peste. De nombreuses superstitions sont liées à cet aniaml. Ainsi un rat qui ronge un meuble dans la chambre à coucher annoncerait la mort d'un proche.
Jusqu'à la fin du Moyen Âge la fourrure joue un rôle économique très important. Ce sont les pelletiers (appelés aujourd'hui fourreurs) qui ont pour métier de préparer les fourrures. Réservée aux nobles, celles de renard, d'hermine, de castor, d'écureuil du Nord et d'hermine étaient les plus prisées pour doubler les vêtements et border les plus belles étoffes. Le petit peuple lui se vêtissait avec des toissons d'agneaux, de chévreaux ou de chats.
La broderie a aussi toute sa place. Originaire d'Egypte, elle se diffuse dans le bassin méditerranéen et dans le Moyen Orient. Les motifs d'abords inspirés de ceux de la cour de Byzance, représentent tout d'abords des animaux réels ou fantastiques, des végétaux puis des scènes de guerres inspirés des croisades en Terre Sainte.
La découverte du Nouveau Monde correspond à la fin du Moyen Âge et au début de l'époque contemporaine. C'est le temps de conquêtes, des grandes explorations et de développement de la cartographie. Les navires reviennent chargés de fourrures, d'or et de pierres précieuses, d'épices et de plantes exotiques (dont les tomates, les pois, les poivrons, les piments et les pommes de terre), d'animaux exotiques mais aussi d'esclaves.
Le métier d'herboriste est reconnu en France sous ce terme pour la première fois en 1312. Les herbiers qui officient dans les herboristeries se retrouvent en concurrence avec les apothicaires qui tiennent les pharmacies et les médecins. Très présente dans les campagnes, elle s'inspire de la théorie des signatures: un mal se soigne par une plante qui a des attraits proches ou opposés à la maladie.
Bien que les sources soient faibles, il est attesté que les cracheurs de feu ont existé au Moyen Âge. Peu représentés, on les retrouve dans les cours des chateaux pour divertir les châtelains mais aussi dans les fêtes de villages, dans les mariages et dans les célébrations populaires.
Au tout début du Moyen Âge (que l'on nomme Haut M-A), les vêtements des femmes sont semblables à ceux des hommes. Il faudra attendre l'arrivée du mouvement gothique pour voir les étoffes se parer de lacets, de boutons et de broderies et les corsets et jupons faire leur apparition.
Les cloches, les grelots et les clochettes avaient d'important rôles en ces temps là. Ils servaient au campanier à annonçer les mariages, les bâptème et les funérailles. Les lépreux en agitaient sur leur passage pour avertir les passants de leur arrivée pour qu'ils puissent les fuire et éviter les risques de transmission.
Le datura officinale (Datura stramonium) appelé aussi trompette des anges.C'est une plante très toxique qui était employé autrefois dans les cours européennes par les femmes pour dilater leurs pupilles ce qui était signe de beauté. C'est aussi une plante qui était utilisée par les sorcières et les guérisseuses.
Les guerres pendant le Moyen Âge sont nombreuses. Les plus connues sont les Croisades en Terre Sainte. C'est à cette époque qu'apparaissent les guerriers soldats, les Croisés. Reconnaissables à la croix rouge qui horne leurs habbits, la croix de Malte, ils livrent bataille au Sarrasins. On parle aussi de Croisées: ce sont les femmes de guerriers et de seigneurs qui accompagnent leurs époux dans les Croisades.
Bref, voilà un peu d'histoire pour mettre en lumière cette belle journée. Sur le site il est possible de festoyer (pour environs 25 euros): cette année de beaux jarrets de boeufs à la broche tournaient au dessus du foyer. Les joutes de chevaliers et le vol des rapaces ont pu ravir les grands comme les petits (pour 10 euros). Parmi les nombreux stands, des troupes d'oies, des créatures fantastiques, des jongleurs, des musiciens et même des prêtres démoniaques déambulent. Il ne reste qu'à attendre l'an prochain.
Un grand salut à tous les acteurs des festivités: les bénévoles, les lépreux de l'association Les Copains d'Abord, la compagnie des Gueule de loups, les flûtistes de la Menestrandie, le chorale A Lieta Vita. Merci aux chevaliers, aux danseurs et autres chanteurs.