L'églantier:
noms: églantier, cébreur, églantine, rose des haies, rosier sauvage, rosier des chiens car autrefois la racine de la plante était utilisée pour traiter la rage, rosa canina en latin (canina pour « chien » et rosa pour « flexible » sans que l'on sache à quoi cela réfère). On le nomme aussi gratte-cul car les graines sont utilisées comme poils à gratter.
classification: famille des rosacées, sous classe des dicotylédones, genre rosa, super-ordre des rosidés, il est à l'origine de nos rosiers cultivés.
habitat: dans les buissons et les haies, les bois, les bords de chemins, les jachères, les prairies de montagnes, les talus, les zones rocheuses. On le trouve dans la plupart des milieux (sauf froid ou chaleurs extrêmes) en Europe, en Afrique du nord, en Amerique et en Asie. Il pousse jusqu'à 1600 m d'altitude et est commun à tout les départements de la France métropolitaine.
description: ses grandes fleurs à 5 pétales roses, rouges ou blanches sont très fragiles et odorantes. Il fleurit une fois par an d'avril à juillet. Elles mesurent 2 à 8 cm. Elles possèdes comme toutes les roses un réceptacle creux qui se transformera en fruit rouge et charnu. Il contient de nombreuses carpelles (graines) jaunes avec une bourre à poils raides. Les tiges de l'arbrisseau sont plus ou moins couvertes d'aiguillons. Les feuilles sont alternes, composées de 5 à 7 limbes ovales, dentées et pointues. Il peut atteindre plusieurs mètres de haut selon la variété. Il existe plus de 500 espèces d'églantiers dans le monde, dont 20 en France et qui ne sont identifiables, la plupart du temps, qu'avec l'aide d'un microscope ou d'une bonne paire d'yeux. Il est résistant aux maladies et peut vivre une trentaine d'années.
culture: pour faire pousser un rosier sauvage dans son jardin, il faut partir chercher l'hiver des poussent de l'arbuste qui se trouvent prés des pieds âgés. Ils faut les déraciner avec le plus de racines possibles, et on les replante le plus vite possible, dans les trous d'une haie, sur une pelouse, au pied d'un mur, toujours bien exposées. En générale il aime tous les types de sols et tous les climats. C'est avant tout un porte greffe de tout nos rosiers cultivés. Il s'hybride difficilement mais serait à l'origine de la rose alba Linné cultivée pendant l'Antiquité et de la rose d'York.
pratiques: en Charente, la galle du rosier sauvage étaient utilisée jusque dans les années 70 pour se débarrasser des verrues, cette excroissance de la plante représentants les excroissances cutanées. On introduisait dans une fente faite sur une branche d'églantier une mèche de cheveux coupée à l'Ascension. Au fur et à mesure que la branche dépéri, les verrues disparaissent. Dans le langage des fleurs, l'églantier est symbole d'amour et de poésie.
propriétés médicinales et utilisation: tous les églantiers ont les mêmes propriétés, le plus commun d'entre eux étant le rosier des chiens. On utilise en particulier les cynorrhodons (kynorrhodon en grec, devenu cynorrhodon en français, ce qui désigne les baies rouges du rosier), que l'on cueille après les premières gelées car ce n'est qu'à ce moment que les fruits deviennent sucrés, les semences, les pétales frais et le bédégar (ou bédéguar, nom d'origine arabe), une touffe étrange qui est en réalité une galle dû à un hyménoptère, c'est à dire une petite guêpe solitaire (diplolepis rosae), qui pond son œuf dans la plante. Ce dernier fait dégénérer la plante qui produit de manière excessive du tissu végétale. Quand la larve éclot, elle n'a plus qu'à se nourrir de la plante qui a formé un cocon protecteur autour d'elle. Une fois adulte, elle perce un petit trou à travers et s'envole à la recherche d'une ou d'une partenaire.
Les cynorrhodons, très populaires en Europe de l'Est, sont reconnus comme diurétiques, riches en vitamines A, B1, B2, et en vitamines C: de 0,5 à 1,7g pour 100g de fruits secs, ce qui les rends antiscorbutiques, antiseptiques et antigrippaux. Toniques et astringents, ils s'emploient contre la diarrhée et pour faciliter la digestion. Pour cela on infuse 60g de fruits pilés dans un litre d'eau bouillante pendant une demie heure puis on filtre ou, on prépare un sirop en faisant cuire à feu doux pendant une demie heure les baies juste couvertes d'eau. Récupérer le liquide, ajouter à poids égale le sucre et laisser de nouveau mijoter jusqu'à obtenir une consistance sirupeuse. Ce sirop à bon goût et se conserve longtemps.
Les fruits séchés sont utilisés pour une décoction diurétique et rafraîchissante, efficace contre les maladies fébriles et qui donnée aux personnes âgées active l'élimination et renforce les défenses naturelles. Pour cela il faut 30 à 50g de fruits concassés pour un litre d'eau, faire bouillir 5 min à petit feu, infuser 15 mn, filtrer le tout et consommer sans modération.
La chaleur détruit la vitamine C en grande partie. Pour cette raison, les préparations antiscorbutiques sont faites à froid. On utilisera de préférence des fruits frais ou des conserves des fruits, fendus en deux et dont on a retiré les pépins avec une cuillère, que l'on broie avec leur poids en sucre. Pour la grippe et d'autres maladies infectieuses, les convalescences, cette mixture augmente la résistance de l'organisme (100 à 200g par jour).
Les pétales des fleurs en bouton, broyés avec 3 fois leur poids en sucre et avec un peu de sirop pour obtenir une substance légèrement pâteuse, donne une préparation faiblement laxative, très prisée en Europe méditerranéenne. Il faut prendre 50 à 60g et longtemps après les repas.
Les semences (que l'on met de côté quand on fabrique des conserves), sont sédatives et recommandées pour la nervosité, l'anxiété et les palpitations. On les infuse à hauteur de 1 à3% dans de l'eau. Rajouter de la pulpe donne un goût acidulée à l'infusion.
Le bédégar a certains des bénéfices du fruit. Redécouvert par la phytothérapie, d'anciens médecins en font son apologie comme Sernnet, Ragus ou Simon Pauli et cela, depuis le XVIe siècle. C'est un bon somnifère. Une fois séché, puis pulvérisé et enfin infusé pendant toute une journée dans du vin, il était prescrit contre la dysenterie. On l'utilisait aussi en gargarisme pour les maux de gorge par l'intermédiaire d'une décoction à 5%, que l'on sucre avec du sirop de cynorrhodon ou de mûre. Le Dr Leclerc a mit en avant les biens faits cicatrisants de cette galle car elle est riche en tanin. On l'utilise donc en tant que décoction concentrée ou de teinture dosée à 1/5éme sur les plaies et les brûlures ulcérées.
cuisine: les cynrrhodons sont réputées dans la confection de confitures. Pour cela il faut fendre les fruits en deux et retirer les graines urticantes (comme pour une préparation antiscorbutique). On peut également en faire des gelées pour les gâteaux. Au siècle dernier, dans les hautes Alpes de Haute-Provence, les fruits étaient séchés puis débarrassés de leurs graines par un minutieux battage au fléau puis moulus. On obtenait une farine que l'on utilisait soit nature soit que l'on mélangeait, pour la fabrication de biscuits et de gâteaux.