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La Renarde des Alpes
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La Renarde des Alpes
  • Grande amoureuse de la nature, j’ai pu me rendre compte du besoin urgent de nature dans notre société. Fort de ce constat, je me consacre à mon échelle à faire découvrir les beautés de notre monde.
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5 janvier 2020

Sortie dans les marais 17 : la cigogne noire.

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Voilà un titre qui laisse peu de suspense. Je pense qu'il s'agit ici de notre plus belel observation de l'année. Nous sommes au coeur de l'automne, il fait gris et il pleut ça et là quelques gouttes. Tout autant de raisons pour partir en direction de la Dombe. Nous avons alors un objectif : observer des tadornes de Belon (Tadorna tadorna), un beau canard coloré au petit gabarit. Sur la route, une couleuvre à collier helvétique (Natrix helvetica), notre première de l'année. Nous nous arrêtons pour la dégager de la route, craignant qu'elle ne se fasse écraser. J'avoue l'avoir dégagé un peu brutalement avec le pied, n'étant vraiment pas en confiance au milieu de cette voie où les conducteurs sont nombreux à frôler les 100 km/h avec leurs bolides. Nous portons les yeux sur les champs alentours. Elles sont là, 21 cigognes blanches (Ciconia ciconia) sont tranquilles dans un prés d'herbes hautes. Elles sont bien connues dans la Dombe, une partie d'entre elles nichant même dans le parc des oiseaux. À l'origine migratrices, elles se sédentarisent de plus en plus sur le territoire.

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Et au milieu de tout cela, la cigogne noire (Ciconia nigra). Rarissime, discrète voire fantomatique, nous n'en revenons pas. Très farouche, nous sommes séparées  d'elle par deux champs, une petite phragmitaie et la route, de quoi mettre une bonne distance entre l'oiseau et nous, ce qui nous permet de bien l'observer avec notre longue vue sans l'incommoder, l'animal étant sensible au dérangement et pouvant abandonner un site si trop fréquenté.

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Plus petite que la cigogne blanche avec 95 à 100 centimètres, on peine à croire qu'elle ne fait que 3 kilos quand on voit qu'elle peut déployer une envergure d'1,55 mètres. Nous avons été fascinés par son plumage qui de loin noir, semble de près métallisé, avec de beaux reflets vert et violets. Son bec, d'ordinaire rouge vif comme le contour de son oeil, semblait sur cet individu très terne, ce qui indique qu'il s'agissait sans doute d'un jeune.

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Habituée aux milieux ofrestiers où elle niche en solitaire, elle reste inféodée aux milieux humides où elle se nourrie d'insectes et d'amphibiens. Ce n'est que pendant les migrations que l'on peut aisément l'observer. Ce n'est que peu voire pas courant de croiser une cigogne noire à cette période de l'année. Peut être faut-il y voir un animal perdu, blessé ou malade ou comme pour les cigognes blanches, un changement de comportement de l'espèce.

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Bien d'autres oiseaux passent dans le ciel tel des grands cormorans (Phalacrocoras carbo) dont les hommes poussés par leurs bêtise ont décidé de légaliser le tir de 11000 d'entre eux. Effet inattendu, la longue vue posée en bord de route à un effet plus que bénéfique. Les fous du volant, pris au dépourvu, y voit l'intervention de la Maréchaussée et appuie sans vergogne sur le frein, nous assurant plsu de sécurité et de tranquillité.

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Ce ne sont pas les seuls échassiers qui nous donne de la joie ce jour là. 49 grues cendrées (Grus grus) se promènent dans un champ immergé. C'est la première fois que nous les voyons ailleurs qu'en Camargue à l'exception d'un vol nocturne au dessus de Vienne et, la première fois que nous pouvons les prendre en photo posées. Elles sont accompagné de 4 autres grands échassiers : la grande aigrette (Ardea alba), le héron cendré (Ardea cinerea), de l'aigrette garzette (Egretta garzetta) et d'une cigogne blanche (Ciconia ciconia) solitaire.

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Derrière nous, un grand étang qui protégé, abrite une multitude d'oiseaux d'eau. La chasse battant son plein, pas moins d'un millier de colverts (Anas platyrhynchos) sont venus trouver refuge dans ce havre de paix. Ils sont accompagnés de sarcelles d'hiver (Anas crecca) ainsi que de canards siffleurs (Mareca penelope) et de canards pilets (Anas acuta) que nous observons avec plaisir pour la première fois.

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Dans les airs, des rapaces nous survolent. Ce ne sont ni des buses ni des crecerelles mais bien des busards des roseaux (Circus aeruginosus). Hormis cet été sur l'île de Ré, nous ne les avons jamais vu de si près et c'est la première fois que nous en apperçevons autant. Atteignant 110 à 130 centimètres d'envergure, il s'attaque aux petits animaux des roselières. Nous l'avons même observé en chasse sur des petits passereaux indéterminés.

Si vous voulez tout savoir, nous avons bien vu nos tardornes de Belon (Tadorna tadorna), accompagnés de canards souchets (Anas clypeata) au bec et aux couleurs si atypiques. Bref, un moment magique qui nous a émerveillé, avec une pointe d'amertume à l'idée qu'une grande partie de ces oiseaux soit tirés bien que vulnérables voire menacés pour certains. De quoi nous démoralisé en rentrant sur la métropole lyonnaise.

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27 décembre 2019

L'Isère au fil des saisons.

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Voici un an de sorties en Isère pour l'année 2019. Un an à explorer le jardin familliale, les sous bois, les lacs alentours, les marais et les petites villes de campagnes.

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Un an que je suis heureuse et fière de vous présenter ici. Il n'a pas été facile de choisir les photos ni de sélectionner les meilleures des anecdotes que nous avons pu vivre pendant cette année chargée en émotions. Ne voulant pas un article à rallonge, je m'arrêterai là.

 

L'hiver, la neige et les oiseaux.

Aux portes de la Chartreuse, à plus de 500 mètres d'altitude, il fait parfois froid. En 2014 puis en 2017, nous avons parfois frôlé le -17°C, autant vous dire qu'il faut être bien équipé. Néanmoins la tendance est au redoux et les épisodes neigeux sont de plus en plus rares. Il est à crainte que d'ici moins d'une décennie, il n'y en ait plus.

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Les comtois, chevaux communs dans le coin, abordent un poil épais, celui-ci leur permet de faire face au froid. Ces animaux doux et dociles sont originaires des reliefs escarpés de Franche-Comptée et sont la race la plus commune à l'heure actuelle de cheveaux de traits. Leur origine remonte aux croisements de juments françaises avec des étalons germaniques. Solides, ils étaient utilisés par les chevaliers pendant les joutes.

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Les toits en contre-bas sont tout enneigés. Saint Geoire en Valdaine, village de mon enfance, se drape de blanc. Niché entre l'Isère et la Savoie, sa proximité entre Grenoble et Chambéry lui ouvre les portes des montagnes.

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Il tire son nom de la tradition chrétienne, le terme "Saint Geoire" faisant écho à Georges de Lydda, saint connue pour avoir selon la légende combattu un terrible dragon pour sauver une princesse Libannaise mais aussi, à l'évêque de Saint-Georges-de-Vienne qui mena les affaires religieuses sur le diocèse. Le terme "Valdaine" vient du français "val" désignant une vallée et du savoyard "nans" qui signifie "petit cours d'eau". En sommes la commune porte le nom poétique de "Vallée aux ruisseau de Saint Georges". Cette affiliation à un chasseur de dragons ne va pas sans faire écho au passé glorieux de la Valdaine, avec pas moins de 7 châteaux et maisons fortes qui émaillent le paysage. Parmi ceux-ci, l'ancien couvent qui accueilli pendant des siècles les filles des nobles familles et qui aujourd'hui fait office de mairie et le château de Longpras, une maison forte qui pendant la révolution française abritât les clés des portes de Versailles. Une légende veut même qu'un poulain noir diabolique hanteraient les lieux.

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Remontons sur les collines tant bien que mal, une vingtaine de centimètres de poudreuse étant tombée, nous faisons le chemin aller-retour entre la maison et la boulangerie à pied. Ce sont 2 kilomètres qui nous séparent des baguettes fumantes et de croissants frais du matin, autant vous dire que nous mettons pas longtemps.

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Cachée dans un arbre, une buse variable (Buteo buteo) veille sur une branche. Chassant les petits oiseaux, les lézards, parfois les insectes mais avant tout les micro-mammifères tels que les mulots, les campagnols et les souris, elle peut en cas de mauvais temps comme ce jour là, quand le vent souffle et la neige tombe, se rabattre sur les carcasses d'animaux morts, les vers voire des baies, même si cela reste plutôt rare.

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Avec l'hiver, les arbres se trouvent privés leurs feuilles. C'est alors un de meilleurs moments pour observer les oiseaux sédentaires et en particulier les granivores qui s'approchent des maisons.  À gauche, le verdier d'Europe (Chloris chloris) qui porte si bien son nom avec son plumage vert. À droite, un de mes oiseaux préférés, le pinson du Nord (Fringilla montifringilla), qui quitte les pays du Grand Nord pour nous rejoindre.

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Crise du logement à la mangeoire. Moineaux domestiques, mésanges bleues, mésanges huppées, mésanges noires, mésanges boréales, verdiers d'Europe, chardonnerets élégants, pinsons du nord, pinsons des arbres, sitelles torchepots, accenteur mouchet ... il y a du monde au balcon ! Il est toujours important de rappeler que sur ce type de mangeoires à plateau, il faut nettoyer régulièrement l'aire de nourrissage, les oiseaux marchant sur les graines et pouvant avec leurs pattes et l'humidité, apporter des éléments pathogènes dangereux.

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Problème, les oiseaux ne sont pas seuls dans le jardin. Les chats sont tout aussi présents. Le dilemme est fort. Bien que castrés et nourris, ils font acte de prédation de temps à autre. C'est toujours dur de l'entendre mais les chats sont responsables d'un désastre écologique.

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Australie, îles lointaines, Amérique du Nord, Europe ... tous les continents sont touchés. Introduit par l'Home, on ne peut en vouloir à l'animal de posséder un instinct de prédateur affûté. Cependant on peut s'indigner du comportement de certains propriétaires. Félins non castrés, portées laissées à elles mêmes et donnant des individus farouches et errants ... c'est en partie la reproduction non contrôlée des chats qui explique leur forte expansion et les dégâts importants causés sur la faune, à savoir les petits rongeurs (ce qui ne semble pas émouvoir grand monde) mais aussi les reptiles et les passereaux dont les effectifs sont en chute libre. Le propos n'est pas d'érradiquer les chats, étant une grande amoureuse des petits félins moi-même, mais de changer notre regard et nos comportements liées aux animaux de compagnie.

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La météo annonce du redoux, vite, enfilons les bonnets et jetons nous dans la neige avant qu'elle ne disparaisse. La vieille luge n'est pas habituée à la poudreuse, d'ordinaire le manteau neigeux sur lequel nous glissons est gelé, les glissade se faisant le plus souvent le matin après que les flocons soient tombés toute la nuit. Ce n'est pas grave, nous nous tournons vers un équipement plus moderne pour dévaler les pentes.

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Voilà, le paysage reprend ses teintes grises et mornes. Nous partons pour Grenoble et plus précisément au Bois de la Bâtie nommé aussi Bois Français. Cet ENS (Espace Naturel Sensible) est réputé pour sa faune mais aussi pour la zone de loisir qui se trouve à proximité. Ancien bras mort de la rivière Isère, les étangs qui composent le site sont également connus pour leurs poissons qui attirent les pêcheurs et les oiseaux d'eaux.

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Nous ne croiserons que peu d'espèces. Quelques passereaux, deux cygnes tuberculés (Cygnus olor), un vol de grands cormorans (Phalacrocorax carbo) et de joyeuses foulques macroules (Fulica atra). Bruyantes, on les reconnaît à leur plumage noir et à la tâche blanche qui surplombe leur bec robsute de la même couleur. Elles aiment les eaux calmes, en particulier les lacs, les marais et les zones humides forestières.

La fin de l'hiver sonne déjà et nous ne percevons pas le passage au printemps, le mois de février ayant défrisé la chronique avec des températures similaires à une fin mars voire, un début avril. D'ailleurs, 2019 est à l'heure actuelle l'année la plus chaude jamais enregistrée depuis que l'Homme est en capacité de faire des relevés.

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Le printemps, ses chants et ses fleurs.

Du vert de partout, c'est une explosion et cela fait bien plaisir. Fini l'hiver, bonjour le printemps. C'estl e temps des fleurs, des amours et de la reproduction pour un grand nombre d'animaux. Sortant en affût, nous avons espoir dans croiser quelques uns tout en ayant plaisir à récolter les premiers fruits de la saison.

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L'égopode podagraire (Aegopodium podagraria) est une plante souvent maudite car considérée comme une mauvaise herbe qui aime envahir les jardins. C'est aller bien vite et oublier le passé historique de la belle. Importée en Gaule par les romains pour sa culture rapide et facile, elle s'en retourna à la nature et fût peu à peu oubliée des hommes. Pourtant elle reste excellente en salade, soupe ou gratin avec son petit goût de céleri.

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Si j'aime le printemps c'est avant tout pour eux, les champignons ! Cette année nous avons ête peu chanceux du côté des morilles (Morchella) et nous nous sommes tournés vers leurs cousins moins réputés mais totu de même réputés, les morillons à semi-libres (Mitrophora semilibera), qui depuis peu sont classés dans la classe des morilles.

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On le reconnaît à son pied blanc, fragile et élancé, à sa chaire mince à la saveur douce et qui jaunie à la coupe, et à son petit chapeau brun et alvéolé qui ne dépasse que rarement les 5 centimètres. Il exalte une légère odeur de champignon qui devient plus forte au fur et à mesure qu'il vieilli. Son nom de semi-libre vient de l'insersion du pied qui se fait à la moitié du chapeau, laissant la partie inférieur libre. On le distingue ainsi des verpes (Verpa) dont le pied est soudé au sommet du chapeau et des morilles dont le leur est soudé à la base du chapeau. Excellent comestible, il faut bien le cuire pour le consommer, au moins 15 minutes  à plus de 70°C.

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Le récolte est belle, les sachets de tissus que nous avons apportés avec nous dans le cas d'éventuelles récoltes nous sont fort utiles. Depuis, j'ai pu me munir d'un très beau panier en châtaignier, essentiel pour bine préparer la cueillette de champignons de cet automne qui s'annonce formidable. En tout et pour tout ce sont environs 70 morillons que nous récoltons ce jour là dans les herbes hautes, sous les frênes du champ attenant à la maison.

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Les frênes communs (Fraxinus excelsior) et les noisetiers communs (Corylus avellana) figurent parmis les arbres avec lesquels les morilles et les morillons poussent en symbiose, toujours sur des sols calcaires. Poussant à proximité d'un ancien vergé, à la lisière de ce qui commence à devenir un petit bois, il est dans son élément de prédilection. On peut également le trouver dans les vallons boisées et aux abords des ruisseaux.

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En parlant de verpes, en voici. Il s'agit des verpes en forme de dé (Verpa conica), un champignon certes comestible mais de faible intérêt culinaire. Peu commun en plaine, un peu plus présent en moyenne altitude, il reste cependant assez rare. Il est alors plus sage de ne pas le récolter et de tirer profit d'autres espèces plus abondantes (mousserons, pézizes ...) entre avril et mai, période à laquelle les verpes poussent.

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Les jeunes grillons champêtres (Grillus campestris) émergent. Minuscules, leur croissance rapide leur permet l'été venu de figurer parmi les plus gros grillons d'Europe. Robustes, leur poids et leur morphologie leur interdit tout vol, faisant d'eux des insectes strictement terrestres.

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Pour faire face aux prédateurs, il creuse un trou profond. Au moindre signe de danger, il s'y faufile. Les mâles se postent à l'entrée de leur antre et chante dans l'espoir d'attirer une femelle. Territoriaux, on peut assister à des combats violents avec parfois, une issue dramatique pour l'un des deux combattants. Herbivore, ce grillon se nourrie principalement de poacées (graminées), qu'il consomme à l'aide de ses très puissantes mandibules. Cependant il peut agrémenter son régime alimentaire quand l'occasion s'en présente, de vers de terre et de restes d'autres insectes morts. Même s'il semble commun, la fragmentation et la dispartion de ses habitats et son incapacité à voler conduisent à la diminution de ses populations.

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Des fleurs, des feuilles, des herbes folles et aromatiques, des écorces, des champignons ... il ne reste plus qu'à conditionner nos cueillettes. Séchés pour la plupart, les éléments collectés seront tout au long de l'année utilisés dans la cuisine ou en infusion du soir pour apporter au coeur de l'été quand il fait chaud, les après-midi pluvieux d'automne ou les soirées froides de l'hiver des petites notes de printemps colorées et parfumées.

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Certes on retrouve les morillons, mais aussi les fleurs de primevères coucou (Primula veris) pour leur goût et leurs effets apaisants, celles du lamier maculé (Lamium maculatum) pour leurs propriétés colorantes et les feuilles du lierre terrestre (Glechoma hederacea) pour parfumer les bouillons, les fromages blancs et les infusions froides. Si depuis les bocaux se sont peu à peu vidés, il nous reste de quoi apporter de soleil jusqu'à mars.

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Thomas revient de son wwoofing en Savoie, et dans ses bagages, il nous ramène quelques surprises. Prennent désormais place dans le jardin de jeunes pousses d'arbustes à petits fruits, de quoi préparer d'ici quelques temps des jus et des glaces parfumées pour les futurs étés.

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Des cassissiers (Ribes nigrum) aux fruits noirs se mêlent à leurs cousins, les caseilles (Ribes x nidigrolaria), hybrides entre un cassissier et un groseillier à maquereaux (Ribes uva crispa) né en Allemagne au début des années 80. Résistant aux maladies et aux températures extrêmes (jusqu'à -20°C), il produit des fruits charnus et bleus, on un goût fruité et acidulés. Ils sont récoltés entre juin et juillet, de manière régulière, les baies ne mûrissant pas toutes en même temps. Sa floraison rouge foncée détonne au potager et attire de nombreux pollinisateurs. Cependant stériles, ce n'est que par bouturage qu'il est possible de le reproduire. Pour cela il suffit de couper de jeunes rameaux, de les mettre en vase puis, à l'apparition des radicelles, de les replanter. En sommes rien de très compliqué pour le cultiver.

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Dans les prés où l'herbe se fait tendre, les chevreuils (Capreolus capreolus) sont de sortie. Toujours proches de la forêt, ils déguerpissent à la moindre alerte. Cependant n'étant pas chassés à cette période de l'année, ils se montrent moins farouches. Grégaires, ils peuvent vivre en grand groupe comme on peut l'observer un peu partout en France, l'engrainage et l'absence de prédateurs naturels ayant favorisés sa forte démographie.

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C'est au printemps que les femelles mettent bas. Les faons, cachés dans les herbes hautes d'un champ ce qui leur est parfois fatal, où dans la végétation en lisière de forêt, attend sagement sa mère. Celle-ci se nourrie à heures régulières et rejoint son petit pour lui donner la tétées et le réchauffer. Ce n'est que tardivement qu'il la rejoindra bien qu'il soit capable de se déplacer peu de temps après sa naissance, s'assurant d'avoir une chance d'échapper aux prédateurs que sont le loup, le lynx, le renard ou encore les chiens errants.

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Les chevreuils ne sont pas les seuls dans les pâtures. Nombreux sont les troupeaux de vaches à patûrés. Si on trouve quelques laitières, se sont surtout les bêtes  dites mixtes que l'on croise le plus de par chez nous.

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Si on croise quelques animaux de la race Simmental Française originaire de Suisse, se sont surtout les Montbéliardes qui sont à l'honneur. Originaires de Franche-Comté, elle déscend de la race Pie rouge Simmental. L'hiver, les animaux restent longtemps en stabulation et se nourrissent des foins récoltés plutôt en été. À l'apparition des beaux jours, les vaches sont envoyés en estives dans les prés où elles broutterons l'herbe tendre. Dans notre région les troupeaux sont de petite taille, ce qui limite le surpâturage qui cause bien souvent l'affaissement des sols et des dégradations importantes sur les cours d'eau. Cette race est de plus en plus utilisée comme vache laitière.

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La Valdaine se situe à l'extrémité Nord Est des Terres Froides, territoire non pas nommé poru son climat mais pour la terre de potier que l'on en tire et qui à la particularité de donner des poteries de terre crue qui ne cèdent pas sous l'action du gel. Cependant, nous bénéficions ici de la météo typique du Massif de Chartreuse, un climat océanique montagnard ce qui implique de l'humidité et un manteau neigeux importnat même s'il à diminué de moitié en 50 ans, ce qui ne vas pas sans inquiéter les populations sur les questions liées à la disponibilité d'eau.

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Les talus sont tout aussi passionnants, les oiseaux s'installent dans les cavités des arbres alignés, et en bord de route, les orchidées commencent à fleurir. L'une des plus impressionnantes de toutes sont les orchis militaires (Orchis militaris) appelés aussi orchis guerriers. Robustes et portant un épi floral dense, ils aiment les sols calcaires frais, pauvres en matière organique et bien ensoleillés. On les croise jusqu'à 2000 mètres d'altitude.

DSC02484Partons dans les marais et plus précisément sur la tourbière de l'Herretang, entre la commune de Saint Joseph de Rivière et celle de Saint Laurent du Pont, à la confluence de la fin de la langue rocheuse du Vercors et le début du Massif de Chartreuse. Ayant pour statue celui d'ENS (Esapce Naturel Sensible), il est possible de la visiter une grande partie de l'année grâce à un système de pontons de bois. Abritant des espèces rares et protégées, il faut bien prendre garde à ne pas s'éloigner des chemins ni à venir troubler la tranquillité des animaux.

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Les oiseaux  chantent et sont pour certains afférés à nourrir leur première portée. Une couple de mésange charbonnière (Parus major) peut prélever sans mal 250 à 300 chenilles par jour, faut-il encore trouver des chenilles. Le développement de celles-ci intervient de plus en plus tôt, fruit de l'augmentation des températures année après année. Le soucis est que le poussins de mésanges émergent quand les chenilles sont bien développées, et plus forcément de taille pour entrer dans le gosier des petits oiseaux. Cela serait l'une des explications de la forte mortalité observée sur les portées de mésanges charbonnières.

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Des champignons, toujours des champignons. À la sortie de la forêt, des mousserons de la Saint Georges (Calocybe gambosa) nous attendent. Leur nom leur vient de la période à laquelle ont les rencontre le plus souvent, et il est de tradition de dire qu'ils poussent à partir de la Saint Georges, chose qui dans les faits ne s'observe pas toujours.

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Excellents, ils dégagent une légère odeur de farine. Charnus, il suffit de quelques pieds pour remplir rapidement un panier et une casserole. C'est dans les zones herbeuses comme les prairies et les vergers mais aussi les lisères, les bois clairs et les haies qu'on le trouve le plus souvent, à proximité le plus souvent des aubépines et des ormes. L'entolome livide (Entoloma sinuatum) lui ressemblant beaucoup, il est recommandé d'être méticuleux dans sa récolte et surtout dans son identification. Pour rappel, la plupart des intoxications surviennent après la consommation de champignons dont les cueilleurs étaient sûrs à 100% de l'identification. Prudence est mère de sûreté.

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Le marais abritent plusieurs espèces d'oiseaux inféodées aux milieux humides. Parmi celles-ci on compte notamment le grand cormoran (Phalacrocorax carbo) que l'on peut voir à gauche. Mal aimé, il fût longuement chassé au point de disparaître de l'intérieur des terres. Il recommence néanmoins à réinvestir son territoire. À droite, un héron cendré  (Ardea cinerea), grand échassier qui a connu un sort moins funeste bien qu'il soit encore braconné car jugé trop gourmand. Pourtant, on sait aujourd'hui que l'impact de ces deux espèces pour la pêche est pratiquement nul, les oiseaux consommant essentiellement des poissons peu prisés par l'Homme.

Profitons de la fraîcheur, de la brume qui descend lentement des montagnes et des dernières rosées. Déjà l'air se réchauffe et bientôt suffoquant, il faudra alors partir se réfugier dans les sous-bois. C'est aussi le moment de prendre de la hauteur, sur les plateaux alpins et de lézarder le long des rivières sauvages. Pour l'heure, profitons encore des dernières fleurs, des herbes aromatiques du printemps et des derniers champignons de saison.

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L'été, la fraîcheur des forêts et des bords de ruisseaux.

Il fait chaud, l'herbe du jardin a entièrement jaunie, et même à l'ombre, nous suons à grosses gouttes. Il faut se rendre à l'évidence, la canicule fait rage. Les points d'eau sont pris d'assauts et même les marais d'ordinaire si calmes deviennent des sites attirants les promeneurs. Reste alors les alpages, et encore, ceux aux pentes rudes et dont les sentiers ombragés nous donnent un peu de répit face à la morsures brûlantes du soleil.

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Sortons la longue vue, pointée les sommets. Nous sommes dans un champ pentu, entouré des forêts de conifères et mixtes. Outre les vaches, nombreux sont les mammifères à profiter des touffes d'herbes encore bien vertes. Lièvres, lapins, chevreuils et autres sangliers peuvent se croiser à la tomber de la nuit. D'ailleurs pour les derniers, il est courant d'observer sur ce site le labour de leur groin, trace de leur recherche nocturne de vers et de bulbes.

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Première récolte de la saison. Dans les prés, quelques agarics champêtres (Agaricus campestris) nommés aussi rosés des prés. Il est bien difficile d'identifier cette famille qui comporte en France plus de 60 espèces. À ceux-ci s'ajoutent dans le panier un petit polypore soufré (Laetiporus sulphureus), apprécié au Canada, peu considéré chez nous. Il faut le consommer jeune et de préférence récolté sur des feuillus car allergisant sur résineux.

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Entre les yeux en direction du ciel et du sol, dur de trouver le bon équilibre. Lui regarde les oiseaux, moi les champignons, autant dire que nous formons une équipe de choc, ratissant le moindre petit bout de nature que nous pouvons saisir.

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Cet été, nous avons cumulé pas moins de 11 week-ends d'affilés en escapade à deux, à chercher du côté des montagnes, du sud, de la côte méditerranéenne et de la vallée du Rhône des espèces nouvelles et des paysages grandioses. Nous n'avons pas été déçus, cependant retourner à la source, en Chartreuse, fût l'un des plus doux moments de l'été. Le grand calme des petits bois de moyenne montagne que nous avons pu parcourir nous fît le plus grand bien, loin de la ville, de ses klaxonnes, des pots d'échappements et du béton. Un petit havre de paix qu'il nous tarde à nouveau de rejoindre pour ses longs chemins bordés d'épicéas communs (Pinus abies).

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Au-dessus de nos têtes, deux espèces que nous connaissons bien et que nous n'avons rarement l'occasion de croiser ici. Plus d'une centaine de martinets noirs (Apus apus) tournoient, déjà sur le départ pour rejoindre l'Afirque où ils s'éjourneront tout l'hiver. Au milieu, un intrus de plus grande taille, un martinet à ventre blanc (Tachymarptis melba), qui est connu pour partir plus tardivement en hivernage et revenir également plus tôt.

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Nous sommes à deux pas du lac de Saint Sixte ,canton du village de Merlas connu pour son lac, les ruines de sa maison forte et ses légendes. Au bords de l'eau, des libellules prennent le frais e, compagnie des pêcheurs. Si je ne peux mettre de nom sur l'individu à gauche, je peux néanmoins le faire pour celui de droite. Il s'agit d'une libellule déprimée (Libellula depressa) nommée de la sorte en raison de ses ailes pendantes. L'abdomen bleu indique qu'il s'agit d'un mâle, les femelles présentant de colories jaunes et brunes.

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Sur la berge, dans les ruines de l'ancien abris à bateaux, une plante remarquable pousse. Il s'agit de la grande douve (Ranunculus lingua) connue parfois sous l'appelation de renoncule langue, une fleur de la famille des renoncules comme l'est le bouton d'or. C'est une espèce rare aux faibles effectifs, protégée intégralement en France.

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Si à l'échelle du monde et de l'Europe elle a pour statut celui de préoccupation mineur, il en est tout autre chose chez nous. En Alsace, en Aquitaine et en Bourgogne, elle est considérée comme en danger. En Basse-Normandie elle est classée comme vulnérable. En Auvergne et dans le Centre, elle est placée sur la liste des espèces en danger critique de disparition. Une fois de plus, on a un exemple d'une espèce au bord de la disparition sans avoir besoin de partir à l'autre bout du monde pour observer le phénomène. Au milieu du jaune, une autre espèce tire son épingle du jeu. Le chanvre d'eau (Bidens tripartita), qui n'en a rien et qui est aussi connu comme lycope d'Europe. Il s'agit d'une plante semi-aquatique aimant les cours d'eau, les prairies humides et les marais.

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Qu'il est changeant le temps de basse montagne. En un rien de temps la brume remplace le soleil et l'humidité prend le pas sur la chaleur qui irradiait jusqu'à peu les collines. Ne nous en plaignons pas, non seulement cela nous laisse prendre un peu de répit mais de plus, permet aux champignons de faire timidement leur apparition dans le sous-bois. Il faudra cependant attendre encore un peu avant de récolter les premiers cèpes.

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En retournant au jardin, nous avons le plaisir de croiser sur un câble une magnifique pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) et à la vue de sa calotte grise, un mâle. Un peu plus bas dans un bosquet la femelle attend d'être nourrie par celui-ci. Migrateurs, le couple partira à la fin de l'été pour rejoindre l'Afrique. Il faudra attendre mai soit sept mois pour les voir revenir à nouveau nicher dans les bosquets et les haies des prairies grasses.

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Enfin, les champignons sortent. Ici il s'agit de deux espèces mignonnes comme tout, le cyathe hirsute (Cyathus striatus) à gauche qui se reconnaît entre autre à sa forme de coupelle et le marasme petite roue (Marasmius rotula) à droite, qui figurent parmi les best-sellers de la saison et qui porte bien son nom. Il se développe sur les branches mortes de feuillus tombées au sol. Il contribue activement à la formation de l'humus forestier.

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Les premières amanites rougissantes (Amanita rubescens) ont fait leur apparition. Appéles aussi amanite rougissante ou golmotes, c'est une des quelques amanites comestibles qui vaut la peine d'être récolter. Cepandant on prendra garde de bine la cuire, celle-ci contenant des hémolysines, molécules connues pour détruire les globules rouges.

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À la cassure, ses chairs deviennent rouges, ce qui permet de la différencier d'autres espèces comme la dangereuse amanite panthère (Amanita pantherina), plus brune et aux flammèches blanches plus larges et plus marquées. On ne serait sans bien connaître l'une et l'autre s'aventurer à récolter les golmottes. Très commune, aussi bien dans les forêts de feuillus que de conifères du moment que le sol est pauvre, c'est surtout dans les bois d'épicéas communs (Picea abies) qu'on en rencontre le plus grand nombre. Apparaissant dès juillet en Chartreuse, on peut l'observer au plus tard à la fin du mois d'octobre si l'été indien veut bien se prolonger.

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C'est aussi l'heure des premières girolles (Cantharellus cibarius) que nous récoltons avec émotion. Dégageant un léger parfum d'abricot, en particulier quand l'air est humide, leur couleur jaune tirant parfois sur le pâle ou l'orangé et la présence de plis et non de lamelles ne laisse que peu de doute lors de l'identification de cet excellent comestible. Cependant il faut là aussi être prudent, en évitant toute confusion avec la fausse girolle (Hygrophoropsis aurantiaca) ou le très toxique clitocybe de l'olivier (Omphalotus olearius) qui à la différence des girolles qui se développe sur le sol, pousse sur le bois mort et en particulier sur les souches.

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Restons avec les champignons, mais partons sur un tout autre milieu. Nous voici de retour dans les marais de l'Herretang. La plupart des espèces composant la fonge concerne de petits champignons éphèmères résistant aux soudaines varaitions de niveaux d'eau, et d'autres lignicoles restant bien au sec sur les troncs et les branches qu'ils colonisent. À droite, un magnifique polypore soufré (Laetiporus sulphureus) qui, bien que nous faisant très envie, n'a pas été récolté en raison du statut du site; un ENS (Espace Naturel Sensible).

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Tout comme au printemps, un grand cormoran (Phalacrocorax carbo) se trouve sur une des berges du grand lac. Celui a été formé à l'époque où il était encore de mise d'extraire la tourbe du marais, que cela soit pour se chauffer ou pour la commercialiser sous le nom de terre de bruyère. L'exploitation ayant été suspendue en raison des dégâts provoqués sur les milieux humides fragiles, les carrières ont été mises en eau et empoissonnées.

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Sur les observatoires mais aussi un peu partout sur la végétation, créant ainsi une véritable marée verte, pousse des lianes de houblon grimpant (Humulus lupulus). De la même famille que le chanvre, celle des cannabaceae, il est utilisé depuis des temps immémoriaux.

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Son nom scientifique de "lupulus" vient du latin, les romains pensant à tort que le houblon suçait la sève des arbres et arbustes sur lesquels il pousse. Hors cela n'en est rien, néanmoins il a gardé cette réputation fort longtemps lui donnant le surnom de "petit loups" qui se traduit par "lupulus". Il est drôle de voir qu'aujourd'hui c'est le lierre grimpant (Hedera helix) qui possède cette réputation sulfureuse. Pour en revenir au houblon, il est surtout connu comme plante aromatique pour apporter de l'amertume à la bière mais aussi pour ses propriétés sédatives, stomachiques et son pouvoir œstrogénique.

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La porte du grand observatoire n'est pas fermée, miracle ! Nous fonçons au sommet de cet ancien relai EDF reconverti en tour de guet. De là, nous avons une vue imprenable sur les étangs, sur la prairie et sur la phragmitraie. C'est là que deux petits museaux feront leur apparition. Une chevrette, femelle du chevreuil européen (Capreolus capreolus) suivit de son jeune faon né au début du printemps.

Les jours deviennent de plus en plus courts, la pluie s'invite et la fin septembre approche, nous voici aux portes de l'automne, la plus belle des saisons. Avant de fêter la fin de l'été, nous nous offrons quelques escapades sauvages du côté du Loiret, de la Camargue et des Alpes, histoire de profiter de la saison du mieux possible.

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L'automne, ses champignons et ses oiseaux.

Déjà l'automne sonne à la porte, signe que l'année est presque bouclée. Si le froid tarde à venir et ne se ferra présent qu'à la mi-novembre, on enfile déjà les pulls et les bonnets à grosses mailles de laine. Pour moi, il s'agit de la plus belle des saisons, les bois deviennent jaunes et rouges, les oiseaux du grand nord arrivent doucement chez nous et les rougegorges familiers (Erithacus rubecula) poussent de nouveau la chansonnette.

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Petit saut au lac de Paladru. Situé aux portes du voironnais, ce lac palustre est issu de la fonte des glaciers qui couvraient la région il y a 40 000 ans de cela. Riche en légendes, il fut occupé par les pères Chartreux où l'on trouve des vestiges relativement anciens de pontons de bois. C'est là que l'on peut trouver les foulques macroules (Fulica atra). Toutes occupées à barboter, elles troubles la calme du lieu par leurs cris brefs.

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Au-dessus de l'eau dans un robinier faux-accacia (Robinia pseudoacacia), deux tourterelles turques (Streptopelia decaocto) sèchent leurs plumes. Elles ont dû la nuit précédente faire face à une pluie glaciale et violente. C'est une espèce que l'on pourrait pense comme originaire de nos contrées mais il n'en est rien. Originaire de Truquie, elle ne s'est implantée naturellement en France que depuis 1963 avec une première apparition dans les Voges en 1950. Depuis la belle se trouve sur les quatre coins du monde, surtout dans les villes et villages, sans que sa présence ne semble porter atteinte aux espèces locales.

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Une femelle canard colvert (Anas platyrhynchos) se montre peu farouche et s'approche relativement près de nous. On la différencie des autres femelles d'espèces de canards par sa grande taille et son bec orange et noir. Peu farouche, il est fort à parier que l'on se trouve sur un individu issu ou du moins ayant une origine liée aux canards colverts domestiques qui sont utilisés pour l'ornement, comme appelant de chasse et pour l'élevage.

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Quittons les berges, non sans avoir jeté un dernier coup d'oeil au ponton sur lequel un rougequeue noir (Phoenicurus ochruros) se promène. L'hiver, il est possible d'y observer des dizaines de cormorans et de goélands. Nous avons espoir pour cet hiver d'y rencontrer de nouvelles espèces et de voir les canards hivernants, en particulier les fuligules qui aiment se reposer au centre du lac. Équipés de notre nouveau matériel, il a fort à parier que nous allons être surpris par les oiseaux sur lesquels nous allons enfin pouvoir poser les yeux.

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Direction les bois, et bien sûr, toujours avec le panier à la main. La saison des champignons a été exceptionnelle pour certaines espèces cette année et nous en avons bien profité, que cela soit dans les bois isérois ou d'ailleurs. Même l'un des chats de la maison est venu pointer le bout de son nez pour voir où en était la récolte. Il n'y a pas à dire, même si on trouve des champignons toute l'année, c'est vraiment à l'automne qu'ils sont rois.

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Un lycoperdon brun d'ombre (Lycoperdon umbrinum) attire notre attention. Non comestible, cette vesse de loup un peut particulière appartient, commetoutes les espèces portant ce nom générique, à la famille des Lycoperdacées.

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Le terme vesse est féminin et vient du vieux français. Il désigne un pet silencieux et nauséabond, mot qui peut se décliner par le verbe vesser. La transposition au champignon se fait par la spécificité de celui-ci de dégager à maturité, ses spores sombres en se crevant par le milieu et en les laissant passer par gros nuages sombres par un tout petit trou. L'image est là, reste à savoir d'où vient le sobriquet de loup. Peut être par le mésamour éprouvé en vers cet animal, par le fait que cette vesse soit forestière ou tout simplement par jeu de mot. Dans tout les cas le lycoperdon brun d'ombre orne joliment les forêts et bien qu'il ne soit pas comestible, anime toujours une sortie automnale.

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Dans la mousse, aux pieds des arbres et sur les troncs les champignons poussent à foison. Le tricholome rutillant (Tricholomopsis rutilans) a perdu ses belles couleurs suite à la pluie et les mucidules visqueuses (Oudemansiella mucida) bien qu'étincelantes semblent défraîchies. Se développant sur les troncs de feuillus, en particulier de hêtres, on les reconnaît à leur chapeau blanc-translucide couvert d'un mucus gluant.

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2019 fût une année exceptionnelle pour les cèpes de Bordeaux (Boletus edulis). Nous en avons trouvé de partout, même là où d'ordinaire nous ne croisons rien hormis quelques crottiers de blaireaux et de chevreuils. Champignon très prisé, c'est un excellent comestible qui se déguste aussi bien cru en carpaccio avec un peu d'huile d'olive que cuit, rissolé avec du persil et du beurre ou revenu dans un peu de crème fraîche. Sa mousse devenant gluante avec l'âge, elle s'accomode parfaitement en potage ou dans une sauce d'accompagnement.

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Pour l'occasion je suis seule avec mes parents. Les accompagner aux champignons et faire fructifier à ma manière cet héritage qu'ils ont pu me transmettre en approfondissant la discipline qu'est la mycologie est une véritable fierté pour moi. Le cèpe part exemple a été longtemps ignoré dans ma famille, voire boudé. Jugé comme gluant et trop fort, je ne l'apprécie que depuis récemment, grâce aux amis du Mycorium et du feu forum "le club des cèpes" avec qui j'avais pu partir il y a plusieurs années découvrir le Béarnais, que je rêve de visiter à nouveau.

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Symbiotique, le cèpe de Bordeaux aime s'accoquiner avec les chênetes, les chataîgniers, les hêtres et les sapins pectinés. Il n'est pas le seul à aimer ces milieux, bien souvent il est accompagner d'autres champignons dont la pousse survient suite à des épisodes de chaleurs et de pluies tel que le meunier (Clitopilus prunulus) qui, à la bonne odeur de farine et au chapeau blanc, et lui aussi un bon comestible même si moins récolté que les cèpes.

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Autre espèce appréciant les mêmes milieux que le cèpe de Bordeaux et ayant parfois des hôtes symbiotiques similaires, l'amanite tue-mouches (Amanita muscaria). Si celle-ci est toxique voire délirogène pour les hommes et de nombreux animaux, quelques uns comme le renne n'hésitent pas à planter un coup de dents dans le chapeau et en particulier la cuticule rouge riche en éléments hallucinogènes.

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Lames, pied et chair d'un blanc immaculé, chapeau rouge sang qui selon les sous-espèces et la météo peut tirer sur l'oranger, pustules floconneux variants du crème au jaune, il semble au premier regard aisé d'identifier cette espèce. Pourtant, les confusions avec l'amanite des Césars (Amanita Caeserea), sa délicieuse et prisée cousine, sont peu rares. On retiendra que chez cette dernière les lamelles et le pied sont d'un orange doré et que le stipe prend sa base dans une volve blanche en forme de sac.

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Petits joyaux rouges qui annoncent la fin de l'automne, il faudra désormais attendre l'an prochain pour les rencontrer à nouveaux dans les forêts de Chartreuse. Il fait froid, humide mais les champignons ne désertent pas complétement les bois. Cependant nous nous réfugions dans le Rhône, où nous faisons notre bonheur avec les pholiotes du peuplier (Cyclocybe aegerita) qui abondent dans les peupleraies si typiques des rives du fleuve.

C'est un court résumé de cette année en Isère riche et inspirante. Nous avons eu la bougeotte et beaucoup visité d'autres départements, puis vinrent le boulot et parfois la flemme qui par moment, nous ont cantonné à notre petit appartement lyonnais. Cependant on ne saurait penser que le tour est fait, on est loin d'avoir encore tout vu de cette enclave dauphinoise, de ses forêts et de ses sites historiques teintés de mysticismes. À 2020, belle Isère.

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21 décembre 2019

Des salamandres dans le Rhône.

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Incroyable animal n'est-ce pas ? La salamandre noire et jaune (Salamandra salamandra) ne va pas s'en fasciner les grands comme les petits. D'ailleurs, elle a même inspiré une magnifique revue du même nom que je vous encourage à consulter ICI. Elle comporte de nombreux noms comme celui de salamandre terrestre, rappelant que l'animal bien qu'appartenant à la famille des amphibiens n'est inféodé aux milieux humides que pour sa reproduction et que la plonger dans une mare profonde peut même la conduire à la noyade.

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Cela ne serait le seul patronyme qu'on pourrait lui donner, la belle se nommant aussi salamandre de feu, en évocation à la vieille rumeur qui voudrait qu'elle résiste au feu. Certes l'animal peut produire un suc pendant quelques secondes s'il se trouve dans un brasier, mais cela ne serait le protéger de flammes et il finirait inexorablement par brûler vif. Néanmoins, cette idée reçue tenace a longtemps perduré et de grands noms ont pris pour emblème la salamandre tachetée pour sa résistance au feu supposée.

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Nous sommes début octobre, les salamandres n'ont qu'une seule idée en tête : se reproduire. L'accouplement à lieu hors de l'eau, dans les sous-bois humides en particulier quand il pleut et que la température est douce. C'est la femelle qui mène la danse en montant sur le mâle. Celui-ci l'encercle de ses pattes arrières et colle son cloaque au sien. Elle vient alors absorber le spermatophore, un sac de sperme, de son partenaire. Ce soir là à Oullins, ce ne sont pas moins de 584 individus que nous croisons. Certains font le pari de rejoindre les aires d'accouplement par la route. Ils n'ont pas le choix. La fragmentation des habitats séparant les sites boisés des uns des autres par de dangereux obstacles que sont les axes routiers, ne pouvant compter que sur la vigilance des conducteurs.

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S'en suit une longue gestation. Pendant 8 à 9 mois la femelle porte en son sein jusqu'à 70 larves auxquelles elle donnera naissance en s'immergeant sur une berge où elle s'assure de pouvoir remonter sans se noyer. Les petits évoluent pendant 3 à 6 mois en fonction de la température de l'air ambiant. En montagne on peut observer des individus mettant parfois deux ans à prendre forme. Pour vivre dans les eaux fraîches, peu profondes et pauvres en nutriments, elles utilisent des branchies qui leur permettent de filtrer l'oxygène. Sortie de l'eau, elles perdent leurs branchies et deviennent entièrement terrestre. Il leur faudra encore attendre 2 à 4 ans pour pouvoir se reproduire à leur tour. Fait surprenant, une femelle est capable de conserver tout au long de sa vie le sperme d'un mâle si l'accouplement et la mise au monde des larves se sont bien déroulés.

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Aux premières gelées, les salamandres partent en hibernation. Elles s'enfouissent alors dans la végétation, dans la terre ou dans des galeries de mammifères abandonnées. On peut aussi à l'occasion les voir dans les cavernes ou dans les caves. Si les conditions le permettent, on peut pendant l'hiver observer des individus sortir si la température avoisine les 10°C et plus ce qui reste rare. Fidèles à leur site d'hivernage, elles y reviennent années après années, ce qui assure d'en voir régulièrement quand on sait qu'un individu peut vivre 10 à 15 ans même si la littérature scientifique relève des cas d'animaux ayant dépassés en milieu naturel les 30 ans.

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Côté alimentation, bien que epu agiles et lentes voire même très lentes, ce sont de véritables chasseresses. Carnivores, elles prédatent les invertébrés qui aiment les milieux humides. Cloportes, araignées, limaces et autres vers de terre sont au menu, ainsi que des animaux plus massifs si l'occasion se présente et qui sont capturés à l'aide de leurs dents pointues là où les organismes plus petits sont attrapés avec la langue en affût. Adultes, elles ne connaîssent pas de prédateurs en raison de leur toxicité que rappelle sa couleur d'avertissement. Leur venin provient de ses glandes parotoïdes, bien visible à l'arrière de la tête et qui se manifestent par des petits points noirs. On retrouve également des glandes à venin sur le dos et plus sporadiquement sous la peau épaisse et brillante. Les alcaloïdes secrètés sont non seulement toxiques pour les animaux qui tente de croquer une salamandre, mais aussi pour les champignons et bactéries qui peuvent s'attaquer à sa peau fragile.

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D'ailleur, ce sont des animaux protégés, en pleine régression et qu'il ne faut jamais manipuler, hormis s'ils sont en situation de danger. Dans ce cas on prendra le soin de les porter le moins possible et de toujours les prendre avec des mains humides, dénuées de plaîts et bien propres, la peau humaine pouvant communiquer des malades mortelles pour les amphibiens. On exclura bien sûr les aquariums dans lesquels on installera des larves de salamandres, cette habitude étant plus que préjudiciable aux animaux. Si on a la chance d'habiter non loin d'un espace forestier, on s'attachera plutôt ppour les favoriser à leur faire dans le jardin un petit coin de paradis en créant une mare aux pentes douces, en favorisant des haies aux essences locales et en laissant ici et là des tas de matières organiques (feuilles, branches ...) qu'on laissera se faire peupler par la faune au rythme des saisons.

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Des les bois, les salamandes ne sont pas les seules à partir en vadrouille, le crapaud commun (Bufo bufo) est de sortie. Nocturne comme sa cousine, il n'est pas là pour les amours mais pour se nourrir. Bien qu'appartenant tous deux à la classe des amphibiens, ils ne sont pas de la même famille. Ils ont cependant pour point commun leurs glandes à venin.

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La salamandre se trouve chez les Salamandridae et dans le genre des Salamndra. Le crapaud commun pour sa part se range chez les Bufonidae et dans le genre Bufo. Pour en revenir à ce dernier, c'est un animal de belle taille avec des femelles qui peuvent dépasser 11 centimètres, en faisant le plus gros crapaud d'Europe. Là où sa cousine jaune et noire est associé aux rois et à l'alchimie, la culture populaire fait de lui le compagnon des sorcières. Cuisiné, utilisé entier ou en morceaux dans des filtres, il serait un ingrédient indispensable pour ensorceler les imprudents et les malchanceux. Il était même parfois désigné comme animal de compagnie pour les diaboliques. Si aujourd'hui c'est un animal protégé, on continue de l'employer dans l'imaginaire et lors des fêtes en particulier pour Halloween.

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Lors de cette soirée, nous tombons sur une découverte macabre. Dans le bois, de nombreux fils barbelés de prison (oui oui !) sont balancés à la volée à même le sol, résultat du choix politique d'une copropriété aux idées aberrantes. À quelques pas de ceux-ci, la dépouille d'un hérisson d'Europe (Erinaceus europaeus). Nous en trouverons une plus loin en contrebas du boisement. Il n'est pas possible d'établir un lien entre l'animal mort trouvé et le barbelé mais il est légitime de se poser des questions, d'autant plus que le dit fil barbelé a été balancé sans ménagement dans une mare forestière peuplée de larves de salamandres et de tritons. De quoi enrager, car au-delà du danger pour la faune et de la pollution du site, c'est aussi l'intégrité des personnes qui est en jeu.

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Ce n'est pas la seule menace qui pèse sur les amphibiens pour revenir à eux. Faisons un bon dans le temps dans l'espace et le temsp pour nous rendre sur l'Île de la Table Ronde à la fin du printemps. Dans certaines des mares, d'étranges phénomènes se produisent. Des grenouilles de couleur jaunes voire blanches font leur apparition, au même titre que des pontes blanches de grenouilles de type vertes (Pelophylax kl. esculentus). On pourrait croire qu'il s'agit d'un tour de jeu de la nature, de la génétique ou du climat, le gel pouvant donner cet aspect à une ponte. Il semblerait qu'il n'en soit rien est que le responsable soit un champignon microscopique, Batrachochytrium dendrobatidis appelé parfois Bd.

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Ce champignon est la terreurs des amphibiens. De par le monde, on estime 50 à 90 le nombre d'espèces disparues à cause de ce dernier. Conduisant à l'apparition de nécroses et de la mort en moins de deux semaines par crise cardiaque des animaux, ses forment les plus virulentes se sont répandues à travers le monde par le commercialisation à échelle mondiale d'un test de grossesse utilisant des oeufs de grenouilles touché par une forme particulièrement virulente de Batrachochytrium dendrobatidis, celui-ci étant naturellement présent dans une grande partie du monde. Cela ne fait que 10 ans qu'il est présent en France mais cause déjà bien des dégâts. Une souche proche, Batrachochytrium salamandrivorans, à conduit au Pays Bas à la disparition de plus de 90% des populations de salamandres, faisant craindre le pire pour nos populations si celui-ci arrive sur notre territoire.

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Une autre espèce, rare et protégée partage le site bien qu'elle ne soit pas aquatique. La fougère langue de serpent (Ophioglossum vulgatum) est une plante superbe et portant plus que bien son nom avec sa longue fronde.

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Des centaines de pieds couvrent la petite clairière dans laquelle se trouve la mare. Il s'agit d'une des plus grandes populations du Rhône. Sur la fronde fertile enroulée dans la fronde stérile ressemblant à une feuille, des sporanges c'est à dire des sacs de spores permettent à la fougère de se reproduire. C'est de la rencontre entre deux spores dans un milieu humide qui donne naissance à un nouvel individu. Pour espérer la trouver, il faut chercher les sols à tendance calcaire, immergés par intermittence ou du moins humides une partie de l'année, de préférence du côté des prairies, des fossés et des bords de forêts tempérés. Sa réputation de plante magique lui a valu au Moyen Âge et à la Renaissance d'être utilisée comme ingrédient vulnéraire dans les baumes pour soigner les plaies.

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C'est sur ces images de la faune et de la flore de l'Île de la Table Ronde que se termine ce portrait d'espèce. Les salamandres jaunes et noires sont des animaux fascinants, et il y a bien encore à apprendre sur eux, ne serait-ce que leur cycle de vie avec leurs mues, chose que j'ignorais, leur système de reproduction qui en fonction des airs où elle se trouve peut différer ou encore à travers leur paterne de tâches, propre à chaque individu et permettant de les identifier sans à avoir à faire un marquage impactant sur les animaux (section d'un doigt par exemple).

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14 décembre 2019

Sortie dans les marais 16.

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C'est le week-end ! Le soleil brille dans le ciel et l'air ambiant est doux malgré que nous soyoons en automne. Il faut en profiter. Nous voilà donc partis en direction Miribel Jonage, un ensemble de grands lacs formés par l'extraction des graviers issus de l'ancien lit du Rhône. D'ailleurs, la carrière est toujours en fonction et chaque fillon exploité à vocation à finir en étendue d'eau. Si une partie du plus grand étang est dédié à l'homme et à ses activités ludiques à travers une grande base nautique équipée entre autre d'un golf et de pontons à bateau, le reste de l'espace est relativement calme et seuls les promeneurs et les pêcheurs s'y aventurent. Cela en fait donc un avre de pais pour de nombreuses espèces, en particulier pour les oiseaux hivernants qui y trouvent refuges. Enfin, c'est un corridor écologique qui permet aux animaux revenants du sud de prendre repos dans leur périple avant de continuer leur traversée qui, entre autre, relie le fleuve Rhône aux zones humides de la Dombe.

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Entrés dans la lisère, nous tombons sur deux espèces que j'aime beaucoup. À gauche il s'agit de l'aubépine monogyne (Crataegus monogyna) aux beaux fruits rouges et à la floraison mellifère. Pour rester dans les odeurs, à droite il s'agit du calament nepeta (Clinopodium nepeta), plante très parfumée aux fleurs violines utilisée en Corse comme herbe aromatique dans la cuisine, chose que l'on ne retrouve pas sur le continent.

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Une jolie liane aux baies rouges s'enroule sans faire de mal au branches des buissons qui bordent le chemin. Il s'agit du tamier commun (Dioscorea communis) qui à cette période de l'années des feuilles jaunes en forme de coeur.

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Surnommé sinistrement herbe aux femmes battues, il était employé pour dissimuler les hématomes et autres bleus. Entièrement toxique, les jeunes pousses peuvent être toute fois consommées après avoir été récoltées au printemps puis passées dans au moins deux eaux de cuisson distinctes. Elles sont alors accommodées comme des asperges.On les connaît alors sous le nom de respountchous et sont assez prisées dans le sud de la France. On ne serait réserver le même traitement aux fruits ou au tubercules qui, dangereux par ingestions, peuvent également provoquer des dermites s'ils sont trop manipulés à main nue voire même des ampoules là où ils ont été en contact avec la peau.

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Sur un vieux champignon de bois, un bout de mue de serpent. Il s'agit des écaille ventrales, reconnaissables à leur grande taille et que l'on appel parfois gastrosteges. Composées de kératine à l'instar de nos ongles, elles protègent le corps du reptile, retiennent l'humidité et l'aident même à se mouvoir. La mue intervient à différents âges de l'animal. Celui-ci doit le plus souvent gêner pour pouvoir sortir de son ancienne peau avec aisance.

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En parlant de champignon, le voici. Il s'agit peut être d'un polypore hérissé (Inonotus hispidus) dont la carpophore délavé par la pluie lui confère un aspect blanc.  Poussant sur le tronc tombé à terre d'un peuplier noir (Populus nigra), il est connu pour s'installer souvent sur les vieux fruitiers, en particulier les pommiers (Malus sp.). Quand il est encore frais, il présente un chapeau roux et brun velouté, presque poilu.

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Sur le lac, plus de 500 foulques macroules (Fulica atra) se ressemblent en grand bancs. Nous sommes pliés de rire à les observer. Outre le vacarne, les osieaux se divisent en petits groupes tournants sur eux mêmes avant de se réunir, semblant au loin à des radeaux à la dérive. En période de reproduction il en est tout autre chose, les mâles devenant très territoriaux et ne laissant approcher que certaines femelles dans l'espoir de les courtiser.

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Pafois confondue avec le poule d'eau (Gallinula chloropus), on la différencie par son bec blanc et la tâche de la même couleur qui orne son front, ainsi que sa grande dimension et ses pattes aux larges doigts gris. Omnivore, on l'observe souvent à se nourrir de végétaux  attrapés dans le fond vaseux. Elle peut également se nourrir des petits invertébrés qu'elle glane dans les algues ou sur les rives des plans d'eau calmes qu'elle aime investir.

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Fendant le ciel, trois cigognes blanches (Ciconia ciconia) nous survolent. Elles viennent de la Dombe, où certaines d'entre-elles s'y sont établies pour l'année. Les prés semi-immergés, les marais, les champs retournés et les étangs aux berges en pente douce sont des lieux idéaux pour qu'elles puissent mener leurs chasses sans peine. Poissons, grenouilles, scarabées, mouches, petites rongeurs ... le choix est plus que large.

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Le calme plat est troublé par l'agitation d'une famille de cygnes tuberculés (Cygnus olor). Les petits, encore incapables de voler, déploient leurs ailes et encouragés par leurs parents, les battent de toutes leurs force, les plumes blanches détonnant avec le duvet gris qui recouvre ces gros poussins devenus adolescents. Il leur faudra , pour les parent, attendre en tout et pour tout 4 à 5 mois pour voir les cygnons s'élever dans les airs.

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Depuis le belvédère de l'étang des pêcheurs, deux géants nous attendent. À gauche, isolé et vêtu de cendre, le héron cendré (Ardea cinerea) qui semble jeune à la vue de son bec clair et des plumes plutôt claires de sa calotte.

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En dessous, trois grandes aigrettes (Adrea alba) donnent le change. Si on connaît le gracile volatile avant tout par sa blancheur, on oublie trop souvent que la belle prend des teintes marquées à la période des amours. Les tibias rougissent et le beau bec jaune devient plus verdâtre voire gris. Cependant cela ne se retrouve que chez une seule sous-espèce, Adrea alba alba qui est la plus commune des quatre grandes aigrettes que l'on retrouve sur le globe. Bonne chasseuse, son régime alimentaire est plus varié et comporte aussi bien des petits poissons que des grenouilles, des reptiles, des larves ou des insectes massifs, celle-ci n'hésitant pas à chercher dans les champs inondés les campagnols poussés par les galeries immergées à remonter à la surface.

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Pas moins de 13 tortues de Floride (Trachemys scripta elegans) barbottent dans les eaux claires de Miribel Jonage. Avec leurs tempes rouges, on ne peut les confondre avec aucune autre espèce indigène. Bien que très belles, ces américaines arrivées chez nous depuis une quarantaine d'années mettent à mal la faune en prenant le pas sur les tortues locales que ce soit pour les sites de pontes ou pour les ressources alimentaires.

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Une grenouille du type verte (Pelophylax sp.) partage le même milieu. C'est l'un des rares amphibiens à passer la majeur partie de son temps dans les mares. À l'arrivée de l'hiver, elle s'enfouie dans la vase pour hiverner, ne respirant alors que par sa peau. Sa cousine canadienne la grenouille des bois (Lithobates sylvaticus) est encore plus incroyable, ayant la capacité de geler intégralement avant de revenir à la vie quand arrive le printemps.

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Deux espèces de lézards se tirent la vedette. À gauche, le lézard de murailles (Podarcis muralis) qui sur un vieux mur réchauffe sa carcasse avant de partir à la chasse aux araignées et aux sauterelles. Non loin de là, dans un pique-nique abandonné sans aucune honte ce qui est hallucinant, un lézard vert à deux raies (Lacerta bilineata) fait festin d'une grappe de raisin bien qu'il aime tout autant croquer des insectes.

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Défilé de gobes mouches noirs (Ficedula hypoleuca). C'est bien simple, ils sont de partout à en ce retour de migration. Passant par la France pour regagner ses appartements d'hiver en Afrique occidentale après avoir niché dans le Nord de l'Europe, parfois même en France bien que cela soit relativement rare. Sa reproduction est très rapide, la femelle couvant 13 à 15 jours et le couplant menant à terme la portée en 12 à 17 jours.

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C'est dans une cavité (souvent de pic), que les oeufs bleus au nombre de 5 à 8 sont pondus. Fin juin voire début juillet, les nids sont désertés et les petits apprennent à faire leurs armes. C'est alors le moment de redescendre sous des latitudes plus clémentes. C'est ainsi qu'au début de l'automne les gobes mouches noirs abandonnent leurs belles couleurs pour adopter un plumage gris plus discret qui leur permet de passer inaperçu.

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Le Silène (Brintesia circe) est un papillon brun de belle taille qui à la particularité de partager son nom à la fois avec des plantes herbacées de la famille des Caryophyllaceae, un singe indonésien au pelage noir (Macaca silenus) et un satyre, demi-dieu personnifiant l'Ivresse. Percepteur du dieu Dionysos, on le fait souvent naître des amours d'Hermés mais aussi de Pan et d'une nymphe, de Pan et de Gaïa ou de Gaïa et d'Ourannos.

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Les oiseaux ont peut être déserté les nichoirs, mais les berges restent pleines de vie. Les castors d'Europe (Castor fiber) sont à l'oeuvre. Plutôt nocturnes, on peut parfois les observer en journée. Si l'été ils se nourrissent de jeunes pousses, ils se tournent assez volontiers le reste du temps vers les écorces, les jeunes branches et les feuillages qu'ils atteignent en faisant tomber à la force de leurs dans les troncs d'arbres au bois tendre.

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Voilà un des grands mal aimés du moment, le grand cormoran (Phalacrocorax carbo). Accusé de voler le poisson des pêcheurs, ses populations sont tombées au plus bas. Protégé, il a pu remonter doucement la pente bien qu'aujourd'hui il fasse l'objet à nouveau de tirs important, bien que nombreuses études tendent à prouver que l'oiseau ne pêche pas les mêmes espèces que celles prisées par les pêcheurs de loisirs et les pêcheurs professionnels. Reste le problème des piscicultures, ou bien des moyens autres que le tir peuvent être mis en place. Sur la dizaines de cormorans en pêche observés ce jour là, tous se nourrissaient de poissons chat américain (Ameiurus melas), une espèce invasive qui diminue l'effectif des autres espèces de poissons. La solution au problème est là, sous nos yeux, et nous ne trouvons rien de mieux que de lui tirer dessus.

C'est sur ce constat triste mais aussi, l'observation plus joyeuse d'un bongios nain (Ixobrychus minutus) et d'une mouette pygmée (Hydrocoloeus minutus), deux espèces peu communes, que nous achevons notre ballade d'une journée. Marcher au rythme des oiseaux, dans des aires de nature calmes et encore ensauvagées est un bonheur, malgré les tirs rapprochés ça et là qui nous ont pas endroits fait prendre la fuite.

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7 décembre 2019

3e édition du forum Mycélium : des champignons et de l'agriculture.

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Troisième édition du forum Mycélium pour moi. Cette année, je suis là sur presque l'intégralité de l'évènement, un vrai bonheur. Nous avons eu des moments forts, une superbe équipe qui a fait une installation de fou et surtout, de très belles rencontre. Pour ma part je suis intervenue en conférence sur la thématique "Les étranges amours entre animaux et champignons'' pour évoquer le lien entre monde fongique et monde animal.

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L'ami Joseph est là, avec ces magnifiques photos en macro qu'il aime partager sur les réseaux et qu'il a pour l'occasion édité en format papier. Pas besoin pour lui de longues

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marches, il sait avec l'aide de ses chiens débusquer les merveilles de la nature qui sont là, à quelques pieds de nous le long des chemins. Recréant en intérieur avec brio des paysages forestiers et lilliputiens où évoluent lichens, insectes, fleurs et autres champignons, il fait découvrir à qui le veut son studio photo qui bien souvent, tient sur la même surface que celle d'une feuille A4. Traînant ses savates entre le Rhône et la Loire, il dresse fidèlement un portrait de la fonge et de la flore des forêts locales composées bien souvent de feuillus. Joseph n'est pas seul à exposer, on retrouve aussi Héléna avec ses ateliers mycorhizés et Gérald avec son incroyable collection de cristaux qu'il extrait lui même des entrailles du sol ardéchois, faisant apparaître des merveilles dans la mousse de l'exposition de champignons de 300 espèces.

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Pour ma part, j'anime un petit atelier enfants. Mémory, jeux de société, manipulations d'objets sur le lien oiseaux-champignons, construction de cabanes et de vrais-faux nids en lichens, ballades dans le bout de campagne ... il y a de quoi faire sans compter les nombreux jeux créer par divers membres de notre association, le Mycorium Sauvage que vous pouvez retouver sur internet ICI  mais aussi sur les réseaux sociaux juste .

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2 heures du matin, nous terminons la mise en place de l'exposition. Les amanites sont reines. Sous une amanite tue-mouche géante trônant dans le fond de la salle, vestige du char de cet été dédié aux champignons, une multitude d'Amanita ont fleurie dans un tapis de mousse. Vous vous doutez bien, Amanita muscaria est au coeur de mes compositions, celle-ci attirant par son incroyable chapeau rouge et blanc tous les regards.

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Nous n'en avons pas encore trouvé beaucoup. Le cèpe de Bordeaux (Boletus edulis) déchaîne les passiosn et comme l'indique son autre nom de cèpe du Périgord, il est revendiqué comme emblématique de nombreux territoires, bien que ce soit dans le sud-ouets qu'il soit le plus commun.

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Recherché, ce bolet fait parti du club très fermé des quatre cèpes qu'il compose avec le cèpe des pins (Boletus pinophilus), le cèpe bronzé (Boletus aereus) et le cèpe d'été (Boletus aestivalis). Comme en mathématique avec la fameuse maxime "tous les carrés sont des rectangles sont des rectangles mais tous les rectangles ne sont pas des carrés", tous les cèpes sont des bolets mais tous les bolets ne sont pas des cèpes. Pour revenir au cèpe de Bordeaux, on le reconnaît à son chapeau brun, parfois chamois, à son pied blanc faiblement veiné et par le parfum délicat de sa chair. Excellent comestible, on peut le cuisiner braisé, en carpaccio cru, à la crème, en ragoût, grillé ou en papillote dans un feu de bois.

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On voilà deux que je découvre pour la première fois, et bien que leur nom vernaculaire soit le même, ils ne sont pas placés sur la même branche dans la classification phylogénétique. À gauche, un tricholome âpre (Tricholoma acerbum), champignon rare et très médiocre comestible en raison de son goût appartenant aux Tricholomataceae. À droite, le tricholome aggrégé (Lyophyllum decastes), un comestible de la famille des Lyophyllaceae.

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La collybie visqueuse (Oudemansiella mucida) est magnifique. Blanche voire même translucide, elle semble constamment couverte de rosée. Elle apprécie les troncs de hêtres affaiblis ou morts sur lesquels elle se développe pendant l'été et l'automne. Piètre comestible, il vaut mieux la laisser dans la nature, son goût étant piètre tout comme son pied certes grêle mais coriace et sa chair à la consistance molle.

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Pose dans le week-end. 37 milans royaux (Milvus milvus) nous survolent, un instant magique. Il y a fort à parier qu'ils partent tous dans la même direction, le Massif Central. Là bas, il n'est pas rare de voir un millier d'oiseaux réunis en un grand dortoir, une partie d'entre-eux utilisant le site pour se reposer avant de partir en Afrique, l'autre y séjournant tout l'hiver avant de repartir dans le nord quand le printemps arrive.

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Les journées sont riches et bien occupées, les nuits aussi, et donc pas ou du moins, peu de reportage photo pour cette année. Cependant vous pouvez retrouver l'intégralité de l'événement en ligne sur le site et encore mieux, pour une adhésion à l'association du Mycorium Sauvage, vous pourrez bientôt retrouver les vidéos de l'édition 2018 et 2019 de tous les intervenants traitant des liens entre champignons, animaux, culture, agriculture etc.

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30 novembre 2019

Sortie en montagne 29.

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La Charteuse, le Charmant Som ... notre été aura été dédié à ce petit sommet. Cette fois-ci nous ne sommes pas seuls mais accompagnés d'un couple d'amis.

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Ce sont amoureux de la nature et de la randonnée, d'ailleurs nous sommes bien loin d'avoir leur niveau. Objectif ? Toujours la grande faune et les rapaces mais cette fois-ci nous sommes plus attirés par les plantes de herbages et de montagne. Comestibles ou non, c'est le bon moment pour partir observer les espèces à la floraison tardive et que l'on prend trop peu souvent le temps de regarder.

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Les mouflons méditerranéens (Ovis Orientalis) sont fidèles au poste. Trois femelles en contre-bas broutent tranquillement. À notre arrivée, elles prennent le temps d'évaluer la menace que nous sommes. Nous ne bougeons pas. Doucement, elles s'éloignent du sentier pour partir plus loin. D'ordinaire peu farouches, l'ouverture de la chasse rend nerveux ces animaux introduits localement pour répondre à la demande des A.C.C.A.

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Cette fois-ci ce ne sont pas les fleurs jaunes de l'herbe à sous appelée vulnéraire des Chartreux (Hypericum nummularium) qui attire mon attention, mais les jeunes feuilles bien vertes et rondes qui lui ont valu son nom. Endémique des Alpes et des Pyrénées, elle est courante dans les lapiaz, formations rocheuses apparues suite à l'érosion de la pluie et formant des crevasses de pierre débouchant souvent dans des galeries souterraines.

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Dans un tapis de myrtilles, un lactaire pousse. Pied orangé, haute altitude et conifères à proximité, on a vite fait de crier au lactaire délicieux. Pourtant il faut bien plus d'éléments pour permettre une bonne identification, car il n'y a pas moins de 6 espèces dans le secteur qui se confondent et qui ne peuvent être déterminées que par leur arbre hôte.

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La présence de sapins blancs (Abies alba), d'un sol à tendance calcaire et la période de l'année, ainsi que les motifs sur le peid et le verdissement des chairs permettent de déterminer qu'il s'agit ici du lactaire couleur saumon (Lactarius salmonicolor), un piètre comestible à l'odeur et a ugoût de résineux et qui serait semble-t-il, indigeste chez de nombreuses personnes. Il m'arrive parfois de le consommer mais toujours grillé, souvent sous forme de chips. En prospection je trouve parfois son cousin le lactaire de l'épicéa (Lactarius deterrimus) ayant la même réputation.

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En parlant des myrtilles (Vaccinium myrtillus), les voicis. D'ordinaire, c'est une espèce qui se développe sur des sols acides, ce qui explique leur faible nombre et l'état quelques peu défraîchit de certains plants. Connue dans les Ardennes, ou dans le Pilat, la récolte des myrtilles ne fait pas partie des traditions de Chartreuse même si on peut trouver de nombreuses préparations à base de ce petit fruit. La framboise y est bien plus commune.

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Belel surprise, au pied d'un gros bloc de roche, une pleurote corne d'abondance (Pleurotus cornucopiae) . Comestible, c'est un champignon qui pousse souvent en groupe. 

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Poussant sur le bois mort, que cela soit des branches, des troncs ou de souches, il peut devenir rapidement imposant avec un chapeau blanc crème pouvant atteindre comme ici 10 à 12 centimètres. Cependant les gros exemplaires sont souvent coriaces et leur chair est facilement colonisée par les vermisseaux. Il s'identifit aussi via son pied couvert d'un ensemble de réseau brun formé par les lamelles qui se prolongent sur le pied, par sa chair filandreuse à la saveur douce et à l'odeur de farine et à sa forme d'entonoire. Productif, il connaît une importante poussée au printemps puis à l'automne. On le trouve désormais dans le commerce, sa culture étant simple et peu onéreuse, de nombreux cultivars ayant été développés.

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Arrivés au sommet, un petit groupe de chocards à bec jaune (Pyrrhocorax graculus) nous rejoignent. Constatent l'absence de pique-nique dans nos sacs et le fait que nous ne comptions pas partager notre casse-dalle d'acension, ils nous abandonne au profit d'une pente herbeuse riche en insectes caprophages suite au passage d'un troupeau de chèvres et au nombreuses bouses des vaches d'alpages pâturant sur le secteur.

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Emblème des montagnes, la carline acaule (Carlina acaulis). On ne serait la traiter de chardon, mais reste une proche cousine de ces derniers. Protégée en France, on continue dans certains patelins de l'utiliser pour décor les portes des maisons mais aussi, de consommer les boutons floraux comme on pourrait le faire avec de jeunes artichauts, ce qui ne va pas sans participer à la diminution voire disparition de l'espèce.

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Il est temps de descendre dans la plaine, non sans jeter un dernier coup d'oeil au monastère de la Grande Chartreuse et sans avoir fait le plein de Serac à la fromagerie et avoir pris en coulis de framboise de quoi tenir tout l'hiver, n'ayant pas eu la chance de pouvoir partir faire nos récoltes estivales comme nous aimons tant le faire. La prochaine montée sera pour le printemps 2020, quand la chasse sera finie et le manteau neigeux parti.

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16 novembre 2019

Sortie dans les marais 15 : le lac du Bourget.

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Le temps est bien gris pour cette rapdie excursion. Pour quelques jours en Isère, nous décidons de partir du côté du lac du Bourget en Savoie pour tenter notre chance et observer des espèces remarquables qui sont plus que discrètes voire absentes dans le Rhône. Les grands cormorans et les laridés (mouettes et goélands) sont bien présents, mais nous espérons avant tout approcher de graciles échassiers et des petits passereaux des milieux humides, des oiseaux que nous ne voyons que trop peu souvent. Pour se faire nous sommes équipés de notre longue vue et d'une bonne paire de jumelles pour assurer le plus de tranquillité possible aux animaux. Déçus par le comportement de certains des observateurs et photographes de l'affût du château Thomas, nous nous tournons vers une des bases de loisirs aux grands herbiers. Outre le calme du secteur, nous y ferrons nos plus belles observations de la semaine et possibles sur le site.

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Bel oiseau n'est-ce pas. Il s'agit d'une toute jeune bergeronette grise (Motacilla alba) qui attend sagement ses parents sur une branche pour être nourrie. Posée dans une bourdaine (Frangula alnus), ce ne sont pas les fruits de l'arbuste qui suscite son intérêt mais les insectes qui composent la majeur partie de son régime alimentaire.

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Après de longues minutes à attendre, la jeune bergeronette est récompensée par l'arrivée providentielle d'un de ses deux géniteurs. Bec bien ouvert et gorge bien visible pour montrer à celui-ci que la faim se fait sentir, et en une bouchée les arthropodes durement récoltés sont avalés. Chez certaines espèces, les parents peuvent être amenés à réaliser 200 à 500 allers-retours dans une journée pour nourrir leur progéniture. Heureusement pour cette famille de bergeronettes grises, il semble que l'indépendance des oiseaux est sur le point d'arriver.

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Voici un autre oiseau que nous adorons et que nous avons pu surprendre à nourrir un de ses petits posé dans la phragmitraie, le martin pêcheur d'Europe (Alcedo atthis). Le bleu éclatant de ses plumes est un bleu structurel, c'est à dire que les plumes ne contiennent aucuns pigments de cette couleur, celle-ci venant de la structure même des plumes qui reflètent la lumière bleue. Depuis peu, un jeune mâle à élu domicile sur un tronçon de l'Yzeron situé au pied de chez nous, pour notre plus grand bonheur. Le bec entièrement noir indique qu'il s'agît d'un mâle.

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Pour en revenir aux échassiers, en voici deux de belle taille qui figurent parmi les plus grands oiseaux de France si on en s'en tient à leur port. À gauche, un jeune héron cendré (Ardea cinerea) qui adulte atteindra avec un peu de chance 98 centimètres et à droite, la grande aigrette (Adrea alba) reconnaissable à son plumage blanc et à son long bec jeune. Appartenant à la famille des hérons, elle peut atteindre 104 centimètres. Pour voir aussi grand si ce n'est plus, il faut se tourner vers les grues cendrées (Grus grus) avec 114 centimètre, les cigognes noires (Ciconia nigra) avec 100 centimètres, les cigognes blanches (Ciconia ciconia) avec 102 centimètres et enfin, les flamants roses (Phoenicopterus roseus) avec 127 centimètres. De vrais géants des milieux lacustres.

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Il était là ou plutôt, ils étaient là. Trois bongios nains (Ixobrychus minutus), ultime rareté du lac du Bourget bien que ça ne soit pas la seule. Nous ne boudons pas notre plaisir, les oiseaux jouant leur cinéma pendant de longues minutes. Petite taille, corps beige, ailes noires laissant entrevoir de grandes tâches blanches quand elles sont ouvertes, le doute n'est plus permis. Après avoir vu un des plus grands hérons d'Europe avec l'aigrette blanche, en voici le plus petit. Très rare en France où on compte une centaine de couples sur tout le pays, il est en nette régression. La photo n'est pas des plus belles mais nous ne voulions pas déranger outre mesure les oiseaux.

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La journée ne serait se finir ainsi. Non loin de là, nous croisons un fuligule milouin (Aythya ferina) à la tête et à l'oeil rouges caractéristiques. Tranquillement posé sur un tronc immergé, il se trouve à quelques mètres d'un drôle d'enclos. Entièrement couvert de fillets, il abrite une importante population de tortues, des cistudes d'Europe (Emys orbicularis). Espèce disparue à l'échelle locale, elle fait l'objet d'un programme de réintroduction.

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Pour bien terminer la journée, nous tombons en regagnant notre voiture sur une jolie population d'oreilles de Judas (Auricularia auricula-judae). Ces champignons de la famille des champignons noirs asiatiques sont comestibles. Le plus souvent je les sèche pour les utiliser par la suite dans les soupes, les rouleaux de printemps ou les sauces, ceux-ci pouvant gélifier un peu les préparations leur donnant ainsi plus de consistance.

Fin de partie, il faudra désormais attendre un peu pour revenir sur le lac. Lh'iver et ses osieaux hivernants semble un moment propice et même plein de promesses pour revenir en observation, en particulier au petit matin quand les promeneurs sont rares à venir affronter le froid et la bise qui peuvent faire rage ici. 

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9 novembre 2019

Sortie en montagne 28 : retour en Chartreuse.

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Nous voilà partis à l'ascension du Charmant Som, une fois de plus. Arrivés un peu avant 7 heures du matin, nous espérons pouvoir observer la grande faune qui peuple ce sommet facile d'accès et très fréquenté. Chamois, mouflons, marmottes ... nous croisons quelques unes des figures animales qui peuplent les montagnes de Chartreuse, certaines depuis plus longtemps que d'autres. C'est aussi l'occasion de tester pour nous notre nouveau matériel qui nous permet d'observer les animaux sans les déranger, chose qui n'est pas toujours aisée, même pour les plus grands passionnés. Nous cheminerons jusqu'aux douze coups de midi, au moment où l'averse viendra nous ramener à notre auto et à la chaleur du salon familial, non sans être passés prendre une bonne tasse de chocolat chaud à la célèbre ferme de l'alpage.

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Pas moins de 17 chamois (Rupicapra rupicapra) nous attendaient sachegement sur les falaises abruptes. Tranquilles, nous approchons au rythme des animaux qui pâturent pour certains sur le chemin, afin de leur laisser le temps de s'éloigner sur les éboulis sans rien craindre. La plupart des femelles sont accompagnées de leurs cabris, ce qui donne des instants de vie sublimes à observer comme la course-poursuite de cette petite troupe.

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L'été est la période où les chamois accumulent le plus de réserves, à l'entrée de l'automne et les plus gros mâles peuvent atteindre 40 kilos. Autre signe de dimorphisme sexuel, les cornes chez ces derniers peuvent atteindre 27 centimètres. Celles des femelles, comme sur cette photo, sont toujours plus petites. C'est un vrai plaisir de voir cet animal en montagne qui à l'automne se fait discret, celui-ci étant chassé sur le domaine montagnard.

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La récompense de cette grimpette est toujours aussi belle. Devant nos yeux, le Vercors se dessine à perte de vue. La plaine de Grenoble, les aux massifs savoyards, Belledone ... ce sont là quelques unes des merveilles que nous observons et que nous explorerons, je l'espère pour l'année 2020, avec pour objectif de découvrir les rapaces des Alpes et de mettre dans le viseur de notre longue vue le gypaète barbu (Gypaetus barbatus).

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J'aime toujours la vulnéraire (Hypericum nummularium) ce millepertuis endémique des Pyrénées mais aussi des Alpes françaises, appelé aussi millepertuis à sous en raison de la forme de ses feuilles, et dont on tire une liqueur propre au massif de Chartreuse. Elle aime les sols calcaires et pousse le plus souvent à même la roche, dans les infractiosités de la roche, les failles et le plus souvent, sur les falaises ce qui le rend parfois difficile d'accès. Protégé, ce millepertuis ne se récolte que sous certaines conditions bien précises. En Isère par exemple, on ne peut cueillir que 100 brins de vulnéraire, toujours à l'aide d'un sécateur poour ne pas endommager de trop la plante. Dans la confection d'alcools locaux, on emploi le plus souvent les brins fleuris. On peut également l'utiliser en infusion, cependant on prendra garde de le faire sans connaître la posologie ni sans en avertir son médecin si on est sous traitement médicamenteux, la consommation du millepertuis étant incompatible avec l'utilisation de la pilule, de traitements soignants les états dépressifs, le VIH, la bipolarité etc.

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Autre plante emblématique de nos moyennes montanges, le sureau rouge (Sambucus racemosa), un arbuste de petite taille produisant des grappes de fruits rouges attrayantes pour les osieaux qui s'en nourrissent à l'arrive de la saison froide. Riches en pectines, les fruits mélangés à d'autres sont utilisées pour la confection de gelées et de confitures. On prendra cependant garde à retirer les baies non mures ainsi que les graines contenant des hétérosides cyanogènes pouvant avoir des effets néfastes sur l'organisme.

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Vaillante, une marmotte des Alpes (Marmota marmota) fait le guet sur un gros rocher. Selon le type de sifflements, elle indique à ses congénères s'il s'agit d'une menace qui vient du ciel ou qui se trouve sur le plancher des vaches. Dodus, les plus gros spécimens peuvent atteindre facilement 5 kilos et pour cause, l'espèce étant hivernante, il lui faut de bonnes provisions de graisse pour passer l'hiver sans à avoir sortir de son terrier.

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Le chamois n'est pas seul ici, le mouflon méditerranéen (Ovis Orientalis) peuple aussi les coteaux. Ce jour là, nous en verrons plus d'une cinquantaine. Peu farouches, ils ne sont pas originaire de Chartreuse mais y ont été introduis pour le plaisir de la chasse, ce que je dois l'avouer, me fait énormément tiquer. Outre le fait de l'impact non mesuré de l'espèce sur les milieux, ces animaux ne sont pas adaptés au paysage et il faut régulièrement importer de nouveaux individus, une perte d'argent qui met de plus à mal la question du bien-être animal.

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Je me doute bien en quoi l'animal fait figure de trophée, avec ses cornes impressionnantes. Cependant cela ne serait justifier sa présence dans nos montagne ni sa chasse. Hormis de grandes hardes de mâles, nous avons croisés de petits groupes de femelles accompagnées d'un ou plusieurs agneaux de l'année broutant tranquillement dans les alpages. Cette espèce, habituée aux steppes et milieux plutôt plats, à une préférence pour les herbes des milieux semi-désertiques. Actuellement nous sommes en plein dans le rut, les petits naissant aux alentours du printemps. Lors de notre randonnée estivale, nous avons pu entendre raisonner et observer de près les premiers combats chez trois mâles peu importunés par notre présence.

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Fait amusant, il semblerait que certains de ces mouflons soient en réalité des moutons domestiques (Ovis aries aries) retournés à l'état sauvage il y a 8000 ans de cela. L'étude des chromosomes et de l'ADN tend à valider de plus en plus sérieusement cette hypothèse, faisant apparaître que la domestication du mouton aurait connue deux foyers distincts en Eurasie. En reste un animal sublime qui serait bien mieux dans son milieu d'origine.

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En direction du sommet, en bord de falaise, nous prenons le temps d'admirer le monastère de la Grande Chartreuse. Construit dans le désert vert en raison de son sol qui ne retient pas l'eau malgré les nombreux jours de pluies, son fondateur Saint Bruno mené par l'évêque Hugues de Grenoble y fût attiré par le silence ambiant. 1000 ans plus tard, la règle y reste inchangée. Les moines font voeux de silence, n'échangeants entre eux qu'à des moments précis de la journée ou de la semaine, et une zone de silence entoure le monastère pour permettre le recueillement des membres de l'ordre mais aussi des auteurs célébres qui y passèrent comme Chateaubriand, Stendhal, Honoré de Balzac, Léon Bloy ou encore Alexandre Dumas.

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Au sommet, un drôle d'oiseau se présente à nous. L'accenteur mouchet (Prunella modularis) est un petit passereau brun à la tête joliment colorée de gris aux moeurs coquines. Quand plusieurs mâles se dispute une femelle et un territoire, c'est souvent au plus fort que revient le droit de copuler. Le ou les subalternes ont alors pour mission de nourrir la portée. On peut également le confondre avec l'accenteur alpin (Prunella colaris) au ventre orangé et qui à cette période de l'année, vit à des altitudes bien plus hautes.

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Autre oiseau incontournable, le chocard à bec jaune (Pyrrhocorax graculus).  Appelé à tort choucas, il aime les alpages de montagne et de haute montagne où il se nourrit principalement d'insectes mais aussi de graines, de fruits et parfois, des restes de repas des promeneurs peu délicats, à l'aide de son bec jaune petit et légèrement incurvé. Peu farouche, il s'approche l'hiver des habitations pour trouver de quoi se nourrir. 

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Grégaires, les oiseaux se regroupent en dortoirs pour passer la nuit. Ils peuvent également chercher leur nourriture ensemble ou se montrer plus solitaire. Côté reproduction, les couples sont le plus souvent observer seuls pendant la nidification, même si parfois ils peuvent être proches des uns des autres sans que l'on puisse véritablement parler de colonie comme on peut l'observer chez certains corbeaux ou chez les hérons.

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Si leur vol en grands groupes est toujours impressionnant, c'est surtout par leurs cris mélodieux qu'ils se font remarquer aux premiers abords, en particulier quand ils traversent la brume qui, au petit matin couvre les sommets. Présent sur tout le continent eurasien, il se trouve en Europe de l'ouest souvent entre 1200 et 300 mètres d'altitude. Côté Himalaya, il sera plutôt à des altitudes de 3000 à 5000 mètres.

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Pour rester dans la famille des corvidés, voici l'un des plus beaux et des plus grands que l'on peut rencontrer en France. Le grand corbeau (Corvus corax), est un oiseau atteignant un mètre d'envergue au plumage noir brillant. Ces cris rauques se font parfois entendre dans les boisement et les prairies alpines qu'il aime survoler, allant jusqu'à s'installer sur les bords de mer. Charognard, il peut également se nourrir d'insectes et de petits animaux, voire parfois de végétaux quand l'occasion se présente. Fidèle, le couple défend avec énergie son territoire.

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Sur le chemin du retour, nous sommes accompagnés par un visiteur surprise. Un jeune border collie abandonne le troupeau de chèvre de mène sa mère pour nuit suivre jusqu'à la ferme en contrebas. Joueur, il incarne sans mal le caractère si particulier de cette espèce utilisée non pas comme chien de garde mais comme chien de berger pour aider le berger à mener les bêtes.

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C'est une race documentée depuis le 17e siècle et qui prend naissance entre l'Ecosse et l'Angleterre, dans les grandes étendues herbeuses connues pour leurs troupeaux de moutons et pour les légendes. Il faudra cependant attendre 1982 pour qu'elle soit officiellement reconnue. Pour se faire des critères physiques et esthétiques sont reconnus mais aussi, liés au travail mené sur la conduite de troupeaux, seule race de chien à en bénéficier. Très affectueux, il est dépendant de son mettre et de son environnement, ne supportant la solitude. De ce fait on ne peut en faire un chien de compagnie à moins de le mener avec soi partout.

C'est donc sous bonne escorte que nous arrivons à notre point de départ. Le temps de prendre de la crème, de la tomme et du sérac, de prendre un bon chocolat chaud à l'abris de la pluie et de sécher nos pieds, et nous revoilà repartis. Cependant, nous serons bientôt de retour pour chercher cette fois-ci les fleurs de montagne.

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3 novembre 2019

Sortie dans les marais 14.

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Nous revoilà partis, cette fois-ci pour découvrir les milieux humides aux limites de l'Ain et de la Svoie, deux régions présentant une grande variété de milieux et d'habitats. La matinée se déroule au Marais de Lavour, connu pour ses populations de crapauds, des sonneurs à ventre jaune (Bombina variegata) entre autre. Bien que nous soyons chanceux en observant dès notre arrivée une famille d'écureuils roux (Sciurus vulgaris) fort bruyante et un martin pêcheur d'Europe (Alcedo atthis), le reste du parcours restera bien silencieux, les conditions météorologiques n'étant pas les plus propices pour faire de l'ornithologie. Néanmoins le circuit reste très agréable.

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Hélas, trois fois hélas, la balsamine de l'Himalaya (Impatiens glandulifera) est bien présente. Originaire d'Asie, elle s'est installée dans les zones humides, elle met à mal les milieux, modifiant leur nature et conduisant à la disparition de certaines espèces indigènes aussi bien végétales qu'animales. Cependant arracher des centaines de milieux de pieds dans les vasières, en plus d'être coûteux, n'est pas toujours possible laissant un goût amer face à l'empleur du désastre. Alors pour les abeilles, les orchidées, les plantes carnivores ou encore les oiseaux des roselières, mieux vaut ne pas l'implanter et la favoriser, bien que sa floraison soit superbe.

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Levons la tête au ciel. Pas moins de 43 cigognes blanches (Ciconia ciconia) tournoient dans le ciel. En pleine migration, elles se sont arrêtées pour la nuit dans un champs humide tout proche. Au petit matin, elles profitent de la chaleur et des thermiques pour s'élever dans les airs avant de reprendre leur voyage. Je peux vous assurer que le moment était incroyable et qu'il nous a permis d'inaugurer notre longue vue pour sa première sortie.

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Sur la plus haute branche d'un arbre mort, un pic épeiche (Dendrocopos major) mâle vient se poser pour lancer ses cris. En période de reproduction, il utilise aussi le tambourinage pour communiquer avec ses pairs, le plus souvent sur les troncs creux. Si on se fît à la fiche espèce sur oiseaux.net, un mâle n'ayant pas eu la chance de se reproduire dans la saison peut tambouriner jusqu'à 600 fois dans une journée, soit 3000 à 12000 coups dans la journée, autant dire que son bec est vite aiguisé. Pour amortir le choc et préserver ses neurones, l'oiseau possède une très longue langue qui a pour particularité d'entourer son cerveau, agissant comme un airbag.

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Une grenouille du type verte (Pelophylax sp.) émerge à la surface d'un des canaux. L'hybridation entre les différentes espèces de grenouilles locales avec la grenouille de Lessona (Pelophylax lessonae) ou encore la grenouille rieuse (Pelophylax ridibundus) mais aussi avec les grenouilles exogènes comme la grenouille sauteuse (Lithobates clamitans). La couleur des sacs vocaux, le chant, la taille et la ligne dorsale figurent parmi les critères d'identification les plus employés, mais l'identification ADN reste l'outil le plus sûr pour déterminer les hybridations entre espèces. Parmi celles-ci on trouve la grenouille verte (Pelophylax kl. esculentus) appelée aussi grenouille comestible et qui résulte du croisement de la grenouille de Lessona et de la grenouille rieuse. En France, on la rencontre dans la partie nord du pays.

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Départ pour la retenue CNR non loin de là. Après 30 minutes de route, nous prenons notre première claque. Un rarissime cygne chanteur (Cygnus cygnus se promène tranquillement au milieu de 80 cygnes tuberculés (Cygnus olor). Plus petit et ayant un bec jaune, on le reconnaît également à son chant. Il s'agirait un oiseau soit de passage, soit ayant suivi un groupe de tuberculés depuis l'Ain. S'il se reproduit le plus souvent du côté de la Russie dans les grandes étendues de la toundra, on peut trouver quelques couples nicheurs en Grande-Bretagne ou même dans la Dombe. On peut aussi le confondre avec le cygne de Bewick (Cygnus columbianusqui est plus petit et dont le bec est possède moins de jaune.

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Les zones humides que nous parcourrons sont bordées de bourdaine (Frangula alnus), petit arbuste que j'adore. Outre le fait que les chevreuils sont régulièrement observés entraint de se défoncer avec ses fruits (véridique), on en tire également une grande gamme de colorants.

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De ses baies mures, on tire du vert, de son écorce sèche et de son bois des teintes étendues du rouge au brun, de son écorce fraîche des teintes vermeille à framboise. De quoi inspirer le DIY. L'espèce fût également utilisée comme ingrédient principale dans la fabrication de poudre à feu (poudre noire) à destination des carrières d'extraction de pierres. On ne serait cependant croquer ses fruits ou même goûter toute autre partie de la plante, celle-ci étant toxique bien qu'elle pu être utilisée par le passé comme laxatif. Séchée, elle s'avère moins virulente mais reste un végétal dont l'usage ne doit pas être fait en auto-médication.

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Le ragondin (Myocastor coypus) est un gros mammifère venu d'Amérique et qui, en France, s'est échappé des élevages de fourrure. On le trouve désormais partout dans nos milieux humides. Classé invasif, des études tendraient à montrer que son impact est à évaluer au cas par cas et que ses dégâts sur les cultures et sur les berges ne seraient pas si élevés qu'on pouvait le penser. Reste à voir dans quelle mesure il impacte la faune.

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Bonheur. Un tout jeune martin pêcheur d'Europe (Alcedo atthis) se tient sur un roseau commun (Phragmites australis). Ses parents se relaient pour venir le nourrir. Nous nous délectons du spectacle. Le bleu de leurs plumes est éclatant. Il s'agit d'un bleu structurel, c'est à dire que la couleur n'est pas dû à un pigment, mais à la structure même de la plume qui renvoie uniquement le bleu de la lumière, rendant encore plus fascinant l'oiseau.

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Les canards ne sont pas en reste. À gauche, une mère nette rousse (Netta rufina) avec ses petits. C'est de mai à juin la femelle pond et couve ses oeufs. Il faudra alors attendre un mois de plus pour voir la sortie des canetons. À droite, une nouvelle venue chez nous, la tadorne casarca (Tadorna ferruginea). Ce gros canard ne se rencontre que très rarement en France mais commence à devenir commun dans certains secteurs (Savoie - Alsace).

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Un gang de hérons cendrés (Ardea cinerea) ratissent le fond vaseux à la recherche de petits invertébrés. Les longues pattes de ces échassiers leurs permettent de se mouvoir aisément sur le sol instable. Au premier plan, un immature, reconnaissable à son bec clair et son masque gris et non noir comme celui des deux adultes en arrière plan dont le bec est bien jaune. Chez les mâles, les plumes noires à l'arrière de la tête sont plus longues.

La sortie se termine avec deux reptiles bine sympathiques. À droite un lézard des murailles (Podarcis muralis), qui se chauffe tranquillement sur une pierre. À gauche, la mue d'un grand serpent, une couleuvre à voir la taille. Si mes collègues experts parviennent à identifier l'espèce aisément avec ses restes de peau, je suis loin de faire si bien. C'est avec cette trouvaille que se termine cette sortie entre l'Ain et la Savoie, sous un beau couché de soleil.

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27 octobre 2019

Sortie en montagne 27 : le Pilat.

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Escapade en amoureux. Le Pilat semble le lieu tout trouvé. Il y a peu de monde ce jour là, juste quelques habitués venus récolter les myrtilles à l'aide de grands seaux de plastiques blancs et de peignes, outil à main destiné à la récolte des baies. Nous ne sommes pas là pour cela, seul le paysage nous attire à cette occasion. Nous sommes en recherche de calme et de sérénité. L'air est frais, le ciel dégagé, la faune et la flore et surtout le silence y contribuent. Nous sommes sur le crêt de la Perdrix culminant à 1431 mètres d'altitude, sommet de ce petit massif situé à la pointe nord-est du Massif Central bien qu'il soit proche des Alpes. Les grands pierriers de roches granitiques nous permettent de nous initier à la lichénologie, et de m'aperçevoir que malgré toute ma bonne volonté ce domaine ne sera jamais vraiment le mien, du moins pour l'aspect identification.

DSC05356En voilà un de lichens, identifié par le brillant Hervé Cochini, et dont j'ai déjà perdu le nom ... Mixte entre différents organismes, il s'agit le plus souvent d'un mariage plus ou moins heureux entre une cyanobactérie et un champignon.

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Sur les chirats, les amas rocheux du Pilat, on peut rencontrer la lécanorie à deux formes (Lecanora biformis), un lichen vert très épais représentatif du massif et de ses sommets. On le rencontre aussi en Cors, en Savoie, dans les Pyrénées ou dans le Massif Centrale. Peu commun, il abonde dans les rares endroits où il se plaît, ne laissant pas penser au regard profane comme le notre qu'il se trouve devant un petit joyau. Son aspect de croûte, en plaque et fendu le classe dans la famille des lichens crustacés, nommés aussi incrustant car donnant l'impression d'être fusionnés à la pierre et ne pouvant s'en détacher aisément. Ils figurent parmi les organismes pionniers, capables de s'installer dans les conditions les plus dures et formant le substrat nécessaire à l'installation à toute autre forme de de vie.

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La callune commune (Calluna vulgaris) ressemble aux bruyères avec qui elle peut pousser conjointement, toujours sur des sols acides. Cependant la callune présente des fleurs aux pétales peu soudées, donnant des fleurs en étoiles, là où les bruyères présentent des pétales soudées, ressemblant à des clochettes. 

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Les myrtilles (Vaccinium myrtillus) sont là. Fruits du myrtiller, petit arbuste de la famille des Ericacées comme les bruyères et les callunes, ils figurent dans la tradition gastronomique locale. Ses fleurs rosées en forme d'outre sont caractéristiques de cette famille et attire de très nombreux pollinistateurs, animaux souvent peu communs dans les peuplements de conifères et de landes de montagne, milieux où la plante aime croître dans nos régions.

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Quelques autres plantes illuminent la montagne. De gauche à droite, on peut observer la matricaire odorante (Matricaria discoidea), espèce nord-américaine à l'odeur de pomme verte et d'ananas, le fenouil des Alpes (Meum athamanticum) au goût anisé, la linaigrette (Eriophorum sp.) aux graines munies de longues soies blanches et enfin, l'achillée millefeuilles (Achillea millefolium) aux propriétés médicinales bien connues.

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Je suis toujours heureuse d'en voir. La digitale pourpre (Digitalis purpurea) est une plante des sols calcaires, portant en elle le poids des légendes liées à la sorcellerie du Moyen Âge et surtout de la Renaissance.

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Car il ne faut pas se mentir, si la belle est si populaire, c'est pour ses propriétés toxiques, médicinales, délirogènes et surtout, son usage par les sorcières dans l'imaginaire populaire. Elle serait entrée dans la conception du baume de vol, appliqué sur les manches des balais pour partir au sabbat. En Irelande, il n'en est pas de même, les parties fleuries étant bouillies pour être transformées en encre pourpre, utilisée pour peindre des croix sur l'entrée des maisons pour éloigner le démon. Sa longue et large fleur accueille sans mal le bout d'un doit, d'où son nom scientifique de "digitalis" mais aussi de doigtier, gant-de-la-bergère, gant-de-fée, gant-de-Notre-Dame ou gantière, mettant en lumière la perception ambigue de cette espèce portant des noms parfois Saints mais associée à la magie noire. Les anglais ont la délicatesse de la nommer foxglove, ce qui signifie gant de renard.

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Sur la route pour atteindre les crêts, nous tombons sur un jeune faucon crécerelle (Falco tinnunculus), posé sur le rebords d'un petit barrage. Impassible et affairé à sa toillette, il est survolé d'une miriade d'hirondelles des fenêtres, mécontentes de la présence de ce prédateur potentiel. Il n'en est pas de même pour la famille de crécerelles que nous croisons à notre arrivée. Deux jeunes accompagnés de leurs parents s'exercent à la chasse.

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Nous nous approchons d'une mare. Dans celle-ci évolue une multitude degrenouillettes. Celle-ci, peu timide, ne tardera pas à perdre sa queue par résorbation pour devenir une grenouille adulte. Sur 100 000 oeufs, seulement 1 à 10 % donneront un adulte viable, le reste servira de nourriture pour tous les prédateurs évoluant autour et dans la pièce d'eau. Ainsi, les tétârds constituent une des bases de la chaîne alimentaire des milieux humides.

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Restons en forêt. Sous l'ombre des sapins et des épicéas, nous sommes bien. Certains arbres semblent dépéris. Sur l'un d'eux, c'est tout un écosystème qui a prit place. Un polypore marginé (Fomitopsis pinicola) exsude des gouttelettes. Celles-ci contiennent molécules fongicides et des antibactériennes. Les abeilles sauvages viennent s'en délecter, assurant ainsi une automédication efficace. Cela ne serait être suffisant au champignon, il est également exceptionnel du fait qu'il serait transporté par le bec des pics, comme ici avec le pic noir (Dryocopus martius), pour coloniser de nouveaux troncs de conifères. Les recherches sur ces sujets en sont à leurs débuts. 

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Continuons dans les baies. Deux espèces s'illustrent particulièrement bien sur les sols acides de moyenne montagne. Le framboisier (Rubus idaeus) figure parmi les arbrisseaux les plus connus pour ses fruits sucrées et légèrement acides et ses tiges peu épineuses.

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Le sureau rouge (Sambucus racemosa) est un arbuste typique de montagne et de moyenne montagne. Les grappes de drupes rouges de part leurs couleurs attirent aisément les oiseaux qui sans mal les dispersent par leurs fientes au quatre coins de la forêt. On peut consommer ses fruits en confiture ou sirop, à condition de les mélanger à hauteur de 50% avec d'autres baies. Souvent on le couple avec du sureau noir ou des mures. En pleine floraison, on le différencie des autres sureaux par les fleurs qui forment non pas de belles ombrelles blanches mais des inflorescences crèmes et/ou verdâtres de forme pyramidale. 

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C'est au milieu des champs et des vaches quand prend fin notre épopée d'une après-midi, après un passage un peu décevant à la Jasserie, ou qui du moins, ne correspondait pas aux souvenirs que nous en avions. Les sentiers sont magnifiques, nous alternons entre les boisements de conifères et les pierriers exposés au soleil et où les serpents et les lézards ont trouvé refuge. Récompense du sommet, les baies font notre goûter.

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