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La Renarde des Alpes
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La Renarde des Alpes
  • Grande amoureuse de la nature, j’ai pu me rendre compte du besoin urgent de nature dans notre société. Fort de ce constat, je me consacre à mon échelle à faire découvrir les beautés de notre monde.
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25 janvier 2020

Un peu de nature en ville.

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Je vous rassure, je ne suis pas adossée depuis un an à ma fenêtre, à me la couler douce et à regarder ce qui se passe dehors. Non, cela fait juste 3 ans et demi que nous vivons dans notre petit appartement à Oullins et seulement une année que nous prenons le temps de regarder ce qui se passe derrière nos vitres et plus précisément, le long de l'Yzeron, rivière capricieuse qui se jette dans le Rhône et qui passe tout au pied de notre immeuble.

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Cet article est donc l'occasion de vous montrer la grande diversité d'espèces remarquables que l'on peut trouver dans une zone ultra-urbanisée pour peu qu'il y ait quelques arbres et un peu d'eau. C'est aussi un retour d'expérience sur le fait qu'en ville, on peut rencontrer des espèces que l'on pourrait croire inféodées au monde rural ou/et plutôt rares. Il y a aussi les oiseaux communs, ceux que l'on croise trop souvent pour y prêter attention et qui pourtant, sont tout aussi fascinants que d'autres espèces rares et recherchées.

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Sur la barre qui domine le quartier et qui nous fait face, le faucon crécerelle (Falco tinnunculus) aime venir prendre ses aises. Nous avons identifié trois couples sur la commune mais il est fort à parier qu'il y en ait d'autres. L'un d'entre eux à même élu domicile dans le clocher de l'église, juste au-dessus de notre composteur collectif. Il n'est pas rare de le voir nous survoler quand nous partons en courses, avec parfois un rongeur dans les serres.

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Au début de l'été, nous avons pu voir les premiers vols des jeunes bergeronettes des ruisseaux (Motacilla cinerea). Maladroites, elles ont pu observer leurs parents en chasse, n'oubliant jamais de réclamer quelques larves et insectes à ces derniers. Inféodés aux milieux humides, on reconnaît ces petits insectivores à leur croupion jaune, leurs ailes grises et les soubresauts qui donnent l'impression que ces oiseaux ne s'arrêtent jamais.

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Revenant à notre barre HLM. Elle n'est pas seulement un poste d'affût pour le faucon crécerelle, c'est aussi un formidable site de nidification pour les martinets noirs (Apus apus). Chaque aération correspond à une ou deux cavités dans lesquelles un couple de martinet c'est installé.

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Autant vous dire que c'est la fête au balcon. Cependant, elle reste de courte durée, les martinets étant d'incroyables migrateurs n'étant présent chez nous que de mars à juillet. C'est uniquement à la période de reproduction que les oiseaux se posent pour pondre, couver et nourrir leurs petits. Le reste de l'année ils planent dans le ciel, se nourrissent et dorment même en volant. Les jeunes mettrons 3 ans avant de poser à nouveaux leurs pattes sur une surface solide. Dans la nature, les martinets noirs nichent dans les cavités des vieux arbres, mais hormis en Corse, ce comportement ne s'observe pratiquement plus.

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Pendant 5 jours une tortue de Floride (Trachemys scripta elegans) est venue se plonger dans les eaux de l'Yzeron. On la reconnaît à ses tempes rouges et son ventre jaune. Cette espèce arrivée tout droit des États Unis à un appétit féroce. Elle se nourrie d'alvins, d'insectes ou encore d'animaux morts, entrant en compétition avec les tortues indigènes. Il en est de même pour les sites de pontes qui, déjà rares deviennent l'objet de convoitises.

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Le chevalier guignette (Actitis hypoleucos) est un petit limicole au dos gris-brun et aux pattes jaunes. Il s'identifie facilement à l'aide de son plastron blanc qui remonte légèrement au-dessus de son aile. Il parcoure les dalles bétonnées à la recherche des petits invertébrés pour satisfaire sa faim, dans une eau pauvre en oxygène.

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Classique des parcs et des plans d'eaux minéralisés, le canard colvert (Anas platyrhynchos) ne se présente plus. Les mâles figurent parmi les seuls canards à avoir des plumes noires à l'arrière du derrière rebiquant en bouclettes. Celles-ci indiquent que leurs propriétaires sont entrés dans la période de reproduction. Sur cette photographie, on peut observer un jeune n'ayant pas atteint la maturité sexuelle, ces plumes caudales étant bien droites, contrairement à ces deux compères qui se trouve en arrière plan.

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Un autre canard se présente à nos fenêtres. Il s'agit d'un canard de Barbarie rouge (Cairina moschata var. domestica) issu des canards musqués (Cairina moschata) américains. Il est reconnaissable à la peau rouge de sa tête couvrant la base de son bec, et à son plumage noir et blanc. Il se nourrit d'une grande variété de végétaux, aussi bien d'herbes, d'algues que de grains. Dans les élevages, il est courant de les nourrir de farine pour les engraisser plus rapidement. Si les femelles sont suffisamment légères pour voler, les mâles bien plus lourds se contente de marcher et de voleter.

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Un jeune martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis) est venu s'intaller à l'exutoire de l'Yzeron. Il profite des eaux peu profondes pour attraper les petits poissons qui viennent trouver refuge, protégés du Rhône, des poissons chats et des courants puissants. Avec un peu de chance, nous aurons l'occasion d'entre tout l'hiver son chant métallique, pour peu que la rivière ne gèle pas comme ce fût le cas en 2016 et en 2017.

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Deux nouveaux venus ont partagé notre vie dans notre appartement. Tombés au sol, nous n'avons pas eu le courage d'abandonner ces deux bébés pigeons bisets féral (Columba livia var. domestica). Ils représentent près de 90 % des pigeons présents en ville. Ils trouvent là un substitut aux grandes falaises qui composent leurs milieux naturels qu'aime la souche sauvage (Columba livia), présente sur le portour méditerranéen sauf en France.

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C'est après avoir parcourue divers départements de France métropolitaine que j'ai pu prendre conscience que l'aigrette garzette (Egretta garzetta) n'était pas si commune que cela. Elle n'est référencée qu'à proximité des grands fleuves et rivières et surtout, du littoral. Autant dire ma surprise, car pendant la majorité de ma vie passée en Isère ce sont surtout les aigrettes garzettes que j'ai pu observer, rencontrant mes premières grandes aigrettes il y a seulement 5 ans, à l'époque où je ne m'intérréssais absolument pas à l'ornithologie et me concentrais bien plus sur mon job d'ouvrière mécanicienne en usine. Depuis elles font parties de mon paysage.

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Autres grandes stars des rivières et lacs, les cygnes tuberculés (Cygnus olor). On les trouve surtout dans les deux tiers nord du pays même s'ils sont aussi présent dans le sud. Autochtones dans certaines régions d'Europe, introduits dans d'autres, dans la plupart leur statut reste incertain. Seule certitude, ils ont manqué de disparaître au moyen-âge sur la pression de la chasse, trouvant refuge dans les pièces d'eau des châteaux et des abbayes.

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Bien d'autres animaux s'observent depuis notre fenêtre. Pics verts, mésanges, rats, corneilles et goélands rythment nos journées. On peut aussi compter sur les mouettes rieuses (Chroicocephalus ridibundus), aux cris stridents qui sont particulièrement présentes cet hiver. En cette période leur tête est blanche à l'exception d'une tâche noire à l'arrière de l'oeil. Au printemps et l'été elle devient intégralement noire. Ici il s'agit d'un juvénile dans sa première année, reconnaissable au brun de son plumage, couleur absente chez les adultes.

Voilà un rapide tour d'horizon. J'aurai aimé vous parler plus longuement des corneilles qui livrent une guerre acharnée aux rats, au rougegorge familier qui chante dans le froid de l'hiver, au merle qui pousse la voix dès 4 heures du matin ou encore, des nuées d'étourneux qui ont pris siège dans l'un des derniers grands platanes de la ville. Pas de soucis, cela se ferra dans l'article restropesctive de l'année 2020. Il faudra donc patienter.

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19 janvier 2020

Sortie en forêt 80.

 

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La Nature en proximité de ville

Qui aurait cru, en allant se promener sur les hauts de Brignais, tomber sur un si joli coin. Pas moi en tout cas qui, errant dans la zone commerciale en attendant que mon auto soit retapée à neuf, fût pris de l'envie d'explorer la colline boisée qui se dressait au loin. Je ne regrette pas cette pointe de curiosité qui m'a traversé l'esprit. Me voilà l'un des bois du plateau des Hautes-Barolles. Oiseaux, champignons, arbustes et arbres, tout est passé au crible. Malgré quelques gouttes de pluies, la faune est au rendez-vous et se montre peu farouche. De quoi patienter au point d'en oublier de retourner en ville. Les pigeons ramiers (Columba  palumbus) y sont nombreux. Appelés palombes dans le sud, ce sont des oiseaux affiliés aux arbres à la différence de son cousin urbain le pigeon biset (Columba livia). On les reconnaît à leur grande taille et à leur poitrail rose.

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C'est un deuxième printemps. Les fleurs d'automne sortent leurs pétales pour profiter du moindre rayon du soleil. Les cyclamens à feuilles de lierre (Cyclamen hederifolium) est d'origine méditerranéenne et s'est naturalisé sur large partie de la France, contrairement à l'oxalis petite oseille (Oxalis acetosella). Celle-ci, ressemblant au trèfle sans en être, est indigène au département du Rhône et ne fleurira pour sa part qu'au début du printemps.

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Dans un robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia) d'une grande propriété clôturée, un grimpereau des jardins (Certhia brachydactyla) s'adonne à sa toilette. Pesant quelques grammes (8 à 12 gr), cet insectivore explore sans relâche les troncs aux nombreuses aspérités et les crevasses des écorces à l'aide de son long bec légèrement incurvé et ses grands doigts. Le meilleur moyen de le différencier du grimpereau des bois (Certhia familiaris) est son chant, très différent entre les deux espèces qui morphologiquement, se distinguent par une tâche claire sur l'aile légèrement plus grande chez le grimpereau des bois.

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Beaucoup d'autres passereaux tirent profit des arbres. Les moineaux domestiques (Passer domesticus) en font partis. Si dans l'imaginaire ils sont associés à la ville, on oublie trop souvent que se sont aussi des oiseaux des campagnes.

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Il aura fallu moins de 30 ans pour voir cette espèce s'effondrer. Moins 70% des moineaux ont disparu, que ce soit en ville ou en milieu rural. La disparition des insectes et des habitats est ciblée mais il semblerait que d'autres causes nous étant encore inconnues seraient aussi responsables de cette disparition programmée. À contrario, les moineaux domestiques introduits en Afrique et en Amérique du nord se portent mieux que jamais, au risque de causer des dégâts sur la faune locale, notamment dans la compétition qui animent les oiseaux pour avoir les meilleurs sites de nidification. Rien de très réjouissant pour nos compagnes qui deviennent de plus en plus silencieuses.

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Les petits passereaux savent toujours où trouver de la nourriture quand les insectes se font rares, pour peu qu'on laisse les haies. L'églantier sauvage (Rosa canina) donne des fruits sucrés, le fusain d'Europe (Euonymus europaeus) des graines dorées toxiques pour l'Homme, le pourpier maraîcher (Portulaca oleracea) des graines noires et des feuilles délicieuses en salade et les cotonéasters (Cotoneaster sp.), des fruits farineux.

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Restons à la lisière de la forêt. Un rouge-gorge famillier (Erithacus rubecula) s'égosille pendant qu'un petit groupe de pinsons des arbres (Fringilla coelebs) explore un vieux verger. Si on traduit son nom scientifique de "coelebs", on tombe sur le terme "célibataire". Celui-ci fait référence au fait que les mâles et les femelles font pendant l'hiver bande à part, formant chacun de leur côté des vols comportant parfois plus de 200 oiseaux.

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Cachés dans la prairie, environ 50 chardonnerets élégants (Carduelis carduelis) cherchent de quoi se nourrir. Avec leurs couleurs chatoyantes et leurs petits cris, on ne peut pas les louper. Figurant sur la liste rouge des espèces menacées en France, il souffre de la disparition des pairies à chardon et du braconnage. Apprécié pour son plumage et son caractère docile, il est souvent braconné pour finir tristement comme animal domestique.

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Plusieurs espèces de lépiotes se croisent dans la forêt du plateau des Hautes-Barolles. Dans celle-ci, on trouve des comestibles et des toxiques voire mortelles. Les plus grandes portent même le nom de macrolépiotes en référence à leur dimensions. C'est bien souvent un casse-tête pouvoir toutes les nommer tant elles sont similaires. Stipe, anneau, chapeau, chinure du pied ... ce sont quelques uns des éléments à observer attentivement.

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La lépiote fuligineuse (Macrolepiota fuliginosa) agite souvent les passions. Cousine de la coulemelle, elle est appréciée pour sa chaire douce rougissant à la coupe. Elle se trouve le plus souvent dans les pâtures sur les sols bien drainés mais aussi dans les lisières de bois pour peu qu'elles légèrement humides. Ses dizaines et dizaines de noms patois indique que c'est un champignon ayant eu une place importante à table dans les campagnes.

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La lépiote déguenillée de Bohème (Chlorophyllum brunneum) nommée aussi lépiote des jardins se reconnaît à ses grandes écailles rougies qui parsèment son chapeau. Son large chapeau, son pied rougi et son odeur fruitée sont quelques éléments dans son identification.

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On la trouve tout au long de l'été et de l'automne, en particulier après les pluies abondantes, ce qui en fait un champignon que l'on retrouve régulièrement à la table pour peu que l'on sache le reconnaître. En effet, elle est parfois confondue avec des espèces plus petites aux écailles rougies et pouvant s'acérer toxiques voire mortelles. Comme pour toutes les lépiotes, le pied est à rejeter, celui-ci étant fibreux, rêche et indigeste. Chez cette espèce, il se montre trapu, une autre caractéristique dans l'identification de ce genre complexe. On la trouve dans un grand nombre de milieux : bois, parcs, clairières, jardins, les pieds de haies, les bords de route ou les fossés n'en sont que quelques uns.

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Les jeunes chapeaux en forme de boule peuvent être farcis puis cuits aua four. Plus vieux, ils peuvent être pannés pour finir dans un hamburger à la place d'un steak, dans une omelette aux herbes, dans un gratin de fromage, dans un poatge forestier ou encore, comme cordon bleu en remplaçant  la viande et en étant garnis de comté. 

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Il n'y a pas que des lépiotes comestibles dans le bois. La lépiote en bouclier jaunissante (Lepiota ochraceosulfurescens, un des rares cas où le nom latin semble plus simple que le nom commun), aime pousser à l'automne au pied des conifères. Ici, c'est dans un tapis de mousse surplombé de cèdres qu'elle s'épanouie.

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Poussant souvent en rond de sorcières, elle dégage une odeur de caoutchouc. Les individus jeunes et frais prennent une teinte jaune ce qui lui vaut son nom. Pendant longtemps, elle a été considérée comme une sous-espèce de la lépiote en bouclier (Lepiota clypeolaria) sous le nom de Lepiota clypeolaria var. minor. Bien que toute adorable qu'elle soit, elle reste toxique. En règle général, il est déconseillé de consommer les petites lépiotes pour éviter tout accident. Celle-ci mesurant moins de 10 centimètres, elle ne devrait pas tenter les mycophages avertis.

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C'est la première fois que je croise le crucibule lisse (Crucibulum laeve), un champignon appartenant à la famille des "nids d'oiseaux" et saprophyte, se plaisant aussi bien dans les forêts de conifères que de feuillus. Les "oeufs" contenu à l'intérieur de celui-ci sont éjectés aux premières gouttes de pluie. Ils contiennent des millions de spores qui seront ainsi dispersés dans la nature et pourront à leur tour fructifier entre août et octobre.

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Les vesses et les bovistes (Lycoperdaceae) sont des champignons en forme d'autres qui a maturité dégagent, sur la pression des éléments, des spores. Au sommet du carpophore apparaît une perforation qui les laissent s'échapper en grand nuage. On prendra garde à ne pas le respirer, celui-ci pouvant être néfaste pour les voies respiratoires. Drôlerie linguistique, le nom commun de vesse de loup signifie en patois "pet odorant de loup".

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Un clitocybe géotrope (Clitocybe geotropa) défraîchit par la pluie fait le bonheur des limaces. Ce grand et gros champignon au goût peu prononcé est apprécié dans les poêlées automnales. Abondants et poussant en rond de sorcière, il est toujours plaisant de le trouver jeune pour agrémenter un panier un peu vide, l'hiver s'approchant et les espèces fongiques étant de moins en moins nombreuses en forêt, la faute à l'arrivée du gel.

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Cette année, j'ai pu redécouvrir le clitocybe odorant (Clitocybe odora) en cuisine. Très parfumé, ce champignon bleu pastel à l'odeur et au goût d'anis détonne dans le sous-bois. En vieillissant il prend des teintes gris-verdâtre. C'est là que son caractère odorant est le plus exalté. Le pied fibreux est souvent rejeté. On peut lire qu'il est recommandé dans ajouté un ou deux dans une poêlé pour son goût, mais je dois avouer en mettre bien plus.

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On peut pousser m'expérience culinaire encore plus loin en le transformant en glace. Émincés finement, mélangés à un appareil d'oeufs battus, de sucres et de lait chaud puis filtrés au chinois, les champignons se retrouvent au congélateur. Pour les plus gourmands on peut ajouter une gousse de vanille pour donner une pointe d'exostisme à cette préparation pleine de surprise. Les plus téméraires expérimente cette crème glacée en entrée ou entre-met.

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Courte sortie du bois. Une dizaine de corbeau freux (Corvus frugilegus) accompagnés de choucas des tours (Coloeus monedula) inspectent un pré où quelques vaches pâtures. Rien ne leur échappe, aussi bien les mouches voltant autour des bouses fraîches comme les derniers criquets de l'année qui, dérangés par les pas lourds des bovins. Mal-aimés, j'adore croiser ces corvidés à la grande intelligence qui sont fascinants à observer.

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Arrêtons nous sur les arbres morts. Sur une vieille souche, une colonie d'armillaires couleur de miel (Armillaria mellea) s'épannouie. Longtemps consommé, cet armillaire est aujourd'hui présenté comme une espèce à risque.

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Il est plus prudent de consommer les jeunes individus se présentant sous forme de boutons, c'est à dire au chapeau à peine ouvert. Plus la colonie vieillie, et plus le risque qu'une bactérie toxique s'installe sur elle est grand. On peut l'observe facilement, celle-ci formant une poudre blanche sur les chapeaux. Outre ce fait, il s'avère indigeste chez certaines personnes, pouvant conduire à des problèmes gastro-intestinaux. C'est aussi un parasite qui s'attaque aux arbres, en particulier au niveau des racines et du collet du tronc. Noyers, vignes, fruitiers ... peut d'arbres lui échappent, on le rencontre même épisodiquement sur les conifères sous l'écorce des quels il forme des filaments noirs. Poussant à l'automne, c'est un des champignons le plus commun à cette saison.

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Beaucoup plus rare, voici l'hypholome à lames enfumées (Hypholoma capnoides). On le reconnaît à son chapeau jaune orangé, à son pied ocre, à son reste de cortine brun-violacé et à ses lames grisées quand il vieillit.

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On le trouve le plus souvent sur les racines, les branches et les souches des arbres morts, en particulier des conifères, se nourrissant du bois en décomposition. Il pousse presque toute l'année, du début du printemps à la fin de l'automne. Bien que sa chair soit douce mais peu consistante, il reste un très piètre comestible, dont le risque de confusion avec l'hypholome en touffe (Hypholoma fasciculare) est grand, ce dernier étant suspecté d'être toxique et d'entraîner des troubles gastro-intestinaux importants. Beaucoup plus abondant (jusqu'à 50% de la masse fongique des forêts), son goût amer et sa mauvaise odeur auront vite fait de passer l'envie de le croquer aux plus téméraires.

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Trop tard, trop haut, je n'aurai pas le plaisir de déguster ces langues de boeufs (Fistulina  hepatica), champignons à l'aspect et à la texture de la viande. Tranchés, ils laissent voir une chair rouge nervurée de blanc comme pourrait l'être celle d'un steak ou une entrecôte veinés de gras.

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Le chapeau rouge lie de vin possède une fine cuticule visqueuse que l'on retire pour le cuisiner. Les tubes sont crèmes avant de devenir plus sombres avec l'âge. On peut manger la langue de boeuf crue ou cuite, essentiellement quand elle est jeune. En shashimi, en ragoût, poêlée ou en tartare, elle offre une large palette de saveurs. Épaisse de 2 à 6 centimètres et d'une circonférence de 10 à 60 centimètres, un seul individu suffit souvent à remplir une poële. Nous reviendrons plusieurs fois pendant l'année 2020 visiter le chêne où pousse ce champignon, celui-ci étant fidèle à son arbre hôte et fructufiant souvent.

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Les coprins et les mycènes se développent parfois sur les vieilles souches. Il leur faudra 10 à 20 ans pour qu'ils finissent par assimiler celle-ci intégralement. Ils créent ainsi un milieu propice au développement des larves de coléoptères et autres insectes se nourrissant du bois mort. Lucanes, rhinocéros et autres bestioles rares ont un cycle de vie dépendant intégralement d'eux et de leur capacité à dégrader les liaisons carbonées du bois.

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On parle alors de lignivores, c'est à dire d'organismes décomposeurs capables de briser et consommer la grande molécule que forme la lignine, principal composant du bois. C'est dans celle-ci que se trouve la cellulose, un glucide rechercher par de nombreux lignivores pour se nourrir. On peut aussi parler d'espèces saproxyliques, c'est à dire qui possède un cycle de vie lié de près ou de loin à la décomposition du bois mort.

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Près des fossés humides, des fougères mâles (Dryopteris filix-mas) s'épanouissent. Elles portent le nom de mâles car il était d'usage de croire, avant l'arrivée de la classification et de la compréhension de la reproduction des ptéridophytes, que les fougères portaient des fleurs. On racontait que ces dernières apparaissaient les soirs de pleine lune et que de les posséder rendaient riches et invisible à souhait pendant une année.

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La géastre sessile (Geastrum fimbriatum) appartient à la famille des champignons étoiles, du fait que 5 à 8 lanières blanches entourent le sac brun contenant les spores. Elles sont les reliques de l'épaisse enveloppe protégeant le champignon quand il se trouve sous terre.

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Proche des vesses de loups et autres bovistes, sa reproduction reste la même : c'est par la perforation de la poche contenant les spores que l'espèce peut se disperser. On la rencontre de préférence à l'été et à l'automne, aussi bien dans les feuilles mortes et les aiguilles, dans les bois comme dans les parcs. Il semblerait qu'elle ait une nette préférence pour les forêts d'épicéas communs (Picea abies) où elle se rencontre toute l'année. Classée comme comestible sans intérêt à non comestible, la faible épaisseur de sa chair et l'imangabilité de ses spores invitent à la laisser dans la nature plutôt que dans l'assiette.

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En ressortant de la forêt, nous tombons sur quelques espèces typiques des lisières. Ici, il s'agit du fusain d'Europe (Euonymus europaeus), aux capsules roses et aux baies oranges dorées. Toxiques pour les humains, elles font le bonheur des oiseaux qui trouvent là une source de protéine importante pour passer l'hiver qui s'annonce rude.

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Autre arbuste de saison, le prunelier commun  (Prunus spinosa) aux prunelles âpres qui deviennent délicieuses aux premières gelées arrivées. En confiture, en confit ou en liqueurs, les usages sont multiples. On nomme aussi cet arbuste épine noire, en opposition à l'épine blanche que sont les aubépines (Crataegus), les deux ayant en commun d'avoir de longues épines. Résistant, le prunelier peut supporter des températures proches du -20°C, les neiges prolongées, les sécheresses et les épisodes de stress hydrique tout au long de l'année. Espèce pionnière de pleine lumière, il ne supporte pas la concurence avec d'autres espèces pouvant lui faire de l'ombre.

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La lisière est un milieu riche, on parle même d'écotone, c'est à dire de la rencontre entre deux écosystèmes. La faune et la flore s'y avèrent très riche. La haie est un milieu similaire de même importance, pour peu que l'on prenne soin de planter des espèces locales, diverses et offrant aussi bien des fleurs, des fruits et un feuillage dense pour que les espèces animales puissent y trouver leur compte, aussi bien pour se nourrir que pour nicher.

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Voici l'un des paniers récoltés dans le bois. Des champignons, des baies et des herbes sauvages, de quoi faire un repas sur le vif, des pots et conserves pour se faire plaisir jusqu'à la fin de l'hiver. Les champignons étant des polluo-capteurs et étant difficiles à assimiler, il est recommandé d'en manger, peu de fois pendant le mois et pour la plupart des espèces, bien cuits pour éviter tout risque d'intoxication ou de dégradation cellulaire.

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Fin de l'escapade, retour au garagge dans la zone industrielle. Sur le chemin, surprise, me voilà face à des pleurotes en forme d'huître (Pleurotus ostreatus). Cultivées un peu partout dans le monde, on les trouve dans pratiquement tous les commerces agro-alimentaires.

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C'est pendant l'automne et l'hiver qu'on peut récolter ces pleurotes en milieu naturel, de préférence sur les feuillus blessés ou tombés au sol. On les reconnaît à leur chapeau qui varie du gris souris au violacé et leur stipe d'exacé. Ici les champignons ont été trouvés dans le sol, poussant sans doute sur une branche ensevelie dans la terre. On les cuisine souvent en accompagnement ou mêlés à d'autres espèces. On les consommera jeunes, les vieux exemplaires devenant rapidement véreux, la chair élastique et le pied devenant coriace. Pour ma part je l'adore cuisiné en fines lamelles avec de la crème et des épices.

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Voici ce que je pense être un hygrophore blanc de neige (Hygrocybe virginea), rencontré sur un rond point. Ce petit champignon blanc de quelques centimètres est réputé comestible. Il peut se confondre avec d'autres espèces proches visuellement mais mortelles. Autant jouer la prudence et ne pas le mettre au menu. On le trouve essentielle met dans les pelouses, en particulier des parcs, les lisières aérées et parfois dans les bois clairsemés.

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Ce n'est pourtant pas la saison, mais les orchidées sont déjà sur le pied de guerre. L'orchis bouc (Himantoglossum hircinum) ne sera en fleurs que d'ici avril-mai, mais déjà leurs feuilles commencent à pointer le bout de leur nez sur les pelouses sèches. À la belle saison, elles déploieront une hampe florale pouvant avoisiner un mètre et dont inflorescences dégagent une douce odeur de chèvre. Pour la peine elles ne volent par leur nom.

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Pour clore cette belle sortie, je tombe et ajoute à mon panier quelques pholiotes du peuplier (Agrocybe aegerita). Le chapeau brun-roux, la marge blanche et le stipe clair à gros anneau ne laisse que peu de doutes dans leur identification.

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Excellents comestibles, elles dégagent un parfum puissant et varié, allant de la farine à la vinasse en passant par les fruits et le vieux bois. On la récolte tout au long de l'année, même s'il reste rare de la croiser l'hiver. Si c'est sur les souches et les pieds des vieux peupliers qu'elles sont les plus communes, elles s'attachent aussi à d'autres essences, en particulier les saules, les ormes ou encore les sureaux. Il est même possible de les cultiver sur bille de bois sous couvert de terreau ou de fumure avant de les exposer au soleil, afin de provoquer la fructification. Une expérience que j'espère bien expérimenter d'ici quelques années en compagnie d'autres espèces, en particulier les pleurotes, les truffes, les hydnes et les cèpes. De belles perspectives en somme pour qui sait être un peu patient.

Clape de fin, le prochain article sur la forêt ne se ferra pas de si tôt, les zones humides captant toute notre attention, mon coeur balançant régulièrement entre le mycologie et l'ornithologie. Cependant, il n'est pas à exclure que nos pieds nous traînent dans des endroits inattendus, et il se pourrait que je change rapidement d'avis. Une affaire à suivre pour ce début d'année 2020 pour laquelle j'ai de grands projets.

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11 janvier 2020

Sortie dans les marais 18 : retour en Dombe.

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Nous revoilà une fois de plus dans l'Ain, et plus particulièrement dans la Dombe, à moins d'une heure de chez nous. La plupart des oiseaux inféodés à l'eau et migrateurs sont partis, à l'instar de la cigogne noire qui a fait battre si fort notre coeur il y a quelques semaines lors d'une rencontre fantastique. Mieux encore, les busards sont toujours aussi présents et nous en observons un bon nombre pour notre plus grand bonheur, non sans avoir une pensée triste pour ces oiseaux qui ont souffert cette année encore dans le Rhône du manque de nourriture entraîné par la sécheresse. La nidification s'est avérée catastrophique et sans l'effort d'un groupe de passionnés pour suivre la nidification, il est fort à parier qu'il n'en resterait pratiquement plus dans le département à l'heure où j'écris ses lignes. Au premier plan de l'étang éphémère où se masse tous les canards fuyants les fusils et trouvant refuge sur cette zone protégée, les tiges sèches de cardères sauvages (Dipsacus fullonum) rappellent que l'automne s'est durablement installé.

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À vrai dire, tous les migrateurs ne sont pas vraiment partis. Quelques cigognes blanches (Ciconia ciconia) restent fidèles à la Dombe, fidélité entretenue par l'évolution des températures, la proximité du parc des oiseaux où certains individus faibles trouvent refuges et par l'abondance de nourriture dans les étangs qui ne gèlent que très rarement.

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Trois individus tournent dans les airs, tirent profit des courants thermiques. Ce sont des planeurs que l'on observent que rarement battre des ailes pour faire de longues distances. Ne s'élevant pas haut dans le ciel, il a fort à parier qu'elles sont à la recherche d'une aire de nourrissage propice à répondre à leurs appétits et surtout à leur régime alimentaire. Celui-ci se compose d'animaux aquatiques tels que des grenouilles, des escargots, des mollusques, de petits poissons mais aussi des insectes des prairies comme les criquets voire des petits mammifères comme des campagnols et des mulots mais aussi des reptiles tels des lézards et des couleuvres.

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Dans les saules qui nous servent de cachette, les passereaux se font la guerre. Courses poursuites et acrobaties dantesques, ce sont là quelques unes des techniques utilisées par les oiseaux pour s'assurer la suprématie sur les rares sources de nourriture, à savoir les bourgeons et les rares insectes présents. Parmi les espèces observée, on peu citer la mésange bleue (Cyanistes caeruleus), connue pour être une féroce compétitrice.

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Soudain, tous le monde quitte le marais effarouchés. Le responsable ? Le busard des roseaux (Circus aeruginosus) qui survole les sarcelles et les canards pilets à la recherche d'un repas. S'il est considéré comme commun, il est reste très localisé, en raison de son habitat qui se raréfie. Côté régime alimentaire, il cible les oiseaux jeunes, malades ou affaiblis en particulier en cette période de l'année difficile pour l'avifaune. 

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À la tombée de la nuit, les busards des roseaux se réunissent en sécurité dans le même dortoir. Celui-ci se trouve le plus souvent dans la rosselière d'un marais, plus rarement dans une forêt alluviale au bord d'un lac, d'une rivière ou d'un fleuve. Ce sont des oiseaux au vol rapide, plus de 50 km/heure, planant au ras de la végétation et piquant brusquement dès qu'ils détectent leur proie. Outre les oiseaux aquatiques, ils peuvent aussi se saisir d'amphibiens, de petits mammifères, d'insectes, de reptiles ou encore d'oeufs. Cette diversification de leur alimentation leur permet de faire face aux épisodes de sécheresse qui deviennent récurrents ces dernières années et qui expliquent son déclin avec l'urbanisation galopante, l'écobuage des friches et la chasse. Fait étonnant, ce busard est connu pour se saisir des proies toujours avec la patte gauche.

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Un autre rapace s'est installé dans le secteur. Le faucon crécerelle (Falco tinnunculus) est un animal ubiquiste, c'est à dire capable de s'adapter à une grande variété de milieux. Celui-ci, un mâle, fait du surplace pour attraper l'une de ses proies favorites, le campagnol. Cette technique de chasse est parfois nommée le " vol en Saint Esprit"/ Energivore, elle permet à l'oiseau de repérer sa proie sans avoir besoin de poste d'affût. On la retrouve chez d'autres rapaces comme la buse ou la bondrée apivore mais reste plus rarement employée.

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Casse-croûte au bord de la route. La faim nous tenaille. Nous nous posons face aux éttends, toujours cachés par une haie de saules et d'aulnes afin de ne pas faire prendre la fuite. Là encore nous ne sommes pas seuls. Dans les arbres, de nombreux passereaux s'agitent dans les branches.

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Parmi eux, le rouge-gorge familier (Erithacus rubecula), dont la gorge est plus orangée que rouge. Deux individus se mènent une guerre sans relâche sous nos yeux. Hors période de reproduction, mâles comme femelles sont extrêmement territoriaux et se poursuivent en poussant de nombreux cris. À cette période de l'année, ce sont avant tout des oiseaux issus du nord de l'Europe que l'on observe, ceux présents l'été et les jeunes préfèrent descendre du côté de l'Espagne pour passer l'hiver. On peut ainsi au fil de l'année, voir passer jusqu'à 4 ou 5 rouge-gorges différents dans son jardin sans jamais s'en apercevoir.

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Quelques gouttes de pluie, le retour du busard des roseaux, deux voitures arrêtées sur le bas côté à quelques mettre des oiseaux ... il n'en faut pas plus pour que la plupart des canards mettent les voiles et partent à 200 mètres de là, sur un autre étang protégé un peu plus les oiseaux des curieux. Seul alors le train brise leur quiétude pendant un bref instant. Nous ne nous éternisons pas, un autre spot attirant toute notre convoitise à cette heure.

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Nous arrivons au grand étang. Seulement voilà, il est à sec. Nous n'observons alors qu'un petit ruisseau qui traverse l'étandu de bout. Cela ne déplaît pas pour autant aux oiseaux, et bien que nous ne croisons pas de limicoles, nous sommes heureux de voir cachés dans notre observatoire quelques oies sauvages. Il s'agit d'oies cendrées (Anser anser), ancêtre de certaines de nos oiseaux domestiques. Cependant elles sont surtout connues pour sa chasse polémique et les nombreuses démarches de la fédération française de chasse qui demande l'autorisation par dérogation de pouvoir tirer ces animaux en dehors des dates imposées, à savoir pendant la période de migration de ces oies, quand elles retournent affaiblis et fragiles dans le grand Nord. Une hécatombe annoncée pour leur population européenne qui, pour le moment, est déjouée par des défenseurs tenaces de l'environnement et de la biodiversité et par le soutient des instances européennes.

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Les grands échassiers sont de la partie. Les hérons cendrés (Ardea cinerea) sont nombreux à profiter des poissons pris au piège dans ce faible cours d'eau, accompagnés de grands cormoran (Phalacrocorax carbo), leur pêche semble bonne. Leurs pattes hautes leurs permettent de remuer la vase afin de faire fuir les poissons et de les attraper avec leur bec en forme de dague. Ils les utilisent aussi comme véritable tour de guet.

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La grande aigrette (Adrea alba) est aussi de la partie. C'esr un oiseau pouvant atteindre pas moins de d'un mètre dix de haut et ayant un régime alimentaire similaire à celui des autres grands hérons : poissons, grenouilles, insectes, rougeurs et petits reptiles y figurent.

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Très cosmopolite, on peut la confondre sous nos latitudes avec l'aigrette garzette (Egretta garzetta), plus petite et au bec noir. La grande aigrette aime les zones humides pour peu qu'elle y trouve des arbres où elle peut reposer et nicher à l'abri des prédateurs car bien que grande, elle ne fait pas le poid face à un hiboux grand duc (Bubo bubo) ou à un renard roux (Vulupes vulupes) déterminé. Au compteur, elle ne cumule que 1 à 1,5 kilo pour les plus gros individus, autant dire qu'il n'y a pas de quoi effrayer les carnassiers du coin. Ses effectifs sont stables mais restent menacés par l'activité humaine, en particulier l'asséchement et l'exploitation agricole des zones humides ainsi que les installations de loisirs en bord de lac et de rivière.

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Que serait une sortie sans champignons ? Nous voilà les mains dans l'herbe à récolter quelques marasmes des Oréades (Marasmius oreades) appelés aussi mousserons ou faux-mousserons. Les Oréades sont des nymphes des montagnes et des grottes nées de la mortelle Niobé et du Titan Hécatéros. Les marasmes sont une famille de champignons dont le nom du latin Marasmos "désséchement" pour leurs capacité à sécher naturellement.

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Sur notre chemin, nous tombons sur de grands alignements de clitocybes géotropes (Clitocybe geotropa) un champignon de belle taille et comestible à la saveur peut prononcée. Nous en récoltons quelques jeunes exemplaires pour le repas du soir qu is'annonce somptueux.

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On rejette son pied fibreux au profit de son large chapeau. Indicateur d'un sol calcaire et légèrement humide, il se plaît sous les feuillus où il n'est pas rare de le voir pousser en rond de sorcières. Bien qu'il soit commun, il ne se cueille que pendant une courte durée, d'octobre à mi-décembre faisant ainsi de lui l'un des champignons les plus tardifs que l'on peut retrouver dans une poêlée forestière. Si son parfum marqué voire fétide pour certains, il reste bien apprécié du côte du sud-ouest et dans certains pays de l'est de l'Europe. Pour notre part, nous avons apprécié cette récolte en omelette puis en civet végétarien.

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Les mammifères ne sont pas en reste. Nous assistons à une houleuse dispute de ragondins (Myocastor coypus). ┴ peine avons nous le temps de prendre l'appareil photo que le plus petit, vaincu, file à toute allure la queue entre les jambes. En parlant de fuite, non loin de-là, nous croisons un chevreuil (Capreolus capreolus). Discret comme une ombre, sa présence ne nous est indiquée que par un coup de feu, par les cris d'une meute de chien au loin et par sa sihouette se glissant dans la végétation d'une petite île d'un lac privé aux eaux peu profondes.

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Retour sur la métropole lyonnaise. Un groupe de cygnes semble prendre le même chemin que nous. Graciles, le battement de leurs ailes actionnent leur cage thoracique,  leur faisant échapper un râle sonore dans leur envolée. La chasse, la pluie et les journées de travail bien remplis, nous ne retournerons sans doute qu'à l'hiver dans la Dombe pour observer les canards hivernants cherchant un peu de réconfort et de nourriture dans les étangs.

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5 janvier 2020

Sortie dans les marais 17 : la cigogne noire.

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Voilà un titre qui laisse peu de suspense. Je pense qu'il s'agit ici de notre plus belel observation de l'année. Nous sommes au coeur de l'automne, il fait gris et il pleut ça et là quelques gouttes. Tout autant de raisons pour partir en direction de la Dombe. Nous avons alors un objectif : observer des tadornes de Belon (Tadorna tadorna), un beau canard coloré au petit gabarit. Sur la route, une couleuvre à collier helvétique (Natrix helvetica), notre première de l'année. Nous nous arrêtons pour la dégager de la route, craignant qu'elle ne se fasse écraser. J'avoue l'avoir dégagé un peu brutalement avec le pied, n'étant vraiment pas en confiance au milieu de cette voie où les conducteurs sont nombreux à frôler les 100 km/h avec leurs bolides. Nous portons les yeux sur les champs alentours. Elles sont là, 21 cigognes blanches (Ciconia ciconia) sont tranquilles dans un prés d'herbes hautes. Elles sont bien connues dans la Dombe, une partie d'entre elles nichant même dans le parc des oiseaux. À l'origine migratrices, elles se sédentarisent de plus en plus sur le territoire.

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Et au milieu de tout cela, la cigogne noire (Ciconia nigra). Rarissime, discrète voire fantomatique, nous n'en revenons pas. Très farouche, nous sommes séparées  d'elle par deux champs, une petite phragmitaie et la route, de quoi mettre une bonne distance entre l'oiseau et nous, ce qui nous permet de bien l'observer avec notre longue vue sans l'incommoder, l'animal étant sensible au dérangement et pouvant abandonner un site si trop fréquenté.

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Plus petite que la cigogne blanche avec 95 à 100 centimètres, on peine à croire qu'elle ne fait que 3 kilos quand on voit qu'elle peut déployer une envergure d'1,55 mètres. Nous avons été fascinés par son plumage qui de loin noir, semble de près métallisé, avec de beaux reflets vert et violets. Son bec, d'ordinaire rouge vif comme le contour de son oeil, semblait sur cet individu très terne, ce qui indique qu'il s'agissait sans doute d'un jeune.

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Habituée aux milieux ofrestiers où elle niche en solitaire, elle reste inféodée aux milieux humides où elle se nourrie d'insectes et d'amphibiens. Ce n'est que pendant les migrations que l'on peut aisément l'observer. Ce n'est que peu voire pas courant de croiser une cigogne noire à cette période de l'année. Peut être faut-il y voir un animal perdu, blessé ou malade ou comme pour les cigognes blanches, un changement de comportement de l'espèce.

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Bien d'autres oiseaux passent dans le ciel tel des grands cormorans (Phalacrocoras carbo) dont les hommes poussés par leurs bêtise ont décidé de légaliser le tir de 11000 d'entre eux. Effet inattendu, la longue vue posée en bord de route à un effet plus que bénéfique. Les fous du volant, pris au dépourvu, y voit l'intervention de la Maréchaussée et appuie sans vergogne sur le frein, nous assurant plsu de sécurité et de tranquillité.

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Ce ne sont pas les seuls échassiers qui nous donne de la joie ce jour là. 49 grues cendrées (Grus grus) se promènent dans un champ immergé. C'est la première fois que nous les voyons ailleurs qu'en Camargue à l'exception d'un vol nocturne au dessus de Vienne et, la première fois que nous pouvons les prendre en photo posées. Elles sont accompagné de 4 autres grands échassiers : la grande aigrette (Ardea alba), le héron cendré (Ardea cinerea), de l'aigrette garzette (Egretta garzetta) et d'une cigogne blanche (Ciconia ciconia) solitaire.

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Derrière nous, un grand étang qui protégé, abrite une multitude d'oiseaux d'eau. La chasse battant son plein, pas moins d'un millier de colverts (Anas platyrhynchos) sont venus trouver refuge dans ce havre de paix. Ils sont accompagnés de sarcelles d'hiver (Anas crecca) ainsi que de canards siffleurs (Mareca penelope) et de canards pilets (Anas acuta) que nous observons avec plaisir pour la première fois.

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Dans les airs, des rapaces nous survolent. Ce ne sont ni des buses ni des crecerelles mais bien des busards des roseaux (Circus aeruginosus). Hormis cet été sur l'île de Ré, nous ne les avons jamais vu de si près et c'est la première fois que nous en apperçevons autant. Atteignant 110 à 130 centimètres d'envergure, il s'attaque aux petits animaux des roselières. Nous l'avons même observé en chasse sur des petits passereaux indéterminés.

Si vous voulez tout savoir, nous avons bien vu nos tardornes de Belon (Tadorna tadorna), accompagnés de canards souchets (Anas clypeata) au bec et aux couleurs si atypiques. Bref, un moment magique qui nous a émerveillé, avec une pointe d'amertume à l'idée qu'une grande partie de ces oiseaux soit tirés bien que vulnérables voire menacés pour certains. De quoi nous démoralisé en rentrant sur la métropole lyonnaise.

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