Vous l'aurez bien compris, je suis ce que l'on peut nommer une fan de champignons. Mais suis-je la seule? Si on y regarde de plus près, bon nombre sont les animaux à croquer de temps à autre dans un bon champi' voir à en pratiquer la culture. Voici quelques exemples de ces fins gourmets. (Merci à Fab qui m'a inspiré ce billet... une fois de plus!).
A savoir!
La mycophagie désigne la consommation ou un régime alimentaire essentiellement composés d'êtres vivants du régne fungi/mycota/mycète: les champignons. Il en existerait envrions 5 millions d'espèces différentes.
Chez nos voisines fourmis et termites:
L'Homme cultive depuis l'antiquité les champignons mais on doit bien avouer qu'il n'a rien inventé! Fourmis et autres termites sont pionnières dans ce domaine et pratiquent cet art depuis quelques centaines de millénaires.
Les Atta appartiennent aux fourmis champignonistes d'Amérique tropicale mais aussi semie-aride (on en compte plus de 190 espèces). On les appelle également fourmis coupeuses de feuilles, fourmis parasol ou fourmis surfeuses en raison des feuilles, fleurs ou tiges quelles coupent puis transportent avec leurs mandibules jusqu'au nid de la colonie. Là, elles sont entreposées dans une grande salle où elles sont mâchées puis laissées à pourrir.
Pendant cette durée, des ouvrières spécialisées, les "minimas" beaucoup plus petites que leurs congènères (parfois 300 fois plus petites que les soldats), viennent retirer les mauvais champignons qui se développe pour laisser les bons pousser. Ils sont ensuite longuement mastiqués puis passé de mandibules en mandibules pour nourrir toute la colonie qui peut contenir 4 à 8 millions d'individus. Leur action est bénéfique: elles défeuillent les arbres fruitiers en période de récolte, ne sélectionnent la même essence qu'aprés en avoir utilisé une dizaine d'autres... bref, un vrai modèle écologique.
Les acromyrmex appartiennent elles au genre Myrmicinae qui comporte 26 espèces. On parle ici aussi de champignonistes. Elles sont capables de vider un arbre en 48h de l'intégralité de ses feuilles pour cultiver Leuciagaricus Gongylophorus, le précieux champignon nourricier.
Chez les termites, on rencontre sensiblement le même schéma, enfin chez une partie car cet ordre comportent de nombreuses espèces. On connaît les termites xylophages qui font parfois de gros dégâts et qui digèrent directement le bois (termites supérieures), celles qui ne peuvent le digérer d'elles même et vivent en symbiose avec les protozoaires qui demeurent dans leur intestin pour y parvenir (termites inférieures), celles qui se nourrissent des nutriments d'humus riches en détriuts boisés (termites humivores), celles encore qui consommes des algues ou des lichens.
Et puis il y a les termites champignonistes, les Macrotermitinae qui sont connues pour leurs termitières de terre sèche pouvant atteindre 1 à 3 mètres de haut et, qui vivent en symbiose avec des champignons Termitomyces comestibles le plus souvent pour l'Homme et auquel le Termitomyce Titanicus appartient (champignon au plus grand sporophore connu) . Ceux-ci poussent sur les excréments boisés des termites (on parle de meules) qu'ils pré-digèrent et qui sont consommés par les termites par trophallaxie (échanges de nourriture entre les membres de la colonie).
La clique des invertébrés:
Chez les mycophages ont rencontre aussi bien d'autres genres qui certes ne cultivent pas mais consomment des champignons. Certains collembolas (achorutes armatus par exemple) creusent et consomment les pieds des sporophores puis remontent dans le chapeau (ils font souvent le désarroi des cueilleurs). Chez les coléoptères, ce sont les champignons souterrains qui sont prisés. L'Hydnocytis Arenaria peut creuser jusqu'à 10 cm de profond pour dénicher les mycéliums. Bolbelamus Gallicus adore les truffes dont la truffe noire ce qui crée bien du soucis chez les producteurs. Le Liodes Cinnamomea à le même attrait pour le fameux tuber et c'est ses larves que je retrouve le plus souvent dans mes truffes d'été (voir l'album sur les truffes dans la barre de droite). Il ya encore de nombreuses bêbêtes amatrices de champignons aux caractéristiques atypiques, on peut les retrouver sur ce site (cliquer sur l'image). N'oublions pas les escargots et surtout les limaces qui parfois représentent 80% de la disséminations des spores (dans leurs excréments) chez certaines espèces de champignons.
Sous nos l'attitudes:
On est souvent un peu enragé de voir un beau parterre de chanterelles saccagé ou un superbe cèpe à moitié écrasé. Bien sûre il y a parfois (voir même souvent) des individus peu réfléchis qui prennent un malin plaisir à détruire les beautés de la nature mais parfois le coupable est tout autre et surtout, très gourmand. Voici quelques exemples:
Qui aurait cru que l'écureuil roux était fan de champi? Il a beau être un rongeur, son péché mignon reste les champignons dont il consomme toutes les espèces, en particulier la truffe du cerf et même la terrible amanite phalloïde (mortelle pour l'Homme). Mais ce gourmet ne s'arrête pas là: oeufs, limaces, escargots, insectes, oisillons, vers... à la sortie de l'hiver il croque tout ce qui lui passe à portée de museau. A savoir, la plupart des espèces d'écureuils sont mycophages.
Parmi les aficionados (dont je fais partie) de chanterelles figure le chevreuil. Celui-ci peut brouter des parterres entiers que forme ce champignon mais aussi grignoter au coeur de l'Hiver les larges polypores du genre tramètes qui poussent sur les arbres. Tout comme chez le cerf (qui lui aussi est mycophage), il semblerait que ce petit cervidé ne consomme que 4-5 espèces différentes (dont la truffe du cerf) mais toujours avec grand plaisir.
Le sanglier est réputé pour aimer les champignons de par son opportunisme (il mange aussi bien desanimauxmortsque des céréales), et ce n'est pas pour rien que l'on utilise des cochons truffiers pour déloger la tuber. Cèpes, russules, truffes... avec son groin affûté et des dents affilées, rien ne lui résiste. A ce propos, pendant mes recherches web je suis tombée sur cette question, si quelqu'un à la réponse, je suis preneuse. L'atrait des sangliers pour les champignons expliquerait pourquoi 20 à 25% d'entre-eux, quand arrive l'automne, dépassent le seuil normal de radioactivité. Amusant? Quand on y repense pas tellement.
Plus loin, dans les pays du froid, on rencontre les rennes. Grands consommateurs d'amanites-tue-mouches, ils le sont non pas pour des raisons nutritionnelles mais pour les effets hallucinogènes du champignon. (Évoqués ici).
Bien d'autres animaux mangent sont plus ou moins mycophages. Ils'agit souvent d'opportunistes ou/et d'omnivores. Citons ainsi le renard, l'ours, le blaireau, le hérisson ou certains rongeurs comme le lapin (qui lui aussi peut manger sans danger l'amanite phalloïde).
Et puis parfois, c'est l'animal qui se fait proie du champignon!
On présente les champignons comme un aliment riche en nutriments et en bien fait (voir ici) mais on oubli souvent de les présenter comme de terribles prédateurs et pasuniquement pour les arbres!
Les Fourmis Zombies:
On rencontre en Australie et en Amérique du Sud et plus particulièrement au Brésil d'étranges fourmis. Hagars, elles perdent l'appétit, quittent la fourmilière et se figent sur une feuille. Mais pourquoi donc? Tout simplement parce que celles-ci ont été colonisées par de drôles de champignons appartenant à la famille des Ophiocordyceps. Pouvant décimer des colonies entières, leur mode de fonctionnement est atypique.
Un spore est en contact avec une fourmi. Celui-ci va produire des enzymes pour percer l'exosquelette de l'insecte puis monter au cerveau où là, on ne sait encore comment, il ordonne à son hôte de se fixer avec ses mandibules sur une feuille puisse laisser mourir (on retrouve un phénomène similaire avec la douve du foie). De l'animal mort, le champignon va puiser ses nutriment, fructifier, lâcher ses spores puis dépérir. Ce phénomène est connu de puis peu et il semblerait que de nombreuses espèces nous soit encore inconnues. Les fourmis ne sont pas les seules à en être victimes: sauterelles, grillons, mygales (cordiceps), phasmes... la liste est longue.
Si vousêtesfande ce genre d'étrangetés (personnellement j'adore),filez donc voir le Myrmeconema Neotropicum, un parasite qui transforme l'abdomen des fourmis en une baie rouge et leur ordonne de filler dans les arbres pour se faire becter mais aussi Leucochloridium Paradoxum, un ver parasite qui infecte les escargots en transformants leurs antennes en attrape-oiseaux ou encore le Cymothoa Exigua, un dévoreur de langue et la Sacculina Carcini, une terrible voleuse de corps.
Moins glamour:
Parce qu'il faut le reconnaître, les champignons qui s'attaquent à l'Homme c'est pas vraiment sexy-sexy. Mycoses et autres lésions peu ragoûtantes sont dû à des champignons qui vivent sur notre peau et qui se nourrissent de notre kératine. D'ordinaires inoffensifs, ils peuvent créer de graves problèmes de peau, de muqueuses voir d'intestins... mais je n'irais pas plus loin.
Il faut cependant savoir que les humains ne sont pas les seuls à souffrir de ce genre de légions. Actuellement un champignon parasite, le chytride, décime les populations d'amphibiens et pourrait débarquer chez nous. Il serait arrivé avec la commercialisation du xénope lisse comme animal de compagnie.
Les champignons carnivores:
Peut être qu'ilssont peu nombreux ceux qui un jour ont rêvé qu'ils se faisaient poursuivre par un gros champignon affamé aux longues dents. Pourtant les champignons amateurs de chair existent bel et bien mais pas forcément comme on se l'imagine. On compte 80 espèces carnivores dont plusieurs aquatiques (parce que les champignons dans l'eau et sous l'eau ça existe aussi!). Certains comme le Polyphagus Euglanae aspire les organismes (type Euglanae) qui se trouvent à proximité. D'autres forment des sortent de lassos et de lacets
(qui se rétractent sur l'animal passant par là comme chez l'Arthrobotrys Oligospora), des filaments gluants, des filets (quand ils sont dans ou à proximité de l'eau) ou de toiles avec leur mycélium et piègent ainsi les nématodes, les rotifères, amibes ou d'autres vers (de quelques millimètres tout au plus) pour s'en nourrir.
Pour plus d'infos sur les champignons prédateurs, c'est par là (cliquez sur la photo).
Chez nous les Hommes:
Il n'y a pas dire, les humains sont de bons mangeurs de champignons. Certes, cela varie selon les cultures et les continents mais les chiffres ont de quoi donner le tournis. Ainsi, c'est près de 3 millions de tonnes qui sont produites de par le monde. Incroyable! (voir ICI)
Chez les animaux domestiques:
Chez nos amis à quatre pattes et qui nous accompagnent, les intoxications et les morts dû à des champignons sont peu courantesmiasassez pour le relevez. Se sont souvent les chiens qui en sont victimes. L'an dernier on comptait 80 cas. Prudence donc.