Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Renarde des Alpes
La Renarde des Alpes
Publicité
La Renarde des Alpes
  • Grande amoureuse de la nature, j’ai pu me rendre compte du besoin urgent de nature dans notre société. Fort de ce constat, je me consacre à mon échelle à faire découvrir les beautés de notre monde.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Visiteurs
Depuis la création 1 666 483
Archives
Derniers commentaires
15 octobre 2018

Fin d'été au jardin.

DSC00700

L'été s'en est allé. Les fortes chaleurs ont perduré quelques peu après son départ mais enfin, la pluie et la grisaille sont là pour le plus grand bonheur des mycophiles. Pour autant, il ne faut pas en oublier la belle saison et s'est températures alarmantes qui ont fait prendre conscience un peu tardivement à certains que notre monde ne sera décidément plus comme avant. Sécheresse, dépérissement des semis, bétail qui peine à se nourrir, moissons, vendanges et fenaisons avancées de plusieurs semaines ... le bilan climatique est dramatique. Les plantes et les animaux ont eu la vie rudement menée pendant cette période et déjà, on peut voir les signes avant coureurs de ce que pourrait être nos forêts de demain. Le sapin blanc, sensible aux fortes chaleurs laisse place peu à peu aux chênes et les frênes tendent à disparaître des bordures de fossés pour

DSC00755

trouver refuge dans les zones humides. Hôtes de nombreuses espèces d'oiseaux et de champignons, il faudra très bientôt se lever tôt le matin pour partir à la recherche du bec croisé et des morilles, le milieu ne leur étant désormais plus favorable. À plus grande échelle, c'est toute la biodiversité qui est impactée et dont on observe la mutation à vitesse grand V, et il y a de quoi prendre peur. J'ai le sentiment d'appartenir à une génération qui assiste inéluctablement au déclin du monde qu'elle connaît pour tendre vers un autre beaucoup moins stable climatiquement parlant. C'est l'une des grandes raisons qui a entraîné dans notre quotidien et nos pratiques des changements radicaux. Les gestes se font différemment, la réflexion aussi et petit à petit nous tendons vers l'autonomie et l'autosuffisance mais le chemin est encore long pour y parvenir.

DSC00748

Le potager offre ses dernières tomates. Baignées de soleil, elles ont pu profiter des arrosages réguliers et répétés issus de la source qui se trouve dans le jardin. Néanmoins la nappe est basse. Le paillage reste l'un des meilleurs moyens pour limiter la déperdition en eau au plus fort de l'été mais aussi, pour préserver les jeunes plans.

DSC00691              DSC00694

Un nouveau venu a fait son apparition dans le jardin. Il s'agît de l'hortensia paniculé (Hydrangea paniculata). Présent en Chine, au Japon ou encore en Corée, c'est un arbuste qui dépasse rarement les 2 mètres de haut. Il a pour spécificité de faire des fleurs stériles aux grands tépales blancs qui se teintent petit à petit de rouille.

DSC00143              DSC00157

Au jardin, le gros roncier sauvage qui pousse sous le sureau donne de plus belle. Cette myriade de mûres terminera non pas dans le gosier des merles noirs mais sur le billot de la cuisine. Un kilo de sucre, de l'eau, une casserole et un peu de patiente suffisent à les transformer en un délicieux sirop au parfum de lisière forestière.

DSC00905

Les orages de chaleur sont nombreux mais donnent rarement de la pluie. Quand c'est le cas, celle-ci percute le sol avec fracas. Sec, ce dernier a bien du mal à absorber l'eau qui se contente de glisser dans les rainures de la terre avant de rejoindre la rigole en bout de champs et de se jeter dans le ruisseau tout proche qui grossira alors l'Ainan. Long de plusieurs kilomètres, il a permit à la vallée du même nom de rester verdoyante ces derniers mois.

DSC00783

Les voisins sont en voyage, les veinards ! Nous voilà pour quelques soirs de mission : assurer le bien être des milliers d'escargots de leur élevage. La tâche est beaucoup plus ardue qu'elle ne peut le laisser croire. L'arrosage et le nourrissage n'en sont pas le problème car la technicité de l'opération réside dans l'accomplissement du moindre pas. Une trajectoire mal calculée, peu assurée ou de travers et crac, c'est le drame, une coquille se brise et avec, l'être qui l'abrite. Autant vous dire que nous avons été tout aussi attentifs à nos pieds qu'il nous a été permis de l'être. Pour le reste, nos amis gastéropodes ne sont pas exigeants. Un repas à heure régulière, un peu d'eau et de fraîcheur, du calcaire dans leur nourriture, des végétaux par-ci par-là, un abri ombragé fait de planches et de grands filets pour ne pas faire l'objet de prédation suffisent à leur bonheur.

DSC00776              DSC00799

L'heure de la pâtée a sonné. Les escargots s'éveillent doucement, alléchés par l'odeur de la farine que leur très bon odorat détecte immédiatement. Celle-ci se compose généralement de blé et de légumineuses déshydratés et réduits en poudre (type soja, haricots), de graines  de tournesol concassés parfois et surtout, de minéraux.

DSC00806              DSC00818

La transformation et le produit fini se font en laboratoire de préparation. Les escargots termineront en croque-coquilles, en terrines, ou encore en persillade. Pour ce qui est de leurs cousins sauvages (petit gris et Bourgogne) dont les effectifs sont de plus en plus incertains, une réglementation précise encadre leur récolte.

DSC01157

Les rayons se font moins mordant et la lumière plus douce le soir, c'est le moment de lancer nos lignes. Dans l'etang, il y a bien quelques tanches, des brochets, des carpes et des gardons mais surtout, des perches-soleil, des écrevisses américaines et des silures. De joyeux imbéciles ont eu la mauvaise idée d'introduire ces espèces exogènes envahissantes qui sont une menace pour nos espèces indigènes et tendent à appauvrir le milieu.

DSC01053

Le temps de préparer les cannes, un curieux nous rejoins. Peu farouche, il ne perdra pas une miette du spectacle. Perchée sur mon arbre, je guette en vain les poissons parmi les nénuphars.

DSC00937        DSC01023

Cependant celui-ci me fait office d'observatoire pour mirer attentivement le vol des martinets à ventre blanc (Tachymarptis melba). Ceux-ci ont établi leur colonies sous le toit du clocher de la chapelle de Saint Sixte. Elle même repose sur un très vieux temple romain dédié à Dyonisos et dont des dédales oubliés passeraient sous l'étang. Ce temple se trouverait lui même sur un site encore plus ancien et érigé alors par les arobogènes, peuple celte propre au bassin grenoblois et ses alentours. C'est un véritable mille feuille culturel qui compose l'édifice et autour du quel j'espère voir un jour des fouilles s'organiser. Sources magiques, pierres druidiques, dolmens, tunnels dissimulés dans les bois, cimetière oublié, bornes moyenâgeuses et stèles gravées ... l'histoire de notre campagne est riche et ne demande qu'à être révélée au grand jour.

DSC00952     DSC01116     DSC01040     DSC00970

En attendant, on titille le gardon mais les perches-soleil (Lepomis gibbosus) semblent être les seuls poissons de sortie. Cette espèce se caractérise par ses couleurs resplendissantes et son très grand appétit. Originaires d'Amérique du nord, elles se nourrissent d'un peu près tout ce qui leur tombe sur la dent. Oeufs, alvins, mollusques et petits crustacés constituent une grande partie de son alimentation, ce qui conduit à la diminution rapide des espèces autochtones dans nos plans d'eau. De ce fait il est interdit de la relâcher et de la transporter vivante une fois sortie de l'eau pour limiter son impact et sa dispersion sur le territoire français.

DSC08283

Les soirées sont belles. Quand le lune tend à se lever, les monts de Chartreuses se couvrent. C'est le moment idéal pour partir à l'affût de la faune, tenter de voir les chevrettes et leurs petits, les sangliers, les lapins de garenne et les lièvres dans les champs à l'herbe jaunie et où la fauche ne semble pas vouloir se faire.

DSC08291

Compère renard est de sortie et n'a pas manqué de signaler son passage. À cette période de l'année, sa nourriture se compose exclusivement de baies et de fruits sauvages. Mûres, églantines, cerises tardives, sureaux et pommes sauvages composent la moitié de son alimentation. 

DSC08313     DSC08323

Sauterelles, criquets, grillons, limaces, lapins, écureuils, petits passereaux, poules faisanes et occasionnellement volailles de basse-cour entrent également dans son régime alimentaire mais le plus gros est assuré par les campagnols. En une année, le goupil peut dévorer pas moins  de 10 000 rongeurs, une véritable aubaine pour les exploitants dont les récoltes connaissent de plus en plus de ravages liées aux rats taupiers et sur lesquels les raticides se montrent non seulement limités mais aussi, très dangereux pour notre santé et celle de l'environnement. Cela tend à expliquer l'interdiction de le tirer dans certains département comme la Savoie mais aussi, sur certaines commune et secteurs géographiques comme la vallée de la Valdaine. Néanmoins cet argument serait suffire. En Isère, on peut le tirer presque toute l'année et utiliser des techniques plus que douteuses pour le mener à mal. Le risque sanitaire est invoqué : il transmettrait la rage et l'ecchiconose. Hors quand on sait que la première a disparue et que la seconde est principalement véhiculée par les chiens et chats, on peut se poser des questions sur le bien fondé de ses actions souvent barbares (enfumage, déterrage, piégeage) si ce n'est une grande méconnaissance de certains de la dynamique des écosystèmes et du rôle essentiel du renard dans ceux-ci. 

DSC08359

C'est la période de la récolte des aulx sauvages. En France, les espèces de ce genre sont très nombreuses, certaines sont rares et parfois protégées, il est plus sage alors de se concentrer sur celles qui sont communes que l'on peut identifier et récolter facilement sans impacter le milieu.

DSC08342

Ci-dessus, l'ail des jardins (Allium oleraceum) appelé aussi ail des champs et qui se reconnaît à ses fleurs aux ovaires gonflés qui pourrait faire croire à des graines déjà formées. À droite, un ail des vignes (Allium vineale) aux semences dorées. Les aulx sauvages peuvent se récolter toute l'année. Sur les deux espèces présentées, on utilise volonté les feuilles longues et très fines ciselées comme de la ciboulette. Le bulbe peut se consommer également mais petit, il relève peut d'intérêt et prélevé ne permet pas au plan de se multiplier. Les graines qui sont en réalités des bulbiles peuvent se manger crus, en salade, dans les sauces ou pour aromatiser des plats tels les fricassées de légumes, les plâtrées de champignons d'automne ou les gratins.

DSC08309

Les derniers papillons font du zèle. Les azurés sont nombreux, ils appartiennent tous à la famille des lycénidés (Lycaenidae) qui comprend aussi les cuivrés. Majoritairement bleus, ces petits lépidoptères sont extrêmement difficile à identifier. La plupart du temps une prise photo des deux faces des ailes est nécessaire.

DSC08301

Les "tâches" rondes des ailes des papillons sont nommées ocelles, elles permettent en partie de reconnaître l'espèce mais aussi s'il s'agît d'un mâle ou d'une femelle. Ce sont parmi les premiers éléments à observer quand on veut s'essayer à la détermination. Couleurs, cerclage et nombre, elles doivent être passées au peine fin. À savoir, les insectes ne sont pas les seuls à faire usage de ce motif. De nombreux animaux en font usage pour se camoufler, impressionner un partenaire ou effrayer un prédateur à l'image du paon, des jaguars ou de certains poissons tropicaux. La forme des antennes est également très importante, en fonction de si elles se terminent en massue, si elles sont velues ou annelées, il est possible de déterminer avec pression le sexe et la famille de l'individu.

DSC09872

Nous quittons un jardin pour en rejoindre un autre, celui du site médiéval du Couvent des Carmes. Situé en Isère à Beauvoie en Royan, il se compose d'un impressionnant vergers comportant des centaines de cultivars de poires, raisins, pommes et prunes qui ont fait sensation à la table des rois mais aussi dans les arrières cours des fermes et d'un potager historique. Classées par usages et propriétés, ont y retrouve toutes les plantes de jardin de curés.

DSC09885               DSC09914

Plantes de sorcière, plantes tinctoriales, plantes comestibles, légumes oubliés, plantes à fleurs pour les messes, vigne pour le vin de l'officine ... la liste est longue. Toutes peuvent se regrouper dans la case attribuée aux plantes des signatures, une théorie du Moyen Âge qui veut qu'une plante soigne un mal du fait de sa ressemblance avec l'organe touché, avec les réactions qu'entraîne la maladie, avec le mal lui même ou par rapprochement avec son habitat et les lieux où se trouve les pathogènes. Passée de mode en raison des progrès de la science, certains continuent de s'y plier, voyant en celle-ci un signe divin pour rapprocher l'homme de son environnement.

La visite se termine par un tour du propriétaire. Il faut savoir que cet ancien couvent se trouve dans l'enceinte d'un immense château en ruine dont on peut profiter des reliques. Siège du seigneur du Dauphiné, Humber II, il surplombe depuis la falaise où il se trouve une grande partie de la vallée et de la rivière Isère qui coule à ses pieds et qui se jette un peu plus loin dans le Rhône. Une belle découverte en somme pour les amoureux de plantes et d'histoire. L'automne semble être la meilleure période pour découvrir le verger et les arbres fruitiers d'exceptions qui le composent, et je vous le recommande chaudement. À bientôt pour d'autres découvertes nature.

DSC09936

Publicité
Publicité
Commentaires
J
Bonjour.<br /> <br /> Pour ce qui est de la première photo du haut et début mise, en parlant de ce petit chat noir, notre dernière fille nous en a ramené un, abandonné, en revenant du travail fin juin. A présent, il se porte comme un charme. De ce fait, nous avons, à présent, cinq chats, tous abandonnés et adoptés.<br /> <br /> Pour ce qui est du jardin, mon épouse a souhaité refaire un petit jardin, cette année. Rien de bien grand, ni d'attrayant, cependant, avec nos huit pieds de tomates et deux pieds de courgettes, comme de concombres, nous avons eu une belle récolte. Chaque jour, je pouvais ramasser de l'ordre de 9 à 12 belles tomates, et, en intervalles réguliers, deux courgettes et deux concombres. De plus, j'avais mis deux pieds de poivrons qui ont bien porté, eux aussi, et avec, en intervalles réguliers, trois beaux poivrons..naturels et sans pesticides, comme pour le reste. A présent, il nous reste un peu plus de 50 belles tomates placées dans la véranda, sur un carton, à mi-hauteur, sans oublier toutes celles qui sont encore sur les huit pieds dans le petit jardin.<br /> <br /> Bonne journée à vous, à plus..Denis.
Répondre
P
Franchement, j'adore tes posts. Trop de choses pour tout commenter, mais je me régale à tout lire et tout regarder à chaque fois.... Merci pour le plaisir des yeux et tout ce que j'apprends. :)
Répondre
Publicité